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Conférence de presse : SOLIDAYS 2013 (29/05/13)

Comme l’an dernier, l’association Solidarité Sida a convié les médias français à sa conférence de presse annuelle, à la Région Ile-De-France dans le VIIème arrondissement de Paris, pour présenter la 15ème édition de Solidays, qui se tiendra les 28, 29 et 30 juin à l’Hippodrome De Longchamp.

“Pour une association, on ne sait jamais quoi faire pour un anniversaire, parce qu’on a autant de raisons de se réjouir que de s’attrister d’être encore là.”, a déclaré d’emblée Luc Barruet, entouré de Jean-Paul Huchon, Antoine De Caunes et Marco Prince, en présence également de quelques parrains : François-Xavier Demaison, Sébastien Folin, MC Solaar et de quelques artistes prévus cette année (Naive New Beaters, Tryo, Wax Tailor, Mai Lan…).

 

Cette “manifestation festive, indépendemment du côté militant et solidaire” est placée sous le signe de l’amour, car “le parti pris, par les temps qui courent et qui sont difficiles, c’est de faire de l’amour le socle sur lequel construire”, dixit le président-fondateur de Solidarité Sida. Cette association a débuté dans une chambre de bonne entre deux étudiants en 1992. C’est grâce à trois personnes que le festival existe aujourd’hui : Jean Jacques Goldman, François Henri Pinault, premier financeur à croire au projet avant même son existence, et David Kessler, conseiller culturel de Lionel Jospin à Matignon. Mais c’est surtout depuis 2001, année où la Région Ile-De-France devient le partenaire principal du festival que tout a changé : “Solidays est le point culminant de cette mobilisation.”, résume Jean-Paul Huchon.

 

L’édition 2013 devrait être “l’édition de tous les records”, le festival affichant sold out avant même l’ouverture, “une première” selon M. Barruet. Ce n’est pas pour rien que cet évènement est devenu un lieu de pèlerinage rassemblant une dizaine de milliers de personnes, militantes ou pas. Encore plus cette année, puisque Solidays se tiendra à un “moment important pour la société française” puisqu’il tombera juste après les premiers mariages gays”, explique le président de la région Ile-De-France avant d’ajouter : “Il y a quand même une véritable reconnaissance du refus de la discrimination, il y a maintenant possibilité pour chacun de vivre à égalité.”, en évoquant la validation récente de la loi sur le mariage pour tous, “une belle opportunité et une belle occasion.”

 

Quoi de mieux que de fêter cela “dans une atmosphère très particulière”, mêlant musique, convivialité, solidarité et fraternité, humour et développement associatif, le tout avec quatre-vingt concerts sur cinq scènes et une programmation éclectique : “Solidays reste Solidays mais avec une petite prise de risque, fidèle au festival, toujours hallucinante.”, dixit Marco Prince. Du rock chic de The Hives, Asaf Avidan, Saez, Bloc Party, à l’électro avec C2C, Breakbot, 2ManyDJs, en passant par le groove de Maceo Parker. Une affiche, avec moins d’artistes de variétés, concoctée par les organisateurs soucieux de l’évolution du public de Solidays. Il y aura quelques exclusivités, comme -M-, qui viendra avec des guests pour une “Mojo Party” exclusive le lendemain de son premier concert au Zenith et veille du second. Solidays mise aussi sur son lot de performers comme Deluxe, The Coup, Fidlar, Kery James, Soma, ou encore Beady Eye. Le tout finira par le concert de David Guetta, “qui a bloqué la date il y a au moins un an”, prouvant ainsi que “les artistes n’ont pas voulu manquer les 15 ans de Solidays surtout qu’ils ont tous un agenda de ministre car jouer à Solidays, ce n’est pas jouer dans un festival comme les autres.”, résume l’un des parrains de l’association. Il faut savoir que ces artistes, lorsqu’ils ne se produisent pas gratuitement, reversent une partie de leur cachet au festival en fonction de leurs moyens car “le coût zéro n’existe pas.”.

 

Au fil des années, Solidays, en plus d’être un festival de musique, est devenu un outil performant face à la détresse humaine et qui a suscité de nombreuses vocations ou servi de socle à d’autres initiatives citoyennes et solidaires, notamment auprès de la jeunesse : “C’est à la fois désolant, mais en même temps très enthousiasmant de voir que tout le monde est là” en particulier malgré la conjoncture économique. Comme le précise Antoine De Caunes, les objectifs de Solidays sont d’abord de récolter des fonds, plus de 17 millions d’euros depuis sa création en 1999 (1,9 millions l’an dernier), distribués à une centaine d’associations de lutte contre le sida, la prévention et l’accompagnement des malades en France et à l’international : “Le sida s’est tellement fondu dans l’air du temps qu’on a l’impression qu’il faut réactiver en permanence le message. Pour cela, au lieu d’un discours moralisateur, Solidays continue à sensibiliser et prévenir de manière festive et divertissante. Telle est “l’âme du festival, les gens viennent parce qu’il y a de la musique mais aussi parce qu’il s’y raconte quelque chose”. La cérémonie des patchworks, contre l’oubli des victimes du VIH, sera l’occasion pour Solidarité Sida de rendre hommage à l’emblématique Bruno-Pascal Chevalier, militant et partenaire, décédé fin 2012 du Sida, qui avait l’habitude d’animer ce moment unique du festival. En parallèle, il y aura comme toujours le Forum Café, lieu de débats mais aussi un parcours interactif sur le plaisir et les risques liés à la sexualité, l’exposition “Sex In The City”, qui ne désemplit pas depuis huit ans.

 

Mais avant la célébration de ces 15 ans est destinée à “valoriser, rendre hommage à tout ce qui a été fait en dehors des scènes”, de l’appui d’un certain nombre d’institutions et à la personnalité de Luc Barruet, son équipe et les 3000 bénévoles qui continuent de mener ce combat, la France doit se prononcer sur sa contribution au Fonds mondial de lutte contre le Sida crée en 2002. Une contribution que Solidarité Sida espère voir porter à 400 millions d’euros par an ou le cas échéant, le maintien de 360 millions comme actuellement : “On aimerait que les victimes du Sida ne soient pas des victimes collatérales de la crise économique.”, met en garde le président-fondateur. C’est pour cette raison que Solidarité Sida va prochainement lancer un appel à la mobilisation, une campagne dans les médias, et une invitation au Président de la République à venir à Solidays pour annoncer l’engagement de la France aux 165 000 festivaliers attendus. Une fois la conférence terminée et l’habituelle “photo de famille”, Luc Barruet, Antoine De Caunes et une partie des parrains présents de Solidarité Sida “donnent de leur temps et de la bonne volonté aux services du festival, se servant de leur image pour faire parler de Solidays, de Solidarité Sida et du Sida.”, dixit Marco Prince. L’important étant de replacer le Sida au centre des médias, continuer à en parler et trouver de nouveaux moyens d’en parler. S’il n’y avait ni d’artistes ou de parrains, il n’y aurait pas de Solidays, c’est une “triste réalité”. Heureusement, il y a les Naive New Beaters, qui viennent de sortir le clip de “Shit Happens” tiré du dernier album “La Onda”, pour mettre de l’ambiance. Ceux qui sont également animateurs de “La Onda Radio Show” sur OÜI FM se souviennent encore de leur première fois à Solidays : “Lors de notre première fois à Solidays en 2009, on en a un souvenir assez frappant car c’est la première fois qu’une fille nous a montré un sein, alors qu’on était en train de chanter un morceau, j’ai oublié mon couplet et Eurobélix a oublié d’appuyer sur une touche dont on était dans un blanc et on a maté LE sein. Merci à Solidays.”, lance David Boring, offrant une bonne tranche de rigolade à l’assemblée.

 

La musique, étant le principal sujet qui intéresse votre webzine préféré, nous avons demandé à quelques parrains leur rapport avec elle.

François-Xavier Demaison, acteur et humoriste français : “J’ai découvert récemment un groupe, The Do. J’aime beaucoup Feist, Cat Power, “Everything But The Girl”, j’écoute quand je fais de la cuisine. Et puis il y a des moments où j’ai plus besoin de la musique hip hop, de bon vieux rap à l’ancienne, de NTM, Cut Killer… Puis il y a des moments où je suis en pleine dépression, j’écoute de la variété française, les grands classiques, Brel, Gainsbourg, Lama. Pas trop de hard rock metal sauf les grands classiques de temps en temps comme AC/DC, KISS, mais c’est vrai que je ne suis pas trop metal, je suis un gros nounours. J’ai des goûts assez éclectiques.”

 

Mai Lan, chanteuse, qui se produira pour la première fois à Solidays, a quant à elle, baigné dans le rock depuis toute petite : “L’élément de plus rock dans ma vie, c’est mon père (ndlr : Christian Chapiron aka Kiki Picasso), qui était vraiment dans toute la mouvance punk rock, on a écouté beaucoup de rock, enfants, à la maison. Donc j’ai un rapport au rock super cool !” Autre personne apportant aussi beaucoup de rock dans sa life, c’est Max Labarthe, “un mec très rock”, qui a composé l’album “Mai Lan” paru en 2012 avec elle. L’essentiel venant de son paternel, artiste de la scène Bazooka, mouvement du grand prisme dans les années 80, auteur de toutes les grandes affiches des grands groupes de rock à l’époque du Social Club : “Il était très impliqué en tant que artiste et graphiste. Son nom est vraiment associé au rock. Et moi j’ai grandi là dedans, dans toutes ces images, dans toutes ces années un peu trash, il faisait jury dans des festivals rock comme Val Rock. J’ai vu David Bowie toute petite, sur scène dans un festival, où il était monté sur des échasses, je me rappelle plus très bien, c’était vraiment minuscule.” C’est dans toutes ces influences rock qu’elle puise, inconsciemment, sur son disque, particulièrement des titres comme “Schumacher” ou “Hard Joy”.”

 

Marco Prince, leader de FFF, monte actuellement YogaLab, qu’il forme avec Mika De Brito. Un concept original qui a vu le jour suite à sa passion pour le yoga, qui lui a sauvé la vie, après un grave accident de moto : “Dans le yoga, il y a toujours de la musique de merde, et je me suis dit “est-ce que je peux faire quelque chose pour ça ?”. Du coup, j’ai commencé à faire de la musique pour moi pendant que je faisais du yoga avec un pote, on fout quatre grosses enceintes et on fait du yoga, on prend tous les attributs intéressants du son pour améliorer les moments de yoga, on a commencé à écrire comme ça. […] Un projet qui a pris une toute autre tournure suite à la visite du manager de David Guetta : “A partir du moment où on s’est dit que ça allait être de la musique pour de la scène, ça a tout de suite monté en tempo, il y a un guitariste, une batterie, des percus. Donc le groupe YogaLab, un projet perso tout neuf, est en train de se monter, loin du rock’n roll de l’époque FFF “mais il y a de la fusion à fond, c’est plus avec des machines, des guitares qu’on modifie, on hurle là dedans, on se marre bien. Concernant une éventuelle reformation de FFF, “cela n’aurait de sens qu’avec mes potes.”

Si jamais vous n’étiez pas encore convaincu, rendez-vous ici. Autrement, dépêchez-vous de vous procurer vos places pour le vendredi et dimanche, le samedi étant complet. Toutes les infos sur www.solidays.org.

Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife