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ROCK EN SEINE 2014 – Jour 1 (22/08/14)

Comme chaque année depuis maintenant plus d’une décennie, le festival francilien est devenu LE rassemblement incontournable des mélomanes de France et de Navarre, mais aussi des étrangers. Il marque ainsi la fin de la saison des festivals pour les uns, des vacances pour d’autres, et le début de la rentrée. Après la mer en 2013, Rock En Seine a choisi le thème de l’espace pour sa 12ème édition. Comme d’habitude, niveau programmation musicale, l’équipe de François Missonnier a concocté un line up éclectique, misant à la fois sur les grosses machines et les nouveaux talents : Arctic Monkeys, The Prodigy, Portishead, Queens Of The Stone Age ou encore Lana Del Rey, tous ont répondu présent les 22, 23 et 24 août 2014 !

 

 

CAGE THE ELEPHANT (Grande Scène) – 15h30, le grungy Brad Shulz, diadème de princesse, lunettes noires et polo blanc aux rayures rouges, déboule seul sur scène et entame un instrumental à la guitare en guise d’intro. Ses acolytes Daniel Tichenor (basse), Jared Champion (batterie) et enfin son frangin de chanteur Matt Shulz apparaissent successivement, sous les acclamations des premiers festivaliers venus en nombre, malgré l’heure de la digestion/sieste. Dès “Spiderhead” ouvrant le dernier album “Melophobia” paru en octobre dernier, le frontman, tout de blanc vêtu et foulard rouge autour du coup, ne tiendra plus en place et mettra d’emblée une bonne ambiance, n’hésitant pas à se déplacer et sauter partout, utilisant à fond l’avancée de scène pour être au plus près du public, au grand dam du roadie tenant le cable du micro. Véritable pile électrique, animée par les compositions mélangeant mélodies britpop et un son garage très ‘ricain, Matt ne se tient plus et ira même jusqu’à slammer sur la foule dès le second titre, “In One Ear”, l’un des singles du premier effort “Cage The Elephant” (2008). Le set mettra d’ailleurs en avant le troisième opus, avec pas moins de six morceaux joués sur un total de treize titres. Gros son, grosse énergie résolument rock, quoi de mieux pour inaugurer cette nouvelle édition de Rock En Seine !

 

 

TIGER BELL (Scène Pression Live) – Direction la scène située à l’extrême opposée pour le baptême de la scène Pression Live (marque événementielle de Brasseries Kronenbourg) avec un quatuor suédois 100% féminin constitué des sauvages Lovisa, Canan, Lisa et Lotta, en tenues aussi courtes que leurs compositions, associant la pop, le punk et le rock n’roll pour un résultat détonnant. Si vous ne supportez pas les voix entêtantes de cheerleaders servant de choeurs, passez votre chemin, sinon vous allez très vite succomber au premier album “Don’t Wanna Hear About Your Band”. Mais attention, le côté catchy des chansons peut vite taper sur le système à la longue. En même temps, telle est la recette magique du punk : trois accords basiques de guitare, un tempo rapide, le tout n’excédant pas trois minutes et le tour est joué ! On notera tout de même une reprise survitaminée du “Ca Plane Pour Moi” de Plastic Bertrand en mode franglais, face B du single “Don’t Wanna Hear About Your Band”, titre sur lequel le girlband termine ses trois quart d’heure de show. Heureusement qu’avec une bonne Kronenbourg bien fraiche, Tiger Bell passe crème, même s’il faut avouer que les filles sont bien trop bavardes entre deux chansons !

 

 

GARY CLARK JR. (Grande Scène) – Vrai guitar hero, le texan qu’on surnomme le nouveau Jimi Hendrix en raison de sa maitrise totale de l’instrument, puise ses influences auprès de ses idoles que sont Eric Clapton, Buddy Holy et bien entendu le “Voodoo Child”, pour distiller des morceaux vintage à la fois bluesy, rock, soul, pop et même hip hop. Accompagné de ses musiciens, Gary représente un melting pot musical qui à lui tout seul fait voyager dans le temps, à travers les Etats-Unis. Pas besoin d’artifices, Gary Clark arrive à convaincre avec ses interminables soli et sa performance sans faute avec aisance et dextérité.

 

 

TRAAMS (Scène Pression Live) Retour sur la scène à l’autre bout du Domaine National De Saint Cloud pour se désaltérer sur les compositions punk, noise et krautrock du jeune trio anglais. Dommage que l’assemblée soit si clairsemée pour apprécier les subtilités des titres trop lisses de la formation.

 

 

JAKE BUGG (Grande Scène) – Alors que tonnent dans les enceintes une intro western sous une pluie battante, le jeune anglais débarque, habillé tout de noir et avec son éternelle absence de sourire, sous les acclamations de la gente féminine. Génie pour les uns, pur produit marketing pour les autres, l’adolescent au phrasé semblable à celui de Bob Dylan proposera une performance folk rock, avec une touche de country et de blues, sans démontrer d’émotion, ni de contact avec les festivaliers, pourtant rassemblés en masse devant la Grande Scène. Jake Edwin Kennedy, de son vrai nom, est si concentré dans sa prestation, mêlant titres énergiques et ballades issues de ses deux albums, “Shangri La” (2013) et “Jake Bugg” (2012), qu’il semble avoir oublié son assurance scénique. Dommage. Au final, Jake Bugg offrira un bon set d’une petite heure sans révolutionner le genre musical auquel il appartient.

 

 

BLONDIE (Scène Cascade) – Pour la première fois en ce vendredi, c’est vers la Scène Cascade à quelques mètres que les nostalgiques que nous sommes se dirigerons pour assister au concert de la bande menée par Debbie Harry et Chris Stein. Ces derniers reviennent enfin en France, quarante ans après la sortie du premier album studio, soit depuis… 1976 ! Autant dire, qu’il n’est pas étonnant de voir un public intergénérationnel, dont la tranche d’âge varie entre 7 à 77 ans. Mais que vaut vraiment Blondie aujourd’hui, après tant d’années d’absence ? A vrai dire, pas grand chose… La chanteuse, qui fut jadis l’une des icônes de la scène new wave et punk des années 80, n’est plus que l’ombre d’elle-même, voir has been. Dès son arrivée sur scène, la frontwoman, portant une perruque et des lunettes noires, entame “One Way Or Another” et là c’est le drame. Sa voix a totalement changé au fil des années d’excès, quasi méconnaissable. Autant dire, que ça casse le mythe. Les fans apprécient d’entendre en live les tubes interplanétaires que sont “Hangin’ On The Telephone”, l’indémonable “Call Me”, “Atomic” et autres “Heart Of Glass” en version karaoké parmi la setlist best of, tandis que les autres curieux et badaux iront s’abriter en raison de la pluie. Seul point positif : l’apparition d’un double arc en ciel sur “Rapture”, c’est dire. C’était mieux avant.

 

 

HOZIER (Scène Pression Live) – Au même moment, le jeune irlandais, accompagné de quatre musiciens, au piano, à la basse, au violoncelle, à la batterie et à la guitare, envoûte de part sa voix profonde, avec ses ballades crépusculaires et rageuses, nous emmenant directement dans les paysages de son Irlande natale. Alors que la plupart de ses titres sont uniquement des chansons calmes et planantes, tirés de son premier album éponyme “Hozier” à paraître le 19 septembre prochain, Andrew Hozier Byrne, au look de bohémien, surprend les festivaliers en reprenant à sa sauce, le tube R’N’B “1 Thing” d’Amerie, qui récolte moins de succès que la chanson qui l’a révélé au monde, “Take Me To Church”. A revoir assurément dans les conditions d’un concert en salle pour être davantage bouleversé par cette nouvelle révélation pop folk à suivre de près. Rendez-vous donc le 29 novembre au Trabendo !

 

 

THE HIVES (Grande Scène) – Retour vers la Grande Scène comme la majorité des festivaliers pour un groupe suédois qu’on ne présente même plus et dont la réputation de bête de scène n’est plus à faire. Howlin’ Pelle Almqvist et ses compères, tous dans leurs costumes blancs habituels et aidés par des ninjas en guise de roadies, livreront une performance explosive, comme toujours. Sans aucun nouvel album à défendre, ce sont donc les grands hits comme “Come On!”, “Go Right Ahead” du dernier album “Lex Hives” (2012), mais aussi les must “Tick Tick Boom”, “Walk Idiot Walk” ou encore “Hate To Say You I Told You So”, qui seront mis à l’honneur, parsemés de discours et monologues délirants dans la langue de Shakespeare et même de Molière, qui fera même asseoir le public sur “Tick Tick Boom”, avant de le faire sauter et danser. En vingt ans de carrière, The Hives n’a rien perdu de sa fougue d’antan, instaurant une ambiance rock n’roll voire punk, sans doute l’une des meilleures de cette journée ! Rien de surprenant, la recette n’a pas changé d’un poil, mais cela aura le mérite d’être efficace. Tout aurait été parfait si le chanteur n’avait pas connu quelques soucis techniques avec son micro “kaputt” en début de set.

 

 

ROYAL BLOOD (Scène Pression Live) – Alors que la plupart des spectateurs affluent vers la Scène Cascade pour voir le show de Die Antwoord, quelques irréductibles attendent impatiemment LA révélation rock 2014 un peu plus loin. Duo composé seulement de Mike Kerr au chant et à la basse et de Ben Thatcher aux fûts, ce dernier a le mérite d’être original. Il est bluffant de voir qu’à deux, ils arrivent aisément à envoyer du gros son stoner, qui n’a rien à envier à Queens Of The Stone Age, avec une pointe de rock à la Muse et Led Zeppelin. Avec seulement quelques singles comme “Out Of The Black”, “Little Monster” ou “Come On Over” et un premier album éponyme qui vient tout juste de sortir, la jeune formation de Brighton a déjà l’étoffe d’un grand puisqu’il a déjà gagné le respect de ses ainés tels que Arctic Monkeys ou Foals et, bien sûr, du public au vu des ovations et headbang. Du sang neuf, royal ! Retenez bien ce nom, car vous n’avez pas fini d’entendre parler d’eux. Notre gros coup de coeur de ce début de festival !

 

 

ARCTIC MONKEYS (Grande Scène) – Première tête d’affiche de ce Rock En Seine 2014, les Anglais sont très attendus, à la vue de l’impressionnante foule massée sur le pelouse de la Grande Scène, totalement blindée. Une berceuse en intro se fait entendre, durant laquelle la formation fait son entrée. Alex Turner au look rockabilly, chevelure gominée, veste en cuir, chemise blanche et chaine en or, entame alors “Do I Wanna Know” sous des lumières tamisées et en backdrop le logo du cinquième et nouvel album “AM“. Le charme opère dès les premières minutes. S’ensuit “Brianstorm” avant lequel le frontman déclare un langoureux “Bonsoir Paris” à faire mouiller crier toutes les filles de l’audience. Nommé “Meilleure Groupe Anglais” aux BRIT Awards et “Meilleur Groupe Live” aux NME Awards, il n’en demeure pas moins que Arctic Monkeys est devenu une véritable machine live ultra rodée, se contentant de jouer sur scène avec application, sans mettre de l’âme durant une heure et demi de set, devant une foule conquise d’avance. Il n’y a qu’à voir le nombre de T-shirt à l’effigie du groupe et à écouter les paroles reprises en choeur. A noter que ce concert sera le dernier en France avant un bon moment. Finalement la pause indéterminée est peut-être une bonne idée ?

 

 

TRENTMOLLER (Scène De l’Industrie) – Pendant que les rockeurs se rassemblent devant Arctic Monkeys, Anders Trentmoller divertira les festivaliers les plus fêtards avec un son associant indie, electronica et krautrock, le tout sur un spectacle visuel unique, une expérience live qui vaut le coup d’oeil.

 

 

ETIENNE DE CRECY (Scène Pression Live) – La fête se poursuit avec le DJ français Etienne de Crécy, accompagné de ses acolytes, Alex Gopher et Julien Delfaud, pour une Super Discount Party 3 vintage garantie sans laptop, mais avec plein de basse, histoire de terminer la soirée !

 

 

Ce vendredi 22 août aura été une première journée placée sous le signe des découvertes : Royal Blood, Hozier, Traams, et autres Tiger Bell. Jamais on aura passé autant de temps sur la scène Pression Live, lointaine certes (quelques kilomètres de marches dans les pattes), mais réservant bien d’agréables surprises musicales !

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Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife