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WALKING PAPERS @ La Flèche d’Or (03/05/13)

On prend les mêmes et on recommence ! Les gars de Seattle et les gallois de Buffalo Summer investissent la Flèche d’Or six mois après leur concert du Nouveau Casino. Et on dirait que la mayonnaise commence à prendre : malgré le peu d’affichage, plus de billets ont été vendus qu’en novembre et la salle de cinq cent places est bien remplie.

20h et des poussières : les britaniques de BUFFALO SUMMER entament “She’s A Natural” pour un set très proche de celui de la dernière fois, si ce n’est que le bassiste a troqué ses cheveux longs contre une casquette. En patt’ d’eph’ à ceinturon, chemise étriquée et tambourin à la main, le chanteur évoque toujours autant Robert Plant. Derrière la batterie pailletée des Walking Papers, son frère frappe sèchement les fûts. Andrew Hunt annonce “the first song we ever wrote” et ils lancent le musclé “Rolls On Through”. Les quatre amis sont attachés à une ligne vintage du rock dans ce qu’elle a de plus bluesy. Onze titres aux accents de rock sudiste américain et teinté de soul, parmi lesquels l’entrainant “Down To The River”.  Le tour de chant se clôt avec “Typhoid Mary” (première porteuse saine de la typhoïde qui fut la cause de l’infection de nombreuses personnes car elle était cuisinière) sur quarante cinq minutes aux effluves de The Black Crowes.

 

Il est 21h et des tambours résonnent dans l’ancienne salle de gare. Le road des Seattleites dégage un petit escalier sur le côté gauche de la scène, et entrent nos quatre amis de WALKING PAPERS par la grande porte. Ils entament sans tarder “Already Dead” et Duff donne immédiatement son mediator à un gars en fauteuil au premier rang. En baskets et blousons de cuir noir, il rôde tel un félin en cage, tandis que Jeff Angell, en chemise fleurie de roses et mèche s’échappant du chapeau, apporte une présence de dandy un peu allumé. Comme il fallait s’y attendre, la majorité du public est venue pour Duff “ex-Guns N’ Roses” McKagan, et les filles se sont mises du côté du bassiste à gauche. Voilà “Leave Me In The Dark” où Barrett Martin marque les temps directement à la main sur les cymbales jusqu’à ce que s’installe le riff délicat du morceau. A cause de la chaleur notoire de la salle, les cheveux abondamment mouillés ont collé aux visages dès le deuxième accord. De la sueur mais aussi de la ferveur : la très grande proximité des musiciens et les spectateurs qui tapent dans leurs mains donnent un aspect chaleureux à la soirée, presque une ambiance amicale d’un groupe de pub. D’autant plus que le claviériste Benjamin Anderson s’est mis à l’aise et joue en chaussettes. Il égraine les notes de “The Butcher” sur des pas de danse dégingandés du grand échalas, qui prend le temps d’amener le couplet rauque et déchiré de ce qui est peut être leur plus beau titre. Un doigt devant la bouche, Duff et Jeff font d’ailleurs signe à celles et ceux qui continuent d’apostropher Duff de bien vouloir se taire un moment. Arrive l’intro de “I’ll Stick Around” où la basse reproduit des battements de cœur avant qu’Angell n’envoie un riff blues bien moite. Duff crache; et bien qu’il porte au poignet un bracelet en éponge des concurrents “Monster Energy Drink”, il sirote une canette de Red Bull (light). A cause, peut être, du passé musical de certains membres de la troupe (la contribution de Barrett Martin aux QOTSA), plusieurs titres sonnent stoner comme “Two Tickets” ou “Independance Day”, lourd à souhait. Un zeste de guitare slide sur “King Hooker” et la salle s’emplit du groovy et râpeux “This Town” où, sur un final qui s’étale sur deux minutes, le chanteur finira à genoux, à tourner ses potards jusqu’au dernier tressautement d’une machine enrayée. Sortie du chaos avec les notes limpides du clavier d’un autre nouveau morceau “Red & White”. Ces deux nouveaux morceaux sont des réussites d’intensité et Angell s’exercera même au lasso en faisant tournoyer son micro au bout d’un mètre de fil. C’est la fin, les quatre concitoyens de la cité émeraude sortent comme ils sont venus par l’escalier latéral; comme la dernière fois, ils ne feront pas de rappel.

 

 

Un set étoffé et plus long qu’en novembre, mais hélas, un son particulièrement médiocre pour les fans collés à la scène. Mais des gars très sympas et chaleureux qui font un blues rock qui mérite qu’on y jette un tympan; même si durant tout le concert les mains qui se sont tendues vers le célèbre bassiste n’étaient pas celles d’amateurs de blues, où beaucoup étaient venus assister à une curiosité plutôt qu’à un concert des Walking Papers, Évidemment, la démarche est compréhensible et légitime, tant que les ardeurs n’empiètent pas trop sur le show… Comme la dernière fois, les musiciens se sont tous prêtés au jeu des dédicaces et des photos, et comme la dernière fois, ils jouaient à Londres le lendemain.

Setlist :

Already Dead
The Whole World’s Watching
Your Secret’s Safe With Me
Red Envelopes
Leave Me In The Dark
Capital T
The Butcher
Two Tickets And A Room
I’ll Stick Around
Afro Beat
Pho Town
A Place Like This
Independence Day
King Hooker
This Town
Red And White

Crédit photos : Serge Tenani