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DEPORTIVO @ La Cigale (06/02/14)

Après un déchainement Place de la République en juillet dernier, en passant par la banlieue parisienne et la province, les déjantés de Déportivo reviennent, en ce début d’année, conquérir la capitale en s’attaquant directement à La Cigale.

19h à la montre, voilà que les premiers aficionados rentrent dans la salle. Ce soir, nous sommes bien loin des concerts teenage et autres metalcore/pop punk en vue de l’âge moyen des personnes présentes, tournant autour des 25/30 ans. Les tenues de boulot encore sur soi, privilégiant les strapontins ou les côtés que la fosse en elle même, les lieux prennent du temps à être réellement assiégés par le monde. Si bien que la première partie, SON OF, commence son set à 20h en face d’une audience moyennement présente : les timides en fond de salle, les impatients devant, le néant les séparant. Choisi personnellement par le headliner de la soirée et visiblement émus de pouvoir être ici, c’est avec un rock indé crado que les quatre bonhommes viennent justifier leur place. Larsens de rigueur, micro qui grésille, guitares rapidement accordées, un chanteur débordant d’énergie… Tous les parfaits ingrédients pour donner le ton de la soirée qui s’annonce grandiose et… bordélique. Même si leurs paroles sont très répétitives, La Cigale, de plus en plus remplie au cours du set, fait une innovation respectable pour remercier les musiciens. Sonne alors les 20h40.

 

 

Rideau rouge pendant une vingtaine de minutes, des gradins quasi envahis et une tranchée remplie au compte-goute plus tard, c’est à 21h pile poil que commence le set des fameux DEPORTIVO. Trio accompagné par des musiciens live, c’est avec leur dernier single “Domino”, issu de leur nouvel album du même nom, que la soirée (et le bordel) se lance vraiment. On dit souvent que la scène et la musique appartiennent aux fans : et bien, la scène de La Cigale appartient à priori aussi aux admirateurs. Sans crash barrières, ni agents de sécurité en premier lieu, c’est à coup de slams, de bisous à Jérôme (guitare/chant) et de bouteilles d’eau renversées que la soirée se déroule jusqu’à la fin. Visiblement moins alcoolisés qu’à la Place de la République (bien qu’on n’en est jamais trop sur!), légèrement moins communicatifs mais débordant toujours autant d’énergie, les français, carrés sur scène, avec un timbre de voix si particulier, payent leur tournée avec les morceaux “Ivres Et Débutants”, “Suicide Sunday”, “A L’Avance”… de quoi faire revivre tous les anciens opus du groupe et satisfaire la foule. Les musiciens additionnels apportent une polyvalence musicale, jonglant entre guitare et piano, justifiant l’appellation “post grunge” de la formation et du concert de ce soir. Car Déportivo, après de nombreuses années d’exercice, continue, par sa mélancolie et sa force, à procurer de la joie et de l’euphorie aux gens, tout en restant naturel et propre à leur image : ce sont des personnes comme les autres avec des textes poignants imagés qui tantôt ironisent, tantôt dénoncent. Du côté de la fosse, ça se lâche, ça boit de la bière et ça rigole. Une ambiance ouverte comme il en manque à l’ère actuelle. Entre deux morceaux, Cédric, l’un des musiciens, a même le droit à un joyeux anniversaire de la part des personnes présentes, qui ne se font pas prier pour le dire. D’autres artistes sont aussi à l’honneur cette nuit avec les reprises de “Be My Baby” de The Ronettes et la traditionnelle “Les Bières Aujourd’hui S’Ouvrent Manuellement” de Miossec. La salle finit par former une scène géante sur laquelle on peut entrevoir des musiciens jouer. La magie opère et différentes ambiances se distinguent du reste : alors que sur “La Salade” tout le monde se met à danser, sur un “Pourquoi Devrais-Je”, la population se retrouve plus contemplative et hésitante. Du repos mérité pour tous. Environ une heure plus tard, une dizaine de changement de guitares et déjà une vingtaine de chansons jouées, l’heure est au rappel. “Pistolet A Eau” ouvre le bal en acoustique, tenant littéralement les tripes, suivie du duo “Roma” /”Impossible” et de “Sur Le Moment”, une courte ballade avec tous les musiciens en avant. Un beau moment et surement l’apogée du show où un bain de foule se devait d’être effectué par tous les membres, fiers de leur soirée.

 

 

Alors que la soirée n’a pas dû être rose pour les guitares tech, qui ont plutôt joué un rôle de technicien de surface, Paris a été complètement conquis par l’un des leaders du rock français au sens propre du terme. Déportivo, désormais groupe indépendant sous son propre label, nous démontre formellement qu’ils ne sont pas prêts de lâcher, par l’amour de cette scène et par l’amour du public, face à une société et des vices.

Setlist :

Domino
Ivres Et Débutants
Intrépide
Suicide Sunday
1000 Moi-Même
Les Bières Aujourd’hui S’ouvrent Manuellement
En Ville
Personne N’arrive A L’heure
Dans Ta Chambre
A l’Avance
Imbéciles
Toutes Les choses
Both On The Same Boat
La Salade
Pourquoi Devrais-Je ?
Parmi Eux
I Might Be Late
La Brise
Ne Le Dis A Personne Et Personne Ne Le Saura
Be My Baby
Au Milieu
Paratonnerre
—-
Pistolet A Eau
Roma
Impossible
Sur Le Moment