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ROCK EN SEINE 2014 – Jour 3 (24/08/14)

C’est enfin sous le soleil que l’on retrouve Saint-Cloud pour le dernier jour du festival. Jamais Rock En Seine n’aura aussi bien porté son nom, à l’affiche de ce dimanche 24 août : Queens Of The Stone Age, Brody Dalle, Warpaint, Airbourne…

BLOOD RED SHOES (Grande Scène) – Il y a déjà du monde pour Blood Red Shoes dont le logo est inscrit sur le backdrop. Le duo, formé par un gars (Steven Ansell) et une fille (Laura-Mary Carter), est originaire de Brighton et présente le temps de douze chansons directes, un best of des quatre albums studios dont le dernier éponyme “Blood Red Shoes” paru en mars dernier. Si l’on ne peut s’empêcher de comparer ce duo guitare/batterie à The White Stripes, BRS est pourtant tout le contraire de Jack White et Meg White. Là où Jack était le seul chef d’orchestre au chant et à la guitare, Meg se contentant de le suivre à la batterie, il y a une certaine complicité qui fait plaisir à voir (étant installé face à face), les deux jouant à pied d’égalité, que ce soit sur l’alchimie des parties de chant (avec un léger avantage pour Laura-Mary), s’éclatent sur un rock indé énergique mettant tout le monde d’accord, parfait pour débuter l’après-midi !

 

 

CLOUD NOTHINGS (Scène Cascade) – Non loin de là, le trio de Cleveland emmené par Dylan Baldi (chant) balance un max de décibels avec des compositions aussi courtes qu’effrénées, mêlant lo-fi, garage punk et hardcore, le tout sur un max de saturations bien crades, qui ne sont pas sans rappeler le son grunge des 90’s. Cependant, n’est pas Kurt Cobain qui veut. A retrouver en tournée française au mois de novembre.

 

 

AIRBOURNE (Grande Scène) – Retour sur la Grande Scène pour le seul concert hard rock de Rock En Seine 2014 suite à l’annulation de Volbeat. Sur scène trône de chaque côté des murs d’amplis et la pochette de “Black Dog Barking“. L’intro, qui n’est autre que la B.O du film “Terminator 2” tonne, suivie de l’entrée des quatre musiciens, avant “Ready To Rock”, ouvrant également le dernier opus. Certes, le quatuor australien n’a rien inventé musicalement, étant une version moderne d’AC/DC. De plus, ils n’ont aucun nouvel album à promouvoir, so what? Cependant, le groupe aura offert de très loin la performance la plus dingue de cette édition, confirmant la réputation de bête de scène d’Airbourne. Alors que David Roads (guitare), Justin Street (basse) et Ryan O’Keeffe (batterie) sont concentrés sur leurs instruments tout en headbanguant, Joel O’Keeffe, totalement barré, investira au maximum la totalité de la scène, y compris l’avancée de scène pour casser des canettes de bières sur son crâne avant de les jeter à la foule, ou inciter cette dernière à créer des circle pits (!), instaurant une ambiance hellfestienne : de la poussière, des pogos à gogo, des slams de partout, on croirait être à Clisson ! Mention spéciale au moment où le charismatique frontman perché sur les épaules d’un roadie se baladera parmi l’auditoire, tout en continuant à faire le guitar hero ou encore lorsque le guitariste fera retentir une sirène à poulie au début de “Live It Up” en rappel ! On notera également un petit hommage assumé du leader à Malcolm Young, le guitariste souffrant d’AC/DC.

 

 

WARPAINT (Scène Cascade) – Le quatuor californien 100% féminin captive littéralement l’assemblée dès le premier titre “Keep It Healthy”, l’une des sept chansons du set qui seront interprétées. Non pas grâce à leur physique (bien qu’elles soient jolies), mais bien avec les nappes de guitares, entremêlées à des voix hypnotiques, et des rythmiques post punk. Il faut avouer qu’on aurait préféré que des morceaux comme “Love Is To Die” du dernier album “Warpaint” soit joués dans la nuit, plutôt qu’en plein jour, l’intensité ressentie sur CD se perdant légèrement, le groupe préférant miser en live sur l’atmosphère onirique des compositions. Mission toutefois réussie avec brio pour les filles, que l’on retrouvera en concert le 24 novembre au Trianon !

 

 

BRODY DALLE (Scène De l’Industrie) – Pour sa seule prestation française de l’été, la chanteuse, épaulée par trois musiciens, a choisi de se produire au Domaine National de Saint-Cloud pour présenter son premier album solo “Diploid Love” sorti il y a quelques mois. Dès l’ouverture sur le nouveau single “Rat Race”, la frontwoman tatouée de The Distillers ne fait pas dans la dentelle, elle envoie le bois ! Le son est fort, très fort ! Quel plaisir d’écouter en live cette voix éraillée et graveleuse si particulière et caractéristique de cette grande dame du punk rock, au top de sa forme. Ce n’est plus l’ado un peu ronde de ses débuts, mais une femme et maman sexy, épanouie et svelte ! Etant limitée avec un seul disque à son actif, l’épouse de Josh Homme, qui observera attentivement le set sur le côté de la scène, jouera évidemment les efficaces singles “Don’t Mess With Me” et “Meet The Foetus/Oh The Joy”, mais ponctuera également une bonne partie de son set par des chansons de The Distillers (“Dismantle Me”, “Sick Of It All”, “Die On A Rope”, “Coral Fang”, “Hall Of Mirrors”), pour le plus grand bonheur des fans nostalgiques, venu en masse. C’est la première fois que la Scène De l’Industrie est aussi blindée pour ce genre musical, il faut le souligner. Peu de communication avec la foule, à part les remerciements conventionnels, mais grosse claque de ce dimanche, on en redemande !

 

 

LANA DEL REY (Grande Scène) : Tous les festivaliers affluent vers la Grande Scène pour voir d’eux-mêmes cette artiste pop, adulée pour les uns, détestée par les autres. Venue défendre son second album “Ultraviolence“, c’est pourtant par “Cola” de “The Paradise Edition” son premier disque “Born To Die” que la chanteuse new-yorkaise, habillée d’une robe rose, telle une princesse, et en sandales, entame son set où règne un parfum vintage. Première constatation : la sensuelle et nonchalante Lana chante bel et bien, contrairement à ce que peuvent dire les mauvaises langues, bien que durant l’heure et quart, des bandes sons l’ont bien aidé à certains moments. Sans oublier le groupe minimaliste qui l’accompagne : un pianiste, un guitariste, un batteur et un bassiste (également contrebassiste et claviériste). En plus d’interpréter les tubes de ses deux albums, de “Video Games” à “Blue Jeans”, en passant par “Born To Die” ou encore “Summertime Sadness”, la jeune femme, toute souriante, joue son rôle de diva à fond. Elle n’hésitera pas à provoquer, demandant à ce qu’on lui apporte une cigarette qu’elle fumera avec volupté sous les acclamations des fans, ou encore lorsqu’elle descendra de la scène, à deux reprises (au début et à la fin du set, laissant ses musiciens terminer le dernier titre “National Anthem”), pour signer des autographes, poser avec les premiers rangs pour des selfies et faire des bisous pour les plus chanceux, telle une actrice hollywoodienne. Comme une apparition divine, Lana Del Rey proposera une performance pleine de grâce, mais moins magique que celle de Portishead la veille, manquant un certain je ne sais quoi. La chanteuse, qui a perdu sa timidité des débuts et pris de l’assurance, donnera tellement de sa personne, si bien qu’elle ne pourra assurer son concert privé le lendemain pour cause d’extinction de voix. (ndlr : ce même concert reporté à début septembre, sera également annulé, un jour avant.)

 

 

LA ROUX (Scène Cascade) – A peine le concert de Lana Del Rey terminé, que commence celui de l’anglaise. Il y a beaucoup de monde pour découvrir ou redécouvrir les morceaux électro pop d’Elly Jackson, qui n’a pas du tout perdu son charisme de ses débuts en 2009. Entouré de ses quatre musiciens, La Roux transformera la Cascade en véritable dancefloor, rythmé par les sonorités 80’s avec “Quicksand”, “In For The Kill”, “Uptight Downtown” ou encore LE tube “Bulletproof” achevant un show énergique et dansant ! Toujours avec sa voix haut perchée et ses pas de danse, La Roux est bien de retour après cinq ans d’absence et ça fait du bien. Et étrangement, si le dernier album “Trouble In Paradise” est plutôt moyen sur CD, en live, anciens et nouveaux titres passent plutôt bien, possédant cette touche agréable de synthpop !

 

 

QUEENS OF THE STONE AGE (Grande Scène) – Quel meilleur groupe que QOTSA (pour les intimes) pour terminer cette 12ème édition de Rock En Seine ? La machine emmenée par Josh Homme, le rockeur roux (encore un !), aux faux airs du King, n’a plus besoin de faire ses preuves, face à un public de fans conquis d’avance. Dès le second morceau du dernier concert de la tournée, le quintette américain stoner balance le tonitruant “No One Knows” qui mettra la foule sans dessus dessous ! Venu présenter le dernier album “…Like Clockwork” (2013), le groupe jouera la quasi intégralité de ce dernier, mais la sauce ne prend pas, ce sont évidemment les anciens titres tels que “Little Sister”, “Sick Sick Sick” ou encore le sexuel “Make It Wit Chu”, qui auront le plus de succès auprès des fans. C’est dommage, car, pour le coup, le concert, bien que phénoménal, semble marqué par de brèves pauses, devenant presque inégal. Queens Of The Stone Age ou l’incarnation de la classe rock n’roll.

 

 

Suite à deux journées instables et une journée sous le soleil, cette édition 2014 de Rock En Seine a été l’édition de tous les records, avec trois jours sold out (40 000 spectateurs par jour), et une affluence totale de 120 000 festivaliers (contre 118 000 en 2013), et ce, malgré les dates un peu plus avancées que d’habitude. Pourtant, avec une situation économique fragile et le mouvement des intermittents (qui n’ont cessé de rappeler leurs revendications tout au long du week-end), ce n’était pas gagné d’avance. Heureusement, la programmation musicale, qui paraissait faible en comparaison aux années précédentes, du moins sur papier, ne l’était nullement, en raison des nouveaux artistes (représentant la moitié de la soixantaine du line up). Bilan : des découvertes (Royal Blood, Hozier, St. Paul And The Broken Bones), des confirmations (The Hives, The Prodigy, Portishead), mais aussi des déceptions (Arctic Monkeys, Blondie). Espérons que la qualité sera également au rendez-vous les 28, 29 et 30 août 2015 pour la 13ème édition. A l’an prochain !

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Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife