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HOZIER @ Olympia (02/07/15)

Jeudi dernier avait lieu le concert sold out de l’Irlandais dans la salle mythique du Boulevard des Capucines, en compagnie de Wyvern Lingo, issu du même pays.

Les trois filles de WYVERN LINGO ouvrent le show, et chauffent la salle déjà bouillante, mais qui tente de survivre à la canicule, en s’éventant autant que possible. Le set est frais, vitaminé et respire la féminité et la légèreté. Elles sont comme les trois Grâces, une blonde, une brune, et une mi-blonde, mi-brune, dont les styles sont divers, et les voix délicates et fortes, chacune à leur façon : tous peuvent y trouver leur muse. Et visiblement l’Olympia est envoûtée. Les chansons se terminent toutes en un tonnerre d’applaudissements, mêlés à des cris enthousiastes… Jusqu’à presque trente secondes à la fin de leur prestation. Pour les filles, et c’est ce qu’elles diront en s’adressant au public, c’est un honneur d’être là, présentes sur cette scène. En tous cas, au vu de l’engouement, leur “vous pouvez éventuellement acheter notre musique quelque part, au bout de la salle, mais quelque part, c’est sûr”, les musiciennes auront vendu plus d’un disque ce soir-là. Et le conte de fées qu’elles ont chanté s’est sans doute réalisé pour elles à ce moment.

 

 

Après vingt minutes d’entracte, qui nous auront offert d’écouter “Hit In The USA” de Beat Crusaders (qui est tout ce que l’on souhaite aux groupes de ce soir), HOZIER et sa bande foulent les planches de la salle. Tout est parfaitement millimétré, des tapis sont soigneusement disposés au sol, et dès que les premières notes de “Angel Of Small Death And The Codeine Scene” frappent, accompagnées de la voix d’Andrew Hozier-Byrne, de son vrai nom, les cris de l’assemblée disparaissent et les éclairages proposent un clair-obscur des plus appréciables pour la fin du second morceau de l’album “Hozier” (2014). L’ambiance est enivrante, la voix de Hozier est envoûtante, et elle seule suffit à emplir la salle immense. Les choeurs ajoutent de la texture, et leurs danses occupent l’espace. Cependant règne le sentiment que le petit homme timide, qui se tient au centre de la scène avec la guitare, se suffirait à lui-même. Ses pieds qui rentrent légèrement, sa tête baissée mais toujours le sourire au lèvres et sa main passant incessamment dans ses cheveux semblent démontrer un certain manque de confiance, ou une gêne, comme s’il ne mesurait pas l’ampleur de son talent, et qu’il se protégeait par des artifices, aussi plaisants soient-ils. Saisir cela ne fait que rendre sa musique plus forte, plus intense, toujours plus saisissante, et d’une délicatesse et fragilité incroyable à la fois. Hozier a ce soir un pouvoir qui le dépasse, une aura qui va aux fins fonds de l’Olympia. La prestation a quelque chose de magique, dans sa totalité. Hozier et sa bande nous transportent dans une autre époque, teintée de blues, et emprunte d’un rock authentique, honnête. Sur “Jackie And Wilson”, le chanteur sort la vieille guitare, qui sied à la perfection avec sa veste en jeans et ses boots. Une fois l’audience prise dans sa toile, l’Irlandais lui demande si elle peut répéter quelques notes après lui pour “To Be Alone”. L’harmonie qui se créée à ce moment précis est magnifique, pas toujours juste, mais elle a quelque chose qui dépasse la simple musique, il y a un partage réel. La maladresse apparente et modestie du chanteur a quelque chose de touchant, comme lorsqu’il introduit “Someone New” comme “une chanson un petit peu drôle”, ou encore “It Will Come Back” comme étant “à propos du fait de demander à quelqu’un de bien vouloir faire la bonne chose, en découvrant le monde et se laisser aller”. Quant à “In A Week”, dont il nous contera l’histoire préalablement (à savoir celle de collines en Irlande près du village, Wicklow Hills, dont Hozier est originaire, où des corps ont été trouvés – ce qui le mènera à rire), cette dernière sera jouée en compagnie de Karen Cowley, chanteuse et pianiste et Wyvern Lingo. Mais le jeune homme est désormais un peu plus à l’aise et prêt à rire davantage, notamment lorsqu’il demande si quelqu’un connaît un groupe de blues qui l’a influencé et dont il va reprendre une chanson, et qu’une seule voix, au fond de la salle, répond “oui”, et à quoi il rétorque “Quoi ? Où es-tu ? Une personne, wow… Fabuleux !”. Mais l’apothéose de l’humour du chanteur surviendra après le rappel, qui lui vaudra d’ailleurs un tonnerre d’applaudissements, et plusieurs minutes avant qu’il arrive à aligner deux mots, malgré les multiples saluts et signes de main pour faire signe de cesser. En effet, il reprend la parole : “Vous êtes vraiment adorables, très gentils, merci beaucoup. Peut-être que nous pourrions jouer quelques morceaux encore ?”, et après avoir joué “Cherry Wine” de continuer “bon… A ce stade du concert, en général, nous reprenons une chanson, juste comme ça, pour s’amuser. Juste pour rire hein, que personne ne soit blessé !” pour introduire nulle autre chanson que “Problem” d’Ariana Grande. Pour enfin terminer la soirée sur “Work Song”, et bien sûr de multiples remerciements au public, à sa formation qu’il aura présenté deux fois dans la soirée.

 

 

En somme, si nous ne devions ne dire qu’une chose par rapport à Hozier, sa musique, et sa prestation de ce soir, nous dirions “Amen”. Amen à ce talent qui ne s’assume pas encore, qui est encore un peu fragile, mais qui est capable de faire naitre une grandeur qui le dépasse, à l’instar de ces “Amen” repris en choeur dans “Take Me To Church”, et qui ont fait lever les deux bras de toute la salle. Si personne n’a encore emmené Hozier à l’église, lui a cependant trouvé ses fidèles.

Setlist :

Angel Of Small Death And The Codeine Scene
From Eden
Jackie And Wilson
To Be Alone
Someone New
It Will Come Back
In A Week
Illinois Blues
Like Real People Do
Arsonist’s Lullabye
Sedated
Take Me To Church
—-
Cherry Wine
Problem
Work Song