Interviews

OLD TOWN BICYCLETTE (22/05/15)

A une semaine de la troisième édition, Adrien et Flow d’OTB reviennent, pour nous, sur l’histoire du festival et sur ce qui rendra cette édition 2015 exceptionnelle ! Parce qu’il existe des gens qui se battent pour faire vivre le hardcore en France et c’est tant mieux !

Salut ! Tout d’abord à une semaine du festival, comment vous sentez-vous et comme se déroule l’organisation ?

On est en plein rush entre les mails pour les groupes, les horaires, la com’, et tout le reste. On est sereins avec Flow et on est vraiment fier de l’affiche !

C’est, si on ne se trompe pas, la troisième édition de l’OTB Festival. Pouvez-vous retracer en quelques mots l’histoire de cet événement ?

C’est parti de l’idée de pleins de groupes qui nous demandaient de les faire jouer et on voulait les rassembler sur un gros événement commun. On a commencé il y a deux ans avec la première édition sur une journée avec des groupes comme Celeste, General Lee, Le Dead Projet, MNMNTS… L’année dernière, nous voulions faire un festival plus éclectique sur trois jours avec Kap Bambino, The Secret, Peter Kernel, Gazers, Plebeian Grandstand…

Il semble que l’an dernier vous ayez fait face à des difficultés d’ordre économique.

Oui, je pense qu’on a voulu être trop gourmand, mais aussi nous avons subi un mois avant le fest l’un à la suite de l’autre, les annulations de groupes tels que Defeater, Rotting Out, Birds In Row…, une salle onéreuse et donc des prix qui étaient peut être trop élevés pour notre “public”. Cela a été dur, mais cela ne nous a pas découragé, au contraire nous avons voulu taper fort cette année. Mais sur Paris on peut voir beaucoup d’évènement, dont on ne soupçonnerais pas, qui sont en déficit.

Pourtant l’OTB revient cette année avec une affiche encore plus dingue que les précédentes. Comment vous en êtes-vous sortis ?

On a voulu faire jouer des acteurs principaux de la scène internationale, européenne et française. Tous les groupes que nous avons contactés ont tous été emballés par l’idée. Bien sûr, les demandes affluaient. On fait jouer les groupes que nous aimons écouter ou voir jouer live, c’est le principe de base. Les noms sont venus au fur à mesure pour arriver à cette affiche que nous aimons beaucoup.

Faire venir Will Haven en France c’est un très gros coup. Racontez-nous comment vous avez eu cette idée.

On a toujours aimé Will Haven depuis notre adolescence. Même si Flow est plus âgé que moi, et à l’époque du neo metal, on à toujours préféré leur son unique comme Deftones… Je voulais les faire jouer depuis longtemps : ils passaient en Europe, on leur a tout simplement demandé et ils ont dit OK sans prétention aucune. On est vraiment très content de les avoir sur l’affiche !

La scène française n’est pas en reste avec les présences de Celeste, The Prestige, Valve… Que pensez-vous de la scène hardcore française ?

Il y a toujours plein de groupes qui défoncent en France ou ailleurs. La “scène” a toujours été en ébullition, que tu sois un petit groupe de Navarre ou de grande ville. Avec OTB, on a toujours mis des groupes locaux ou français en avant sur nos concerts, car on pense qu’ils méritent autant de jouer dans des salles comme La Maroquinerie que des groupes soit disant plus connus. Des événements comme le Throatruiner Fest montrent bien que les groupes français n’ont pas à être jaloux d’autres pays !

Les éditions précédentes se déroulaient à la Flèche d’Or. Pourquoi ce changement pour La Maroquinerie ?

Nous avons aussi décidé de changer de salle et de privilégier La Maroquinerie que nous aimons en terme d’accueil, de capacité et de situation géographique. Nous adorons La Flèche d’Or, c’est une belle salle, mais nous voulions du changement.

 

 

De manière générale, quelles difficultés rencontrez-vous lorsque vous souhaitez organiser des concerts/festivals de musiques extrêmes ?

Bien sûr les lieux ! Le bruit de la batterie, des grosses guitares en repoussent plus d’un, surtout dans une ville comme Paris, qui adore se plaindre. (rires) C’est un combat récurrent que nous menons comme toutes les assos, agences qui organisent sur Paris ou Banlieue. Les lieux ferment et ouvrent. Nous essayons de faire notre maximum afin que les gens puissent voir un concert au prix le plus bas, dans les meilleurs conditions possibles, en fonction de nos contraintes, bien sûr. Les cachets, demandes des groupes, l’emplacement des salles de concert peuvent nous freiner, mais l’important c’est la musique, un point c’est tout.

Vous étiez présents lors du Throatruiner Fest la semaine dernière. On n’a pas eu le sentiment qu’il y ait une rivalité entre cet événement et le vôtre. Y’a-t-il une solidarité particulière au sein de cette scène française ?

Non, c’est pour cela que nous étions présents et nombreux, car Throatruiner a fait un énorme boulot, comme Music Fear Satan et plein de petits labels en France, pour faire découvrir le maximum de groupes en France. On se refile des plans, nous sommes amis et travaillons ensemble, on s’aide, même si parfois chacun bosse de son côté aussi. Il n’y a pas de sectarisme, et les groupes que nous aimons faire jouer reviennent à Paris, car nous mettons l’accent sur l’accueil, les repas que nous préparons avec amour pour les groupes, l’organisation que nous essayons de peaufiner au maximum. Certains groupes reviennent exprès jouer pour les repas. (rires)

De quelles aides, logistiques et financières, avez-vous bénéficié pour l’organisation de cet événement ?

On a eu pas mal de partenariat comme Sailor Jerry, New Noise Magazine, Metalorgie, Alternativ News, OÜI FM… Ils nous ont bien aidés à relayer l’information, dans une période située entre La Villette Sonique, le Deathwish Fest…

On imagine que vous pensez déjà à la suite…

On devient moins sectaires et obtus avec l’âge ! Après il faut faire tourner une structure, satisfaire notre public avec des shows de qualité. On a plein de groupes qui nous demandent de les faire jouer. On préfère organiser sporadiquement et avec plaisir, qu’être surchargé. Surtout qu’avec nos groupes respectifs, nos tournées, nos boulots et nos copines, il faut réussir à caler tout ça.

 

 

Pensez-vous que la prolifération de ce genre de mini festivals puisse véritablement pousser le hardcore français un peu plus dans la lumière ?

Il y a plein de concerts tout le temps dans ta ville. Je pense que des gros événements permettent de rassembler pas mal de monde, mais il faut se déplacer aux petits concerts durant la semaine, avec des groupes locaux ou autres.

De manière générale, on sait que c’est une scène qui cultive énormément cet aspect très “underground”. Cependant, les groupes aspirent à jouer et sans un minimum de reconnaissance, il n’est pas possible de prendre la route sans s’endetter considérablement. Pensez-vous que cette scène, et les autres scènes alternatives en France auraient besoin d’un coup de pouce des institutions culturelles influentes ?

Bien sûr, tourner, enregistrer coûte cher. Mais je pense que faire les choses toi même, en DIY, te permet d’avancer comme tu veux, où tu veux. Et tu n’as pas besoin d’attendre et tu es fier de ce que tu fais. Tu peux aussi bien enregistrer ton album dans un studio pour trois mille euros, mais tout dépend quel public tu veux toucher: celui qui veut écouter un truc bien produit ou juste de la musique qui te touche, quelle soit LOFI ou grindcore. Si tu attends coup de main d’une mairie ou autre institution, tu peux attendre longtemps. Certains groupes s’en sortent très bien en faisant tout eux mêmes de A à Z, il suffit juste de réfléchir et de bien s’entourer. Si tes amis t’aident en venant à tes concerts, en t’enregistrant dans leur studio, qu’ils te font jouer et que tu fais de même en retour, c’est ce qu’on appelle le vivre “ensemble”.

On vous laisse le mot de la fin !

Viens mosher au OTB Fest ! Continuez à supporter votre scène, n’hésitez pas à vous intéresser à de nouvelles choses… Joie et prospérité.

Adrien et Flow pour OTB

 

 

 

Site web : oldtownbicyclette.org

Nathan Le Solliec
LE MONDE OU RIEN