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SOLIDAYS 2014 (04/06/14)

A quelques jours du festival, Solidarité Sida a convié tous les médias pour la conférence de presse annuelle dans les locaux du Conseil Régional d’Ile-De-France. L’occasion de présenter la 16ème édition de Solidays.

“On est tous à la fois ravi d’être ici, parce que tous impatient de revivre cette expérience humaine, et à la fois un petit peu triste d’en être toujours là, parce que cela nous rappelle que la lutte contre le sida n’est pas finie.”, c’est avec ces mots que le directeur-fondateur de Solidarité Sida, Luc Barruet, donne le ton, entouré de Jean-Paul Huchon, président de la Région Ile-De-France, Antoine de Caunes, président d’honneur de Solidarité Sida et de Sébastien Folin, fraîchement élu président du Fonds Solidarité Sida Afrique, en présence du discret Bruno Delport, président de l’association.

 

 

L’édition des quinze ans a été une très bonne édition, celle de tous les records, puisque plus de 170 000 festivaliers se sont réunis durant les trois jours complets à l’Hippodrome de Longchamp. Qui dit succès, dit bénéfices. En 2013, grâce à Solidays, deux millions d’euros ont été générés, ayant permis de financer quatre-vingt programmes d’aide aux malades ou de prévention dans quatorze pays à travers le monde. En quinze ans, Solidays a déjà permis de récolter plus de dix-neuf millions d’euros. Le défi pour 2014 sera donc de tenter de faire encore mieux que l’an passé.

 

 

Cependant, la France est l’un des pays européens les plus touchés par le VIH (150 000 personnes séropositives dont 30 000 porteuses du virus sans le savoir, 6400 contaminations chaque année, bien que stables). Alors que dans le monde, 35 millions de personnes sont séropositives et les décès du sida s’élèvent encore à 1,6 millions. La contribution de Solidays se veut “modeste” et a pour vocation d’être un “weekend d’utilité public”. En dehors de l’aspect festival, jeune et enthousiaste, l’évènement se veut porter des combats souvent difficiles. Plusieurs objectifs de ce festival : une vitrine associative, avec le Village Solidarité, où sont représentées une centaine d’associations comme tous les ans : 30% sur le sida, 70% travaillent sur d’autres thématiques de combat comme les droits de l’homme, l’environnement et autres problématiques. Car le principe d’ouverture de ce festival est de ne pas uniquement traiter du VIH. Solidays sert également de vitrines aux acteurs du Sud, une manière de relayer leur expérience, combat, leur difficulté et peut-être favoriser, faire germer des vocations auprès des jeunes. Mais comme toujours, le festival porte un message de sensibilisation et de prévention auprès du grand public avec la capote ou encore le dépistage du sida. Une attention particulière est portée aux “populations vulnérables” tels que les professionnels du sexe, homosexuels, toxicomanes, qui sont stigmatisés et discriminés, voir même pénalement punis dans 74 pays dans le monde. Nombreux sont donc les associations et les assistantes sociales qui comptent sur le succès des initiatives de Solidarité Sida pour mener des actions tout au long de l’année.

 

 

Cette année, Solidarité Sida a voulu rendre hommage à Nelson Mandela en l’installant tout en haut de l’affiche de Solidays. Pour de nombreuses associations, il est un modèle d’engagement et de courage, politique et militant. A sa mort, le monde a perdu l’un de ses derniers géants. Tout comme le festival, “Madiba” a consacré les dernières années de sa vie dans la lutte contre le sida, depuis la disparition de l’un de ses fils. Il est important de saluer le fait que tout au long de son engagement, Mandela capitalisait sur le meilleur de chacun, il a cherché à porter la bonne parole et ramener les gens à de justes considérations. Un choix fort et symbolique pour saluer l’héritage qu’il laisse à chacun en termes d’humanité et d’engagement dans la défense des droits humains. Des valeurs que partagent l’association, puisque cette cause repose aussi sur la capacité des uns des autres d’avoir confiance à son prochain et à capitaliser sur le meilleur plutôt que sur le gouvernement. C’est ce que Solidarité Sida et Solidays essayent de faire. Tous les acteurs donnent le meilleur de chacun, d’où ce parallèle avec Nelson Mandela. Le festival rendra donc hommage à l’homme, mais aussi à son combat le samedi à 18h sur la grande scène Paris, en proposant trois ou quatre tableaux de la comédie musicale “Madiba” proposé par Jean-Pierre Hadida. Mandela sera donc le fil conducteur et visage de Solidays 2014. En plus de Mandela, le slogan de la 16ème édition “The Fight Must Go On” est également un clin d’œil à la chanson de Queen, “The Show Must Go On” interprétée par Freddie Mercury, le chanteur du groupe décédé du sida, représentant parfaitement le symbole d’un combat, qui ne doit pas s’arrêter mais continuer.

 

 

Avant tout, Solidays, c’est surtout trois jours de musique, quatre-vingt concerts sur six scènes, avec une programmation audacieuse et éclectique. Fidèle à son habitude, l’affiche mêle têtes d’affiches digne des plus grands festivals internationaux (Franz Ferdinand, Metronomy…), mais aussi des découvertes comme Christine And The Queens et Talisco, les coups de coeur 2014 de Solidarité Sida, présents dans l’assemblée, aux côtés de Marco Prince, Yarol Poupaud, Mat Bastard ou encore Samaha Sam. Si les détracteurs trouvent que les mêmes artistes reviennent souvent (FFF, Shaka Ponk, Skip The Use, à l’affiche trois années de suite, Vanessa Paradis, La Femme, Triggerfinger…), pour Luc Barruet, tout est question de “plaisir” et “d’amitiés artistiques et solidaires”. A noter qu’en 2014, c’est Skip The Use qui aura l’honneur de clôturer le festival en se produisant sur la grande scène dimanche soir, pour un final qui promet d’être rock n’roll !

 

 

Solidays est donc “un outil de récolte de fond pour la lutte contre le sida, un outil de prévention et de sensibilisation, de prévention aux jeunes, mais c’est aussi un festival dont l’ambition est d’éveiller les consciences”, dixit Sébastien Folin. Le public y est présent, à la fois pour le divertissement, mais aussi pour sa soif d’engagement. Il y a une “vraie quête de sens des festivaliers”. Pour répondre à cette forte demande, des dispositifs, artistiques ou des prises de parole seront mis en place les 27, 28 et 29 juin. 2014 marquera le retour du Forum Café, absent l’an dernier, qui sera un lieu de partage et de circulation des idées, à travers des témoignages, des performances, des lectures, ou des débats. Parmi les personnalités présentes : Pascal Canfin, Flore Berlingen, Philippe Douste-Blazy, Pierre-Emmanuel Grange, Jack Lang et d’autres “très très belles surprises” seront présents au cours du weekend end. Les thèmes abordés seront les inégalités Nord/Sud, la sexualité, la différence des besoins sexuels entre hommes et femmes, le sexe dans la littérature ou encore l’apprentissage de la sexualité à l’école. Solidays et Solidarité Sida espèrent, à long terme, que les gens prendront des places spécialement pour assister à ces conférences au Magic Mirror, endroit suffisamment isolé pour en profiter pleinement, tout en étant facile d’accès, étant situées face à l’entrée principale du festival. En plus du Forum Café, Solidays offre comme chaque année une tribune pour des centaines de militants du monde entier, afin de témoigner de leur quotidien, sensibilisé aux enjeux qu’ils défendent : le Village Solidarité où les festivaliers pourront aller à la rencontre de ces militants. Sans oublier l’un des rituels de Solidays, le samedi à 18h30 sur la scène Paris, pour une prise de parole des militants face au public. C’est un moment qui fédère les énergies, puisqu’à ce moment-là, le festival s’arrête. Il n’y a plus aucun concert et tous les festivaliers se retrouvent face à la scène pour écouter les militants. L’autre rituel incontournable est la cérémonie du “Patchwork Des Noms”. Dimanche, à 18h sur la même scène, militants et parrains liront, durant une heure, les noms des personnes décédés sur l’année écoulée et en même temps, les proches de ces victimes dérouleront une trentaine de grands patchworks décorés en hommage aux victimes du sida. Un moment très émouvant, puisque comme la prise de parole, le festival marque une pause, des milliers de festivaliers se dirigeront vers la scène Paris, ce qui donnera du courage pour continuer le combat. Ces deux rituels sont très importants pour donner du sens au festival. Une nouveauté cette année : l’exposition “Happy Sex”, en extension de l’exposition “Sex In The City”. “Happy Sex” débarque à Solidays dans espace dédié à la BD de Zep (Titeuf). Une exposition qui montre la sexualité dans toute sa diversité, avec humour et finesse. Le but de Solidays est donc “d’éveiller les consciences encore plus que l’an dernier et un peu moins que l’an prochain”.

 

 

En guise de conclusion de cette conférence de presse de lancement, Antoine de Caunes rappelle que la France a maintenu sa contribution dans le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, à hauteur de 360 millions d’euros sur trois ans. Il invitera également le président François Hollande à venir sur l’Hippodrome de Longchamp, ne serait-ce pour un geste de reconnaissance pour les bénévoles et militants et donner un signe aux sept ministères. Ce serait également la première et dernière fois que le Président de la République en aura l’occasion. L’information principale à retenir, a été donnée par le président d’honneur : au bout de seize années d’occupation, le festival va devoir quitter Longchamp en raison d’importants travaux à venir. L’appel est donc lancé : “Nous cherchons un nouveau site. Il nous faudrait environ trente hectares, de préférence en région parisienne. Si vous avez des amis qui ont ça sous la main, on est intéressés.” L’appel à mobilisation est donc pressant. Si le festival ne trouve pas de nouveau lieu, l’édition 2015 serait alors compromise. Pour Luc Barruet, cette réalité est difficile à avaler, car il a fallu seize ans pour installer Solidays à Longchamp. Tout est donc remis en question, puisqu’il n’existe aucune alternative idéale à l’Hippodrome, un site privé sur Paris. Cependant, hors de question que Solidays s’installe sur un terrain déjà marqué par d’autres initiatives comme au Domaine National De Saint-Cloud (Rock En Seine) ou au Parc De La Courneuve (Fête De L’Humanité). L’Hippodrome de Longchamp étant un site fermé, aménagé avec des infrastructures, il n’est donc pas évident de retrouver un lieu semblable. D’ailleurs, Solidarité Sida a d’ores et déjà “fait le deuil pour retrouver l’équivalent de Longchamp”.

 

 

Quoiqu’il en soit, “Solidays est un moment très grave, mais aussi très joyeux, avec une ambiance très particulière, où il n’y a que des choses positives qui s’y passent, avec des gens qui veulent être efficaces et utiles.”, résume Jean-Paul Huchon. Comme le chantait Freddie Mercury pour en revenir au slogan “The Fight Must Go On” : “I’m never giving in, On with the show, I’ll top the bill, I’ll overkill, I have to find the will to carry on, The must go on” (“Je n’abandonnerai jamais le spectacle, je tiendrais l’affiche, même si cela doit me tuer, je dois trouver la force de continuer, le spectacle doit continuer.”). Rendez-vous donc les 27, 28 et 29 juin à l’Hippodrome de Longchamp pour la 16ème édition, que la bataille contre le sida continue sans relâche ! Comme tous les ans, RockUrLife y participera assurément.

 

Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife