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ROCK EN SEINE 2013 – Jour 2 (24/08/13)

Alors que la première journée s’est déroulée sous un soleil resplendissant, ce samedi 24 août s’annonce plus menaçant, avec un temps couvert sur le Domaine National de St-Cloud, affichant complet.

On commence les festivités avec FI/SHE/S, groupe francilien aux origines multiculturelles (Cameroun, France, Chine, Belgique) issu de l’opération Avant-Seine. Car Rock En Seine c’est aussi les nouveaux talents, soutenus par le conseil régional d’Ile-De-France et du CNV, pour le développement de leur carrière. Comme chaque année, six nouveaux groupes sont selectionnés parmi le vivier de la jeune scène rock française et intégrés à la programmation du festival. On retrouve donc ce quintette indie pop sur la Scène Industrie devant de nombreux festivaliers, étant la première formation à jouer. Ils livrent un son mêlant choeurs, inspirations psychédéliques, arrangements électro et mélodies cotonneuses, la recette de la plupart des groupes en vogue, à la Alt-J. C’est frais, planant et bien de chez nous, idéal pour entamer cette journée.

Le temps de se rafraichir auprès de nos amis de Vita Coco, qui occupe un stand avec un meilleur emplacement niveau visibilité comparé à l’an dernier, direction la plus éloignée des scènes, Pression Live, où nous nous posons au coin VIP pour voir le set de IN THE VALLEY BELOW, accompagné d’une bonne pinte de Kronenbourg* (notre sponsor du week-end !). Sur scène, le duo de Los Angeles, formé d’Angela Gail et Jeffrey Jacob, également couple à la ville, distille une pop lumineuse aux textes teintés de douce mélancolie, l’entêtant dernier single “Peaches” en est le parfait exemple. La formation, complice (poussant le vice jusqu’à installer deux micros sur un même pied), accompagnée d’un clavier et d’une batterie sur scène, n’est pas sans rappeler celle de The Kills mais avec une certaine sensualité et élégance, notamment au niveau du look. Pour une première en France, belle découverte !

Tandis que l’autre extrémité du site, EUGENE MCGUINESS se produit sur la Grande Scène, les bordelais de JC SATAN, également issus de l’Avant-Seine, offrent le premier show rock n’roll de ce samedi. La bande des tatoués Arthur et Paula La Turinoise, qui étaient notamment à l’affiche des Eurockéennes De Belfort, nous en met plein les oreilles avec un son alliant pop, psyché et post punk, de la “noisy pop”, qui lancent les premières pogos de la journée !

 

17h55, le phénomène français LA FEMME entame son set devant une horde de hipsters. A peine âgés de 20 ans, les membres de la formation, ont déjà écumé toutes les routes de France et de Navarre dont dernièrement Solidays ou encore le Main Square Festival, avec un unique album au compteur, “Psycho Tropical Berlin“, paru en avril dernier. La foule se dandine sous le rythme des nappes de claviers et de cet hybride entre la coldwave new wave très 80’s, enchainant les titres “Packshot”, “Nous Etions Deux” et autres “Antitaxi”. A noter que le guitariste Sacha, en chemise hawaïenne, a littéralement surfé sur la foule sur le pont de “Sur La Planche”, comme aux Vieilles Charrues ! Belle énergie communicative malgré le chant quelque peu limité de Clémence et des paroles un peu naïves. Relève du rock français ou énième groupe éphémère voué à disparaitre ?

 

Au même moment sur la Pression Live, dans un registre plus posé, LAURA MVULA (prononcez “mmh vula”) est introduit par son batteur dans la langue de Molière. Alors que les quatre musiciens (violoncelle, violon, harpe et batterie) entament déjà l’intro de “Like The Morning Dew”, la chanteuse arrive et s’installe sur son clavier rouge, et adresse un “bonjour” sous les acclamations avant de poser sa voix de velours sur ce premier morceau, soutenue par deux choristes féminines. Sans surprise, le set met en avant son premier album “Sing To The Moon” encensé par la critique. Soulignons également un mash up entre son titre “Is Anybody Out There” et le “One Love” de Bob Marley. L’accueil des festivaliers réservé à l’anglaise est plutôt chaleureux. La B.O. parfaite en cette fin d’après-midi estivale !

 

Un peu plus tard, BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB est de retour en France, quelques mois seulement après deux Trianon sold out et un passage remarqué aux Eurockéennes De Belfort, trois ans après la dernière performance à Rock En Seine. Gros amplis, perfecto, RayBan et clope au bec, Peter Hayes, Robert Levon Been et Leah Shapiro déversent leur rock n’roll sombre et poisseux, entamant le set avec “Let The Day Begin” du septième album “Specter At The Feast” dont seulement cinq titres seront joués, misant davantage sur les classiques tels que “Beat The Devil’s Tattoo” ou “Spread Your Love” qui aura réveillé les festivaliers. Peu d’enthousiasme de la part de la foule malgré des acclamations durant ce concert sobre, puissant et énergique, sans doute à cause du peu d’interaction du trio avec la foule, trop à fond dans son jeu.

 

De retour sur la Pression Live pour WAVVES, le projet du guitariste et chanteur californien, Nathan Williams. 19h40, le quatuor démarre le set qui passe à une vitesse effrénée, punk oblige ! D’ailleurs le combo porte bien son nom, les morceaux, certes répétitifs, aux tempo rapides, sont courts et s’arrêtent brusquement, comme les vagues. Et pourtant le combo, dont la fougue rappelle celle des Ramones, fait surtout dans le surf rock, dont les principaux thèmes, sont plutôt en adéquation avec celui de cette 11ème édition ! De l’autre côté de la scène, le public s’amusera comme à tous les concerts sur la scène Pression Live avec un ballon gonflable géant à l’effigie de la marque de bière.

 

Trève de plaisanterie, passons aux choses sérieuses avec l’une des têtes d’affiches les plus attendues du week-end, NINE INCH NAILS ! Les milliers de festivaliers sont au rendez-vous pour la date unique française de la bande de Trent Reznor, qui n’a pas joué en France depuis le Zenith en 2009 ! 20h45, les lumières s’éteignent, la foule exulte dès les premiers riffs de “Somewhat Damaged” ouvrant également l’album “The Fragile” (1999). S’ensuit “The Beginning Of The End” de “Year Zero” (2007) avant l’un des classiques de NIN, le sensuel “Terrible Lie”. Durant une heure et demi, Trent Reznor en met plein la vue et les oreilles, éclipsant totalement ses musiciens. Des écrans mobiles, des techniciens, des lumières, Nine Inch Nails, une expérience visuelle et sonore, indescriptible. Du grand spectacle à l’américaine tout simplement. Il faut juste le vivre en live. Malgré les années, le frontman assure toujours comme à ses débuts et proposera une setlist best of de ses huit efforts studio, avec les cultes “March Of Pigs”, “Closer”, Head Like A Hole” avant de finir dans un silence quasi-religieux par la magnifique ballade mélancolique “Hurt”. On regrettera le manque de nouvelles chansons tirées de “Hesitation Marks“, défendu par le seul “Find My Way”. Avare en communication, Trent Reznor avouera cependant avant “Only” sa joie d’être à Rock En Seine : “Ce festival semble très civilisé par rapport à ce à quoi nous sommes habitués”, lance-il à la foule en transe.

 

Avant le headliner de cette deuxième journée, place au DJ et producteur français Pascal Arbez-Nicolas, alias VITALIC VTLZR. Intro électro dans l’obscurité alors que les fêtards noctiliens acclament le DJ avant les gros beats de la première chanson, “Vigipirate”. Sur scène, Vitalic c’est un clavier à droite, le DJ au centre et une batterie à droite. Le trio se produit devant une grande structure, avec écrans, conçue par 1024 Architecture, diffusant des faiseaux de lumières et autres effets visuels impressionants à travers toute la Scène Cascade, tout au long de l’heure de set. La pelouse, rythmée par du gros son à base de techno, house, rock et disco, devient alors un vrai dancefloor en plein air !

 

23h, Grande Scène, la foule se tasse pour le headliner, PHOENIX, qui prendra son envol sept ans après son dernier passage à Saint-Cloud. Pas de chance pour FRITZ KALKBRENNER et FAUVE, respectivement sur les scènes Industrie et Pression Live, au même moment que les versaillais. Alors que les écrans géants montrent l’arrivée du quatuor en voiturette électrique, les musiciens débarquent sur scène et jouent une instrumentale au clavecin sous les ovations du public avant de fondre directement sur “Entertainment”, premier single du dernier album “Bankrupt!“. La fosse devient alors une marée de bras levés dans la nuit devant les lights rouges vifs, au grand dam des photographes. Sur “Lazlo”, Thomas Mars (chant), est toujours aussi concentré et un brin réservé, n’hésite pas à utiliser l’avant scène pour être au plus près de la foule, qui reprendra le refrain de “Lisztomania” en une seule voix. Jouant “à la maison”, les membres, très motivés et appliqués, revisitent durant une heure trente leur répertoire pop édulcoré avec une incroyable énergie et classe. En guise de final, le chanteur ira même faire du crowdsurfing, traversant la foule, pour aller jusqu’à la régie son, placée désormais sur chaque côté de la pelouse, et non en plein milieu depuis toujours, par soucis de capacité, avant de revenir sur scène avec sur les épaules, un drapeau tricolore. Après avoir conquis le reste du monde depuis de nombreuses années, c’est désormais officiel, Phoenix a enfin gagné le leadership sur sa propre patrie, qui a longtemps boudé les “enfants du pays” ! L’été aura été pour le groupe celui de la consécration après avoir joué en tête d’affiches de plusieurs festivals dont aux Eurockéennes De Belfort.

 

Malgré quelques gouttes en début de journée, il n’y a pas eu d’averses tout au long de ce samedi jusqu’à la fin du set de Phoenix. C’est donc trempé qu’on quitte la pelouse du Domaine National de Saint-Cloud dans un état de fatigue avancée.

 

*L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.

 

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Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife