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BUREAU EXPORT 2015 (10/02/15)

Vingt-deux ans après sa création, le Bureau Export accompagne toujours les artistes musicaux made in France à l’international. Cette structure bénéficie de nombreux contacts mettant en relation les artistes français à des structures internationales comme des festivals, la presse et des professionnels du monde du spectacles. Nous avons été conviés à la conférence de presse le 10 février dernier à La Bellevilloise, conférence débutant par un bilan de l’année 2014.

 


 

Michèle Amar (responsable Bureau Export à New York) : On a aidé 509 artistes made in France. 84% de ces artistes sont des artistes de musiques actuelles et 16% provient de musiques classiques. Les aides passent par le conseil, mise en relation, appui logistique, promotion et soutien financier tout au long de l’année. Quelques exemples d’artistes que l’on a aidé tout au long de l’année, Mayra Andrade, Talisco aussi qui a reçu des aides et qui est lauréat de la Bourse Export, Alexandre Tharaud qui vient de jouer au Carnegie Hall au Etats-Unis (ndlr : à New York), qui a reçu une très belle revue de presse dans le “New York Times”. Évidemment Stromaé aux Etats-Unis qui fait un très beau succès, qui a reçu une aide financière et aussi beaucoup de mise en relation avec la presse et les médias, un appui sur la programmation au South By Southwest. Christine And The Queens, qui a été aidé surtout en Scandinavie et aux Pays-Bas pour la programmation à Eurosonic, avec aussi des aides financières, la coordination d’un projet de tournée qui s’avère être une artiste avec un très bon potentiel aussi aux Etats-Unis qu’on accueillera au South By Southwest au Texas avec de très bons concerts. On voit de très belles réussites d’artistes français avec une hausse de 28% de concerts sur 2014 et aussi une hausse des sorties de 31%, on observe une progression des artistes. Voici une brève liste des artistes que l’on a pu aussi aider aux Etats-Unis : Isaac Dillusion, La Femme, Lulu Gainsbourg, -M-, Mélanie De Biasio, Moodoïd, Owlle, Rocky, Stromaé, Superpoze, Thomas Encho, Toxic Avenger, Wax Tailor, Yann Tiersen, Yelle, Marianne Faithfull, Yasmine Hamdan, Patrick Bruel, Elephant, Scarecrow, Ibrahim Maalouf, Soko… Donc la liste est longue ! On est ravis de travailler avec tous ces artistes, et de voir leur progression et leur développement aux Etats-Unis. Merci.

 

 

Charles Rognet (responsable du Bureau Export à Tokyo) : Le Bureau Export disposait en 2014 de 3,1M€ de budget pour aider la filière française, l’accompagner dans ses projets à l’international. Ce budget provenait à 52% d’organismes professionnels et à 48% de pouvoirs publics. L’association Bureau Export comptait en 2014, 247 structures monde, à 32% des producteurs de spectacle, 30,5% des producteurs photographiques, à 18% des éditeurs, 16% des structures de management d’artistes et enfin à hauteur de 3,5% des distributeurs. 85% de nos membres étaient actifs dans le domaine des musiques actuelles pendant que 10,5% de ceux-ci étaient actifs dans le domaine de musique classique et contemporaine. Depuis la fusion, nous avons 300 contributeurs Francodiff, qui sont des utilisateurs de la plateforme de diffusion francodiff.org. Le Bureau Export, c’est surtout un bureau central à Paris et cinq bureaux à l’étranger : Berlin, Londres, Tokyo, New York et Sao Paulo. Le Bureau Export en 2014 a participé à 44 festivals et salons internationaux dans dix pays. On peut citer par exemple le Classical Next, Eurosonic, Freedom Festival, The Great Escape, et plein d’autres. La mise en relation a été pour nous l’occasion d’organiser 256 rendez-vous avec 164 professionnels internationaux provenant de trente-deux pays. Pour citer quelques exemples : le festival MaMa à Paris, le Printemps De Bourges, au Midem, au Babelmed, au Jazz Sous Les Pommiers, aux Transmusicales de Rennes.

M : Les services du Bureau Export existant jusque-là, c’est la plateforme Francodiff dûe à la fusion entre Bureau Export et la plateforme de la Francophonie Diffusion. La plateforme est une promotion de la production musicale francophone aux radios du mondes. C’est un réseau de radios partenaires, avec un rapport d’activités de 650 radios qui varie (jusqu’à 700 radios). Ces radios sont dispatchées dans quatre-vingt cinq pays hors France, 677 titres qui ont été travaillés sur la plateforme, 512 artistes grâce à 372 producteurs différents.

 

 

Concernant cette année 2015, le Bureau export a déjà un agenda chargé ! Il y a quelques semaines, une équipe était présente au festival Eurosonic avec une quinzaine d’artistes made in France ! L’incontournable South By Southwest sera un rendez-vous important pour le Bureau Export ainsi que le Midem de Cannes pour accompagner et faire découvrir de jeunes artistes français en live, mais aussi par des rencontres professionnelles. Atlantic Music Expo au Cap Vert, le Bureau de New York travaille sur la Fête de la Musique à Central Park, Liverpool International Festival Of Psychedelia avec lequel le Bureau de Londres pousse les artistes français du mouvement psyché comme Moodoïd ou Zombie Zombie qui y ont joué l’année dernière. La parole est à présent donnée aux artistes soutenus par le Bureau Export, en se prêtant au jeu des questions réponses en commençant par Talisco, lauréat de la Bourse Bureau Export 2014.

Talisco : Déjà avant toute chose j’aimerais remercier le Bureau Export, il y a tout le monde à peu près ! J’aimerais vraiment vous remercier pour le soutien, l’investissement, parce qu’on a passé une année juste incroyable. Moi en un an, j’ai vécu plus que mes dix dernières années. C’était énorme, on a passé un mois et demi en Allemagne. Ça été pour moi ma première expérience à l’export. On a fait un premier concert pour la French Connection au (Mue). Il y avait The Animals avec nous, c’était un concert incroyable, on va en garder des souvenirs fous ! Le grand fantasme c’est les Etats-Unis et l’Angleterre. C’est un peu prétentieux d’avoir ce genre de discours. Il y a à peine quatre ans je n’étais pas dans la musique, j’avais mon petit boulot. J’étais très content, pas vraiment frustré mais tout allait bien. Donc, tout ce qui se passe aujourd’hui, que ce soit en Allemagne, au Bénélux ou en Suisse, c’est déjà génial. J’arrive avec des yeux de gamins. Donc oui, j’ai ce fantasme comme beaucoup d’artistes pour les Etats-Unis et l’Angleterre, car ce sont des pays qui résonnent énormément. Mais ce qui se passe déjà pour nous, c’est très très cool ! Donc tout va bien en fait.

 

 

C’est ensuite au tour d’Ibrahim Maalouf de se soumettre au petit interrogatoire. Loin des contrées rock, Ibrahim Maalouf est trompettiste, pianiste, compositeur pour le cinéma, mais aussi producteur. Il fusionne les musiques classiques et le jazz teintées de sonorités orientales. Témoignage d’un parcours musical atypique :

Ibrahim Maalouf : J’en profite aussi pour dire merci au Bureau Export. En fait on n’a pas vraiment eu le choix, et ça s’est fait par la force des choses. J’essaie de me dire que ce n’est pas parce que les gens ne voulaient pas de moi, mais parce que c’est compliqué de prendre des risques en ce moment. C’est bien de le dire, car les gens sont là aussi pour savoir comment on fonctionne. Quand Jean-Louis dit qu’on a de la trésorerie, c’est mon argent en fait ! (rires) Je ne dis pas que je vais vendre ma voiture mais quand on presse 30 000 disques, comme on a fait pour “Alice”, on en fait beaucoup. Mais si on ne les vend pas, je devrais vendre ma voiture. Il s’agit vraiment de mon argent. Ce n’est pas comme si c’était l’argent d’une structure, c’est pour ça que je précise qu’il y a de la trésorerie. Ça s’est fait petit à petit, comme pour le premier album “Diaspora” quand on l’a sorti, on en a pressé 1 500, pas 40 000. (rires) Et comme on en a vendu plus que prévu, le deuxième (ndlr : “Diachronism”) on en a pressé 5 000 ou 6 000. Tout s’est fait progressivement, ça fait dix ans qu’on travaille d’arrache-pied, à deux, main dans la main malgré les albums qu’on n’a un peu moins réussi ou moins vendu ou des périodes compliquées. Ça faisait déjà dix ans que je travaillais beaucoup avant de rencontrer Jean-Louis. J’envoyais moi-même des enveloppes que j’écrivais, “Je m’appelle Ibrahim, j’ai fait cette maquette, j’aimerais bien que vous me programmiez” et j’envoyais ça partout en France et même à l’étranger. J’ai fait beaucoup de concerts, et à l’époque c’était l’Institut Français, qui s’appelait à l’époque Culture France, ils m’ont aidé sur plusieurs dates à l’étranger pour essayer de me faire connaitre un peu. Et malgré tout ça, ces années de travail, on a beaucoup de mal à l’étranger. On m’a demandé ici de témoigner et de donner mon avis, mais je suis très loin d’être un artiste qui réussi à l’étranger. En France ça marche plutôt bien, mais pour être honnête à l’étranger on galère vraiment ! La dernière tournée à l’étranger, on a perdu de l’argent, enfin J’AI perdu de l’argent ! (rires) Il faut restituer quoi ! (rires) On a pu rééquilibrer les comptes et tout, mais je suis vraiment loin d’être un artiste qui marche à l’étranger. Et pourtant je travaille beaucoup ! Moi je fais de la musique instrumentale, et face à ça, il y a beaucoup de gens qui nous disent “Ah ça va super bien se passer, c’est pas en français !” et il se passe le contraire, la musique instrumentale a des frontières, comme si les gens ne voulaient pas de musique instrumentale “Ah mais tu comprends, les gens ne vont pas vraiment aimer car ce n’est pas de la chanson”. On se confronte à ce problème là également et heureusement qu’il y a Bruno et quelques personnes qui croient en nous et qui se disent que la musique instrumentale a aussi sa place et on va pouvoir essayer de susciter l’intérêt des gens.

 

 

À la fin de la conférence, Ibrahim Mallouf se voit remettre le prix Bureau Export 2015 par le Directeur Général Fabrice Rebois, qui salue l’oeuvre singulière et intemporelle du musicien franco-libanais. Avant le pot annuel rassemblant tout ce petit monde de professionnels de l’industrie musicale, c’est Talisco qui ferme le bal avec un showcase de trois titres.

 

Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife