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ECHOSMITH @ Nouveau Casino (13/04/15)

Le nouveau phénomène américain Echosmith était, pour la première fois de sa jeune carrière, en concert dans la capitale et, de manière plus générale, en tournée dans toute l’Europe. Forts de nombreuses tournées aux Etats-Unis et d’un succès toujours plus retentissant outre-Atlantique, les jeunes frères et soeurs ont-ils le niveau pour conquérir le Vieux Continent ?

Le moins que l’on puisse dire c’est que le Nouveau Casino est vraiment bien garni pour accueillir Echosmith. On retrouve un public féminin très jeune évidemment, mais pas seulement. Bon nombre de trentenaires un peu hypes ou cherchant un nouveau Paramore pour petites jauges sont également au rendez-vous. L’arrière de la fosse est majoritairement composé de parents surveillant les enfants bien plus avancés dans l’assemblée. A 20h30 les lumières s’éteignent et, alors que l’on croit voir débuter le concert, c’est une compilation de chansons ringardes issues des radios américaines 80’s ultra kitsch qui nous est servi pendant une demie heure. Si le gimmick a provoqué le sourire de la fosse dans un premier temps, l’agacement remplace vite l’hilarité : il coûte aujourd’hui moins cher de se brancher sur une chaine de la TNT pour avoir sa dose de mauvais goût.

21h donc, les musiciens débarquent enfin sur scène. Le plus vieux, Jamie Sierota (guitare), culminant à 22 ans seulement, la jeunesse des ouailles surprend vraiment. Même derrière son maquillage et ses mimiques ultra travaillées, Sydney Sierota, la chanteuse, fait vraiment petite fille du haut de ses dix-sept ans (elle en aura dix-huit cette semaine). “Come Together” lance les hostilités et de suite, la sauce ne prend pas. Le manque de naturel de la formation instaure une barrière bien trop épaisse entre le public et le groupe. L’approche plutôt froide des transitions pré écrites entre les chansons laissent pantois la plupart des gens quand le scepticisme ne fait pas irruption dans la salle. Musicalement, le combo n’est pas aussi efficace que sur l’album “Talking Dreams” (2013). Forcément, c’est plus dur lorsqu’il s’agit de jouer soi-même les instruments. Les pains sont nombreux, le batteur, Graham Sierota, se décale constamment et l’on croit parfois assister à un concert de tremplin rock de Seine-Et-Marne. Si le stress et leur jeune âge a sûrement à voir dans cette piètre prestation, inutile de jauger l’erreur de lancer un tel groupe sur une tournée européenne avec un tel niveau. Seulement, l’inconvénient d’Echosmith est également un avantage. En dehors de cette chronique, on doute que les retombées de ce concert soient véritablement négatives et, quand bien même elles le seraient, on ne voit pas les foules déserter les salles des concerts à venir. Après tout, One Direction remplit le Stade De France. On a quand même droit à quelques moments sympas : le a cappella de la chanteuse et de deux de ses frères est une bonne idée et bien exécutée, alors que faire monter sur scène 2 personnes du public pour les inviter à danser est un gimmick vu et revu, mais qui augmente toujours le capital sympathie d’un groupe. Techniquement, même le message hyper consensuel précédant “Cool Kids” sur le fait de s’accepter soi-même et de ne pas rentrer dans des moules (Sydney si tu nous entends) pour vivre et être heureux, est tellement cliché et usé jusqu’à la corde qu’on en sourit. Mais abaisser son niveau d’exigence à ce point pour apprécier un concert n’est pas normal. Et la prestation offerte par Echosmith ce soir témoigne d’un flagrant manque d’expérience, de naturel et de maturité.

 

 

Si les attentes en cette formation n’étaient pas non plus immenses, la déception devant une telle prestation laisse tout de même songeur. A revoir dans quelques mois/années, car nul doute que le potentiel d’Echosmith est palpable. Il faudra juste penser à aborder un concert comme un moment T dans la carrière d’un combo et dans la vie du public, car bientôt on confiera le soin à des robots de reprendre nos chansons préférées, les pains et les discours consensuels en moins.

Setlist :

Let’s Love
Talking Dreams
Safest Place
Come Together
This Must Be The Place
Tell Her You Love Her
Bright
Come With Me
Surround You
We’re Not Alone
Cool Kids
—-
Nothing’s Wrong

Nathan Le Solliec
LE MONDE OU RIEN