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QUEEN + ADAM LAMBERT @ Zénith (26/01/15)

Voir un concert de Queen en 2015 qui l’eut cru ? Qui plus est avec un nouveau chanteur. Et pourtant, c’est bien ce qui s’est passé en ce lundi 26 janvier au Zénith pour la première fois en dehors de Grande-Bretagne. Que vaut donc cette nouvelle mouture du groupe rock de légende, encore actif, vingt-cinq ans après la disparition de son iconique et irremplaçable frontman Freddie Mercury ?

Si sur papier la collaboration entre QUEEN et ADAM LAMBERT a de quoi faire bondir les puristes de Mercury, la réalité en est tout autre. Pour la faire courte, Lambert a été repéré par le guitariste Brian May via “American Idol” où le jeune homme de 33 ans était candidat en 2009. C’est grâce à sa prestation de “Bohemian Rhapsody” qu’il a désormais la chance de réaliser son rêve : jouer avec ses idoles depuis 2011. Ne voulant nullement remplacer le chanteur originel, Queen a pris le soin de se renommer sa tournée “Queen + Adam Lambert”. Et tout au long du set, l’androgyne Adam Lambert, accompagné des deux membres originels de Queen, Brian May (guitare) et Roger Taylor (batterie), mais aussi du fils de ce dernier, Rufus Tiger Taylor (percussions), Neil Fairclough (basse) et Spike Edney (claviers), rendra un véritable hommage assumé au regretté et charismatique vocaliste, dont la présence planera tout au long du show. Freddie Mercury apparaitra à plusieurs reprises sur écran géant, notamment durant le somptueux “Love Of My Life” et l’intemporel “Bohemian Rhapsody”. A noter que contrairement aux précédents concerts de la tournée, Queen, affectionnant particulièrement la France, fera divers clins d’œil, notamment en reprenant le refrain de la chanson traditionnelle “Plaisir d’Amour” totalement improvisé. De plus, Sir Brian May, à la longue crinière grisonnante, prendra la paroles à de nombreuses reprises, s’exprimant dans un français presque parfait ! Et ce n’est pas tout, puisque le Zénith aura droit à une setlist légèrement remaniée, avec la disparition de “Don’t Stop Me Now” remplacé par “The Show Must Go On”. Autrement, le set, parcourant la carrière monumentale de Queen en vingt-trois morceaux, fera la part belle à la dernière compilation “Queen Forever” paru en novembre 2014 (“In The Lap Of The Gods”, “Somebody To Love” “Love Of My Life”, “’39”, “Save Me” et “Crazy Little Thing Called Love”).

 

 

Scéniquement, tout a été fait pour que la performance en jette : la scène, derrière laquelle se trouve un écran géant diffusant les images en direct avec divers effets, parait immense, sans parler des passerelles donnant accès à une seconde scène au centre de la fosse. Inutile de d’ajouter que le lightshow est tout aussi grandiloquent (des lasers, de la fumée etc.) et le son parfait. Adam Lambert y contribue aussi pour beaucoup, changeant de tenues à quatre reprises : veste en cuir aux cloutées d’or, des bottes montantes à talons dorées ou en peau de serpent, pantalon en cuir ou aux motifs écossais ou encore costume léopard, le plus jeune de la bande a pour objectif de séduire le public et il le fait bien. Si l’élève Adam Lambert n’a pas ni la carrure, ni le charisme de Freddie Mercury, force est de constater qu’il assure vocalement, pouvant parfois même surpasser le maitre et livrer une performance, à la fois vocale et théâtrale. Durant ses prestations, on retrouve chez Lambert ce même côté frivole que possédait jadis Freddie Mercury : mimiques, poses suggestives, gestuelles, l’excentrique Adam fait ressortir son côté gay-friendly sans tomber dans la caricature.

 

 

C’est en partie grâce à l’accumulation de tous ces éléments, que, du côté de la prestation, se dégage une certaine modernité du répertoire classique de Queen. Afin de permettre aux autres membres de récupérer, sans toutefois aucun temps mort durant les 2h20 de spectacle, chaque musicien aura son moment de gloire. Citons par exemple les solos de Brian May, qui n’a en rien perdu de son doigté légendaire, du haut de ses 67 ans, le solo de basse de Neil Fairclough ou encore la battle à la batterie, opposant Rufus Tiger Taylor à son père, juste avant “Under Pressure” sur lequel Roger Taylor interprétera les parties de David Bowie, aux côtés d’Adam Lambert campant Mercury. De jolis moments, il y en aura toute la soirée tels que “Killer Queen” durant lequel Adam, muni d’un éventail, chantera affalé sur un boudoir victorien installé spécialement pour l’occasion sur la scène centrale. Que dire de la ballade “Love Of My Life” jouée en solo par May à la guitare acoustique en compagnie de l’assemblée telle une chorale, qui sera rejoint par l’esprit de Mercury, se matérialisant virtuellement sur écran géant, comme par enchantement. Roger Taylor, 65 ans, à la barbe blanche, tirera aussi son épingle du jeu en chantant “It’s A Kind Of Magic”, un morceau qu’il a composé pour le film “Highlander”. Certes, l’interprétation n’égale pas la version originale, mais aura le mérite d’offrir une seconde vie à la chanson. Et justement, toujours issue de la B.O. du même long-métrage, “Who Wants To Live Forever” voit l’apparition d’une boule à facette descendant progressivement sur la deuxième scène sous Adam et Brian, diffusant des lasers à travers tout le Zénith.

 

 

 

Une fois l’enchainement des cultes “The Show Must Go On” et “Bohemian Rhapsody”, place au rappel pour LE moment du concert. Les lumières restent allumées, l’emblème de Queen, qui était présent en début de set, envahit les écrans. Soudain, un dessin d’une main tenant un crayon apparait sur le backdrop, afin de rendre hommage à “Charlie Hebdo” et afficher la solidarité du groupe avec le peuple français et signifier que Queen est également “Charlie”. Les musiciens et Adam Lambert reviennent quelques minutes plus tard, le nouveau “frontman”, tel Freddy Mercury lors des concerts passés du quatuor, porte la couronne, le prince rendant un dernier hommage au roi. Le Zénith exulte enfin sur l’indémodable “We Will Rock You”, tout le monde est debout et le restera jusqu’au final sur l’hymne victorieux “We Are The Champions” qui terminera le show sous une pluie de confettis : “vous m’avez apporté la gloire et la fortune, et tout ce qui va avec, je vous en remercie”, chante Adam Lambert. Des paroles pleines de sens, connaissant son parcours depuis le télé-crochet. La boucle est bouclée et le queer est désormais adoubé.

 

 

 

Malgré une date unique au Zénith en petite configuration, les spectateurs intergénérationnels, incluant jeunes fans (surtout d’Adam Lambert) et moins jeunes, en famille, auront assisté à un vibrant hommage empreint d’émotions, mais aussi certainement au dernier live de Queen en France. Car oui, Adam Lambert, “The New Man” comme le surnomme si bien Brian May, a été largement adopté par le public, vu l’ovation qui lui a été réservé ce soir. Quant aux deux membres fondateurs, sans le bassiste John Deacon, ayant pris sa retraite en 1997, ces derniers assurent toujours, assistés par de nouveaux musiciens dont le fiston Taylor. Cette alliance entre la jeunesse et l’expérience créée ainsi des étincelles. Magnifique, triomphant, énorme, tels sont les mots qui reviennent à la sortie de ce revival nostalgique. C’est une évidence : Queen ne sera plus jamais Queen sans Freddie Mercury, qui restera à jamais dans les cœurs des fans pour l’éternité. Mais Queen n’est pas mort et l’aura montré ce soir, vive Queen. Assurément LE concert rock qu’il ne fallait pas louper en ce début 2015 !

Setlist :

One Vision
Stone Cold
Another One Bites The Dust
Fat Bottomed Girls
Lap Of The Gods
Seven Seas Of Rhye
Killer Queen
Break Free
Somebody To Love
Love Of My Life
’39
It’s A Kind Of Magic
Under Pressure
Save Me
Who Wants To Live Forever
Tie Your Mother Down
I Want It All
Radio Gaga
Crazy Little Thing Called Love
The Show Must Go On
Bohemain Rhapsody
—-
We Will Rock You
We Are The Champions

Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife