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BABYSHAMBLES @ Zenith (03/10/13)

Il est clair que les parisiens commencent à s’habituer à la frimousse de Pete Doherty. Depuis la sortie de son album solo “Grace/Wastelands” (2009), la prise de ses appartements dans la capitale française a permis aux frenchy kids d’admirer le poète sur les petites scènes et les festivals de la région : du Bus Palladium, au festival Soirs d’été du 3ème OÜI FM, en passant par la Fête De L’Huma. Le dernier album des Babyshambles a d’ailleurs été enregistré dans le Xème arrondissement de Paris. Sorti il y a de cela un mois, “Sequel To The Prequel” est nettement plus technique que les précédents et il est temps de voir si Pete Doherty est toujours hanté par ses démons sur scène ou s’il sera à la hauteur des attentes de son public.

Juste avant la première partie, le Zenith est loin d’être plein. La foule de jeunes dandys et de rockeurs en herbe attend avec un peu d’inquiétude les Babyshambles et surtout son leader charismatique. Mais tout d’abord, c’est HILL VALLEY qui ouvre le bal. Après deux titres, ce quintette, venu de Clermont-Ferrand, capte l’attention du public et commence à se déchainer sur une ambiance rock alternative. Prenez du Fall Out Boy (pour qui ils ont ouvert à l‘Olympia), une lead guitare s’apparentant à Foals et agrémentez le tout d’un clavier très French touch et vous avez la recette. Entre deux envolées de guitares, le chanteur lâche : “Ne vous inquiétez pas, Pete Doherty est là.” Il n’en fallait pas plus à la foule pour se déchainer réellement, comprenant que la suite était assurée. Quelques accords de rock frénétique teintés d’électro et le groupe s’efface, après plus d’une demi-heure de show.

 


Près d’une heure plus tard, BABYSHAMBLES monte sur scène en toute discrétion, les costumes sombres se mêlent aux marinières. Le William Blake du rock anglais, lui, est vêtu d’un costard trois pièces noir, une chemise blanche débraillée ainsi que d’un chapeau et des gants gris, faisant ressortir sa peau blanchâtre. “Delivery” éclate d’un coup, la foule acclame, les guitares sonnent juste et tout se passe bien en Arcadie. Sans interruption, “Nothing Comes To Nothing”, “Fall From Grace” et “Farmer’s Daughter”, tirés du dernier album, plus calme et mélancolique, adoucissent l’ambiance déjà explosive de la salle. Une gorgée de bière, un “comment ça va Paris ?” et l’héritier des Smiths se remet à gesticuler nonchalamment, s’agenouille devant Drew McConnell et danse comme un robot. Festif, dérangé et légèrement imbibé, Pete est en forme. Entre deux changements de guitare, il se plaint de problèmes de micro, sa voix se fait distante. Les soucis vite réglés et la Télécaster fait vibrer des sonorités punks tandis que la basse de Drew McConnell insère dans l’intro de “The Man Who Came To Stay” la ligne de basse de “She’s Lost Control” de Joy Divison, un hommage bien trouvé à leur influence. S’enchaine ainsi les vestiges du passé, le groupe ne cesse de communiquer pendant les morceaux, l’afficionado de Rimbaud a l’air à l’aise, il se retrouve seul sur scène, guitare à la main, et fouille dans les tréfonds des Libertines avec “What A Waster”. L’une de ses danseuses étoiles viendra l’accompagner au chant. La seconde danseuse viendra avec le reste du groupe un peu plus tard. “Killamangiro” et “Pipedown” continueront le voyage dans le passé des Babyshambles et mettant en exergue l’excellence des nouveaux venus et surtout du clavier, que ce soit au mélodica sur du punk, en passant par une trompette jouissive sur le très ska “I Wish” sans oublier l’intro aérienne et mélancolique de “For Lovers”, ce nouveau larron amène un cachet énorme à cette formation. Entre deux “Give It Up” de “Seven Shades Of Nothing”, Pete récupère soutien-gorges et autres cadeaux lancés par les fans, il demande à la foule de s’asseoir, clame sur un riff ska-punk une reprise de “La Marseillaise” puis enchaine avec “Les Copains D’Abord” de Brassens. La foule commence à se ramollir, Doherty, de son côté, déclare son amour aux membres de son groupe qu’il présente un à un, puis son ivresse pour Paris. Il sort une clope, une vingtaine de briquets lui sont jetés sur scène, il s’allume et c’est parti pour l’énergique “Fireman”. Contre toute attente, “Fuck Forever” clôture le show, la foule hurle et pogote tandis que sous les projecteurs multicolores, les musiciens se déchainent. Titubant, l’écorché envoie valser son pied de micro, jette sa cigarette et fredonne une dernière fois l’air de cet hymne à la désinvolture, avant de disparaître.  Acclamés par son public, les Babyshambles viennent pour un dernier salut bien mérité, les cris du public sont étouffés par le son du larsen encore présent. Les enceintes du Zénith ont souffert ce soir mais elles ont aussi prisent leur pied. Le voyage en terre d’Albion prend fin et toutes les personnes qui y sont allées compte bien y retourner un jour.

 


Constament sur le fil, les Babyshambles laisseront un excellent souvenir de leur prestation au Zenith De Paris. Il y a encore beaucoup de faussetés notamment au niveau de la synchronisation du groupe, et surtout, il ne faut garder en mémoire qu’il est toujours compliqué de suivre à la note prêt des morceaux constamment réinventés sur scène. Et c’est là où réside la beauté de ces londoniens, ils sont perpétuellement en rodage et rien n’est ancré dans le temps. Cette nouvelle formation apprend à se connaitre, communique beaucoup, ils prennent du plaisir à jouer ensemble et cela se voit. L’un des meilleurs concerts qu’ont pu faire Pete et ses acolytes, dans la capitale.  

Setlist :

Pipedown
Delivery
Nothing Comes To Nothing
Fall From Grace
Farmer’s Daughter
The Man Who Came To Stay
Beg, Steal Or Borrow
Killamangiro
Unknown
What A Waster
UnBiloTitled
There She Goes
I Wish
Seven Shades Of Nothing
8 Dead Boys

For Lovers
La Marseillaise
Les Copains d’Abord
Albion
Twist And Shout
Fireman
Fuck Forever

Crédit photos : Nicko Guihal