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MOTOCULTOR FESTIVAL 2014 – Jour 3 (17/08/14)

Un dimanche matin tout tranquille du côté de Saint Nolff. C’est avec un peu d’avance que nous arrivons sur le site, avant même que la zone VIP soit ouverte, c’est vous dire ! En ce troisième jour de festival, après une bonne nuit de sommeil et un bon petit déjeuner, nous voilà motivés à bloc pour profiter au maximum du programme qui nous sera proposé.

 

 

ANTICORPSE (Dave Mustage) – Il est loin d’être aisé de démarrer la journée dans un festival. A plus forte raison lorsqu’il s’agit de la troisième. Les spectateurs potentiels, fatigués des deux jours précédents restent trainer au camping d’autant que le dimanche est également la journée qui commence le plus tôt. Mais les Bretons d’Anticorpse se montreront ultra motivés, et à grands coups de riffs ravageurs ils vont réussir à drainer un public assez dense. Il faut dire que leur cocktail de death/black/trash est accrocheur. La batterie (tenue par Félix également batteur de Dawn Of Might qui a joué vendredi) est bien percutante. On pourra reprocher le côté un peu statique de certains membres, mais il est vrai que le groupe est encore jeune. Et si pour l’heure le quatuor peut encore être qualifié de “formation locale”, nul doute que cela ne devrait pas durer bien longtemps.

 

 

MOBÜTU (Supositor Stage) – Mobütu : soyons clairs, lorsqu’on lit ce nom, ce n’est pas à un groupe de musique que l’on pense en premier lieu. Et pourtant, s’il en fallait un pour secouer tous les endormis du festival en ce dimanche, Mobütu était le choix parfait. Ils ont mis un bon coup de boost à tout le monde. Pour sûr, du power, ils nous en ont servi et dans tous les sens du terme ! Un son lourd et juteux, une énergie débordante, tous les ingrédients étaient réunis pour nous faire passer un bon moment. Evidemment, au premier “coup d’oreille”, le nom qui vient à l’esprit est sans conteste celui de Motörhead. Il y a quelque chose, c’est indéniable, et la voix du chanteur Mäthurin y est pour beaucoup. C’est bluffant. On y retrouve également de vieux relents de punk bien speed et de rock n’roll bien gras qui auront fait de ce set un très bon moment clôturé en beauté avec la reprise de “Surfin Bird” de The Trashmen (également reprise par rien de moins que les Ramones ou les Cramps).

 

 

HEADCHARGER (Dave Mustage) – C’est donc regonflés à bloc après la prestation de Mobütu que nous attaquons celle de Headcharger. Les normands délivrent un stoner emprunt d’heavy rock et de metalcore aussi carré qu’efficace. Avec une setlist mixant à la perfection l’ancien et le nouveau (“Black Diamond Snake” sorti en avril dernier) : un sans faute !

 

 

CHURCH OF MISERY (Dave Mustage) – Illustres inconnus pour la majorité du public présent devant la Dave Mustage, les Japonais ne sont pas venus de si loin pour enfiler des perles fussent-elles de culture. Ils ont débarqué visiblement bien décidés à nous montrer de quoi ils étaient capables. Point final de leur tournée qui pendant un mois les aura menés dans bon nombre de pays d’Europe, cette prestation au Motocultor en aura impressionné plus d’un dans le public. Les Nippons sont venus nous prouver qu’il faudrait sous peu compter avec eux. Ce sera la première grosse surprise de ce dimanche. Avec une batterie en format compacté, un bassiste qui joue avec son instrument au niveau des genoux, et un chanteur aussi charismatique que gringalet, et leurs “pat’ déph’”, le quatuor nous aura balancé ses tripes en pleine figure tout en soufflant sur Saint Nolff comme un vent de fraîcheur. Entre doom, rock psychédélique, stoner et metal, les influences sont multiples. Après quelques morceaux relativement calmes, les quatre compères ne tarderont pas à montrer au public, nombreux et ultra réceptif, la hargne qui les habite. Les spectateurs apprécient et le font savoir bruyamment. Church Of Misery aura même droit à une véritable ovation lorsqu’ils reviendront pour le démontage de leur matériel. Leur bonheur d’être là et leur joie de jouer fait plaisir à voir.

 

 

INQUISITION (Supositor Stage) – 15h55, les têtes de bouc sont de sortie. Nous sommes fin prêts pour ce qui sera la première couche de black de la journée. En effet, c’est Inquisition que nous aurons pour notre quatre-heure. Et il ne faut pas le cacher, nous avons une grosse attente vis-à-vis du duo, car ils nous avaient véritablement régalés lors de leur passage au Motocultor de 2012. Evidemment, comme il fallait s’y attendre, cela démarre au quart de tour. Comme à son habitude, Incubus (batterie) présente au public ses baguettes positionnées en croix renversée, ce qui ne manque pas de chauffer l’ambiance. Dagon (chant/guitare), quand à lui, passe d’un micro à l’autre (deux micros sont placés de chaque côté de la scène, l’un à droite et l’autre à gauche), comme s’il était plusieurs. Les changements de rythmes et de voix, qui était moins metallique que ce à quoi nous avons été habitués, sont impressionnants. C’est sombre, efficace, d’une froideur qui vous réchauffe les tripes, c’est magistral. La communication avec l’assemblée, bien que non verbale, est manifeste. La prestation est parfaite. Il faut dire que les deux compères tournent beaucoup, avec une bonne quarantaine de concerts depuis le début de l’année, les gars sont “roadés”, et ils nous ont encore servi du très bon.

 

 

KORITNI (Dave Mustage) – Avec Koritni, nous nous retrouvons projetés dans une ambiance totalement différente, très énergique et sautillante (vous voyez avec ce second qualificatif le grand écart qu’ils nous font faire avec Inquisition ?), mais pas moins efficace. D’autant qu’ils jouissent d’un son excellent. C’est avec “Take A Long Line”, une reprise de The Angel (en hommage au chanteur Doc Neeson décédé le 4 juin dernier), que le combo ouvre le feu. Le sourire vissé aux lèvres d’un bout à l’autre du set, surtout lorsque Lex (chant) nous prévient qu’il se pourrait bien que nous connaissions la chanson suivante, et que raisonnent les premières notes de “Antisocial” de Trust (version Anthrax). Clin d’œil sympathique qu’il conclue mort de rire et visiblement fier de son effet. Le public apprécie. Comme il est de coutume maintenant pour les tournées européennes, c’est à une formation majoritairement française que nous auront droit. En effet, outre Eddy Santacreu (membre permanent) à la guitare, nous retrouvons Yves Brusco (alias Vivi, Ex-Trust justement) à la basse, et Manu Livertout (guitare). Quel bonheur de voir un groupe qui prend un tel plaisir à être là et à jouer, on a beau être moyennement fan de leur heavy/hard rock, il n’en demeure pas loin que la qualité de leur prestation est indéniable, et leur bonne humeur sacrément contagieuse.

 

 

NAÏVE (Supositor Stage) – Originaire de Toulouse, Naïve est le groupe qui a remporté la grande finale du Headbang Contest qui s’est tenu en juillet dernier lors du Triel Open Air Festival dans la 78, s’octroyant ainsi une place dans la programmation du Motocultor. Le trio officie dans un style qui n’est pas sans rappeler Opeth par certains aspects. Une sorte d’électro/doom, particulièrement planant porté par une voix claire et lente. Les compositions du trio sont longues, très longues même, puisqu’elles peuvent aller jusqu’à dix minutes. L’ensemble n’est pas désagréable, mais majoritairement plus rock que véritablement metal. En ce sens, on se demande un peu ce qu’ils font là, et le fait qu’ils aient remporté le Headbang Contest à de quoi laisser perplexe.

 

 

OBITUARY (Dave Mustage) – Après l’intermède “Naïve”, il est temps de retrouver quelque chose de plus extrême. Et pour notre plus grand bonheur c’est normalement exactement ce qui nous attend avec Obituary. D’ailleurs, il semblerait que ce soit tout à faire ce dont le public avait besoin à en juger par les slams qui vont se succéder tout au long du set. Déjà trente années que les Américains nous balancent leur death lent et puissant, mais toujours efficace, et c’est à chaque fois un plaisir de les retrouver sur scène. Pourtant, malgré la puissance du jeu, et un son bien lourd, il plane comme une impression étrange de manque. Certes, musicalement la prestation est impeccable, la voix est magistrale, mais il manque ce petit quelque chose, la petite étincelle, qui aurait transformé cette bonne prestation en quelque chose de terrible. Malgré une setlist exclusivement axée sur leurs trois premiers albums ils nous proposeront tout de même trois nouvelles chansons qui figureront sur l’opus qui doit sortir en octobre : “Inked In Blood” (également le titre de l’album), “Visions In My Head” (proposée en streaming sur le site de Relapse Records), et “Violence”. Cette prestation au Motocultor mettra un point final à leur tournée de six semaines sur le Vieux Continent. Les gars de la Côte Est sont venus nous décrasser les esgourdes, et c’est exactement ce qu’ils ont fait. Et puis c’est tout ! Pas moins, mais pas plus non plus.

 

 

LOUDBLAST (Supositor Stage) – Death metal toujours, mais français cette fois, avec Loudblast, qui prend la relève sur la Supositor Stage. Désormais une valeur sûre en matière d’ambiance, Stéphane Buriez, le charismatique chanteur du combo lillois sait y faire avec la foule qu’il fait réagir au quart de tour. Evidemment, Drakhian (guitare), Alex Lenormand (basse) et Hervé Coquerel (batterie) ne sont pas en reste. A grand renforts de riffs acérés, et de gros son, ils ne vont pas tarder à se mettre (comme à leur habitude) le public dans la poche. Loudblast aura maîtrisé son set de bout en bout (y compris le wall of death impressionnant et pas du tout, mais pas du tout prémédité celui-là non plus).

 

 

IN EXTREMO (Dave Mustage) – A nouveau changement total d’ambiance. Et quand on dit total, il faut bien comprendre to-tal. Pour faire simple, disons que si Rammstein et Corvus Corax avaient eu un enfant, cela aurait pu être In Extremo. De l’un il tiendrait sa puissance de jeu et les chants en allemand, de l’autre le côté festif et sautillant. Les Allemands nous embarquent dans leur univers celto-pagano-tribalo-médiévalo-métalo-folk hyper festif. Tout à fait le style à vous donner des fourmis dans les jambes. D’ailleurs, il semblerait bien que la fosse n’était plus qu’une fourmilière géante tellement tout le public semblait pris d’une “gesticulite” aigüe. Cela dansait dans tous les coins. Accompagnés par des instruments étranges dont certains sentent fortement la fabrication maison (comme par exemple celui en forme de pentagramme), les teutons nous ont balancé du lourd. Un son nickel, un florilège de leurs meilleurs titres (même si d’autres auraient également eu leur place), une ambiance de folie aussi bien sur la scène que dans le public, bref, le petit truc en plus, l’étincelle qui aura manqué chez Obituary, et qui aura fait de la prestation d’In Extremo l’un des meilleurs moments de ce festival.

 

 

BELPHEGOR (Supositor Stage) – Evidemment, après l’uppercut envoyé par In Extremo, difficile de redescendre de son petit nuage de bonne humeur festive et de se plonger dans la noirceur de Belphegor. Et ce sera d’autant plus difficile que le son (trop fort) et le mixage approximatif (la batterie écrasant le reste), nous permettront à peine de reconnaître les morceaux. Et pourtant Dieu (ou qui que ce soit) sait à quel point on aime Belphegor ! Mais pour l’heure, force est de constater que cette fois la sauce à du mal à prendre. Malgré une ambiance scénique glauquissime (entre os en putréfaction et masques à gaz), les corpse-paint suintants et dégoulinants à souhait, le plaisir de retrouver Helmut au chant, malheureusement, il faut l’avouer ce sera une grosse déception. Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir arpenté la fosse pour tenter de trouver un angle sonore plus favorable. Le set des Autrichiens aura un arrière goût de rendez-vous manqué. Nous attendons donc avec impatience de le retrouver pour une séance de rattrapage, car ils ne nous avaient pas habitués à cela (par contre pour l’heure les activités de la formation ont été mises en stand by après qu’Helmut aie indiqué qu’il allait se concentrer pour accompagner au mieux sa mère qui semble vivre ses derniers instants, ce qui est tout à son honneur).

 

 

EPICA (Dave Mustage) – Soyons clairs, Epica s’adresse principalement aux fans de metal symphonique. Reconnaissons tout de même que Simone Simons (chant) a une jolie voix, qu’elle est superbe, mais fondamentalement, les compositions n’ont rien d’extrême. Le groupe offrira à ses fans (nombreux en ce dimanche soir) un show très pro, et d’une qualité irréprochable avec “plein de nouveautés pour les fans français”, comme l’a précisé Simone (au total cinq titres seront extraits du nouvel album “The Quantum Enigma” sorti cette année). Et ceux qui pensaient profiter du set des Néerlandais pour aller se restaurer tranquillement en seront pour leur frais. Certes l’audience est venue en nombre pour Epica (il fallait voir la file d’attente pour les dédicaces dans l’après midi !), mais nombreux sont également ceux qui ont opéré un repli, qui du coup s’avère beaucoup moins stratégique qu’escompté, vers l’espace restauration… Le mode « patience » va devoir être enclenché si l’on veut se remplir l’estomac surtout si l’on choisi les crêpes !

 

 

ARCANIA (Supositor Stage) – Déjà présents au Motocultor 2007, Arcania jouera ce soir dans le haut de l’affiche en remplacement de Six Feet Under, dont le camion est tombé en panne en Allemagne, quelque part entre Frankfurt où les Américains se produisaient la veille et Saint Nolff. Un grand coup de chapeau à la programmation qui a réussi à trouver un groupe de remplacement à la dernière minute. Du coup pas facile pour les Angevins de se retrouver à cette place dans la programmation et de jouer face à un public soyons francs, vraiment déçu. Mais finalement, ils ont plutôt bien assuré, et contre toute attente, grâce à l’efficacité de leur thrash et à la joie qu’ils exprimaient d’être là, ils auront réussi à remporter les faveurs du public à la base carrément sceptique. Une très belle (et courte mais cela peut se comprendre pour un remplacement au pied levé) performance de la part d’Arcania.

 

 

TESTAMENT (Dave Mustage) – Dire que Testament était attendu serait bien en-deçà de la vérité. 23h59 le public s’impatiente depuis déjà un petit moment (il faut dire qu’Arcania a joué un set un peu plus court que le temps prévu pour Six Feet Under, et que le public du Motocultor n’est pas habitué à attendre entre les groupes). Cela nous laisse le temps d’admirer la déco de la scène (le back drop et de beaux panneaux placés de chaque côté de la batterie), mais il est vrai que les Américains se font un peu attendre, et dès que les premiers accords raisonnent, la fosse se met instantanément en ébullition. Le ton est donné : le set sera mouvementé. Du gros son puissant et rapide, une déco qui en jette, un Chuck Billy (chant) au top et très en voix, l’édition 2014 du Motocultor s’offre une légende pour son clap de fin. On aura même le droit à quelques notes de “La Marseillaise”, par contre pas le moindre rappel. Dommage, on s’en serait bien pris une dernière petite dose avant que le rideau ne se ferme définitivement sur ces trois jours de folie.

 

 

Encore un grand cru que ce Motocultor 2014, et un beau succès pour les organisateurs ! Avec 17 000 entrées au total et un samedi presque complet, le festival enregistre une nette progression par rapport à 2013 (qui était à déjà à 4000 entrées par jour). Les nerfs des organisateurs auront été mis à rude épreuve avec des problèmes techniques en tout genre. Citons entre autres la panne de générateur dès l’ouverture le vendredi, le matériel de plusieurs groupes (TrollFest, Shining, Behemoth et Kreator) resté bloqué à l’aéroport d’Amsterdam, ou encore les enceintes qui lâchent.

Visiblement, pour l’an prochain, aucun gros changement n’est prévu. La programmation devrait compter à peu près le même nombre de groupes (à savoir environ 45 sur les trois jours) et toujours répartis sur les deux scènes. Les points d’améliorations seront ciblés (par exemple l’accent sera mis sur l’accueil des festivaliers la veille afin d’éviter les heures d’attentes que les campeurs ont connues cette année).

De notre côté, en tant que festivalier, ces trois jours ont encore été extraordinaires. A part la météo qui certes aurait pu être largement pire mais que l’on aurait vraiment espérée plus clémente, tout était nickel.

Les gros points positifs restent d’une part la programmation (à notre avis l’un des points forts du Motocultor) résolument variée, elle permet chaque année de faire de très belles découvertes et de se régaler avec des têtes d’affiche de grande qualité. D’autre part, l’aspect “taille humaine” qui nous l’espérons ne changera pas de si tôt, alors que le Hellfest continue sa progression (à la limite de la boulimie) semblant ne plus vouloir s’arrêter, commence à en dissuader plus d’un…

La configuration du terrain est également un vrai plus car sa configuration permet de voir les scènes même de loin, et le parking, à quelques pas, est un vrai luxe.

En ce qui concerne les points à améliorer, nous pouvons noter le son (pour cette année vraiment pas terrible par moments). Même si l’on a conscience de la difficulté d’obtenir un très bon son sur de l’open air, on a connu des éditions de meilleure qualité. Le problème de l’accueil des festivaliers le jeudi étant semble-t-il à l’étude, tout le reste n’est que points de détails. Comme par exemple le prix de la restauration (un peu élevé) ou la signalisation en hauteur. Il est vrai que faire la queue et repartir avec un hot dog, alors qu’on se faisait une joie de manger une crêpe c’est dommage. Tout ça parce qu’après avoir attendu son tour pendant un bon bout de temps on se fait dire que pour les crêpes c’est juste à côté et que oui, il faut refaire la queue.

Tout ceci étant dit, il ne nous reste plus qu’à souhaiter un bon courage à l’équipe du Motocultor 2015. Nous espérons à nouveau une belle affiche pour l’an prochain, et nous nous donnons donc rendez-vous les 14, 15 et 16 août 2015 (visiblement les dates ont changé depuis la conférence de presse qui avait eu lieu pendant le festival).

Jour 1Jour 2Jour 3