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KORITNI + BLACKRAIN @ Bataclan (19/01/13)

Les rockeurs australiens qui assuraient la première partie de Mötley Crüe en juin dernier, sont de retour dans la capitale, en co-headliner avec les glammeurs frenchies de BlackRain. Ces derniers retrouvent le plancher de l’ancienne salle de boxe puisqu’ils ouvraient pour Steel Panther en octobre dernier.

Ce samedi soir à Paris il fallait arriver en skis jusqu’à Oberkampf. Si la neige dans les rues n’arrêtera certainement pas les savoyards de BlackRain, le balcon est fermé et la fosse du Bataclan n’est pleine qu’au 2/3. Les fans sont devant et quelques acteurs de la scène musicale metal se saluent lorsqu’ils se croisent. Un grand type aux cheveux longs, un micro chien calé sur son ventre, fait des allers et venus dans la salle; c’est Dany Terbeche fondateur d’Enfer Magazine devenu manager de BlackRain. Le merchandising des deux groupes est séparé; celui très fourni de BlackRain remplissant tout l’espace prévu à cet effet à l’entrée.

A 18h20, les lumières s’éteignent alors que s’élèvent quelques dialogues de film. C’est MILLION DOLLAR RELOAD, de Belfast, qui ouvre les hostilités. Phil le vocaliste pousse sa voix à l’extrême sur des déferlantes de guitares rondes à la Slash (ex-Guns N’ Roses). Les deux guitaristes ont rodé un numéro qui fait son petit effet : chacun garde sa propre guitare en bandoulière mais joue sur celle de l’autre. Et au final, les Irlandais offre un set plutôt efficace de 45 minutes.

 

Sur une musique d’ambiance ne distillant que du bon (Whitesnake, Alice Cooper, Bon Jovi…), nous découvrons le luxuriant décor des français de BlackRain. Il y a un grand backdrop “BlackRain Lethal Dose Of… Fuckin’ Blast” sur fond de drapeau français et européen, deux caricatures des quatre en squelette, probablement en référence à la célèbre pochette des Guns N’ Roses “Appetite For Destruction”, deux blocs de douze amplis Marshall chacun, customisés avec des aigles et des soleils levants japonisants, plus la double grosse caisse frappée du nom du groupe sur fond bordeaux. Chaque pied de micro est presque une véritable sculpture : à gauche sur le thème des éclairs, à droite sur celui de flèches d’Indiens, et au centre en tourbillon de roses rouges. On ne peut pas dire qu’ils fassent l’impasse sur le visuel…pour cacher la vacuité de la musique ? C’est ce que nous allons voir.

19h20 : six messieurs en kilt entrent avec solennité et entonnent “Amazing Grace” à la cornemuse, suivis des quatre de BLACKRAIN. Encore une fois, il y a de quoi regarder : du cuir, des clous, des chaines, des foulards et beaucoup, beaucoup de laque. Mais il y a de la mélodie, du rythme et la voix du chanteur s’envole facilement vers les aigues. Torse nu avec son tatouage “FUCK OFF” sur l’abdomen, Swan Hellion a d’ailleurs un certain charisme. Tous se donnent à fond pour le show et enchainent les titres “I Need My Doctor”, “Get A Gun”, “Innocent Rosie”, ou “Overloaded” et beaucoup sonnent comme des hits. Ils ont le bon goût de passer au français lorsqu’ils annoncent la suite, qu’ils remercient le public, ou citent Ted Nugent : “Si c’est trop fort, c’est que t’es trop vieux !” Car ce soir, toute la partition des topiques du rock n’roll est jouée pour notre plus grand plaisir de public consentant. MatH (basse) prend place aux claviers et Swan dédie “Shining Down On You” aux filles présentent dans la salle. Voilà qu’il remercie poliment la production de l’émission “La France A Un Incroyable Talent” en lançant “Blast Me Up” et les slammeurs se mettent en branle. L’ambiance de la salle s’est maintenant totalement réchauffée et sur les derniers titres, le combo allonge les morceaux. Ils font participer le public, lui fait scander “N.A.S.T.Y.”. Un dernier clin d’œil aux Guns avec quelques notes du fameux riff de “Sweet Child O’Mine”, et le groupe salue après 1h20 de show sans temps mort. Ils réapparaissent pour tirer au sort les chanceux qui iront écouter en avant première le nouvel album “It Begins” (produit par le prestigieux Jack Douglas et prévu pour mars 2013) et c’en est terminé pour les fougueux français.

 

Une demi-heure de battement, et le rideau s’ouvre sur la deuxième tête d’affiche de la soirée : KORITNI, qui a récemment sorti son CD/DVD live, “Alive And Kicking“. A la place de celui des BlackRain, les australiens ont hissé leur pavillon : une prairie où figure une grande tête de diable rouge dans le ciel. De chaque côté, des panneaux sur lesquels s’affichent un squelette entouré de pierres tombales Twitter et Facebook ou un extraterrestre menaçant. Une musique inquiétante retentie, voilà une autre atmosphère. Un peu plus âgés que leurs prédécesseurs, plus sobres, ils développent un son plus heavy, plus gras et démarrent avec l’efficace “Devil’s Daughter”. Portant stetson ou bonnet sombre, une section rythmique et deux guitares accompagnent le chanteur. La basse est tenue par un invité, puisque ce n’est autre que l’ex-Trust Yves Brusco, dit Vivi, qui semble se fondre parfaitement au groupe. Lex Koritni au micro a un petit côté Mike Patton et porte une chemise à carreaux sans manche fleurant les looks des 90’s. Après quelques titres, il s’amuse à parler au public dans un français très correct. “Sydney In The Summertime”, “Red Light Joint”, le groupe de Sydney déroule son heavy rock tandis que le batteur Chris Brown fait tourner une baguette entres ses doigts. Le chanteur pique le galurin du gratteux qui exécute un solo derrière sa tête. Sur “Down At The Crossroads”, Lex s’arme d’une guitare pour plaquer lui aussi de longs riffs. 22h15, c’est l’heure du rappel après un court passage backstage et devant la salle qui commence déjà à se vider, le frontman lance avec humour “Hey! Come back! We haven’t finished!”. Ils joueront “Fortunate Song” et “Under Overpass” mais finiront par l’impromptu et efficace “Sweet Home Chicago”. Lex présente ses musiciens avec bienveillance avant que tous sortent de scène.

 

Une assez longue soirée, émaillée de bons groupes. Même si les trois formations n’ont pas démérité, l’image d’épinal offerte par les souriants BlackRain fut le point culminant de la soirée. Il semble qu’il y ait une relève glam autre que totalement parodique (Steel Panther), le plus surprenant est qu’elle soit française. C’est juste dommage (et étonnant) qu’il y ait eu relativement peu de monde malgré un récent passage par la lucarne des glammeurs.

Setlist :

 

Devil’s Daughter
TV’s Juste A Medium
Game Of Fools
Never Say Goodbye
Better Off Dead
Sick Dead
Sydney In The Summertime
Red Light Joint
Lost For Words
Let It Go
By My Side
Down At The Crossroads
Heaven Again
—-
Fortunate Son
Under The Overpass

Sweet Home Chicago
 

 

Crédit photos : Serge Tenani