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ALTER BRIDGE (20/08/13)

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Alors que “Fortress” est prévu pour le 30 septembre via Roadrunner Records, RUL a eu le plaisir de rencontrer Mark Tremonti et Myles Kennedy au mois d’août, afin d’en savoir plus sur leur quatrième réalisation studio, et le tout dans une ambiance décontract’ !

Bonjour à vous deux, comment allez-vous?

Mark Tremonti (guitare) : Bien, très bien.

Myles Kennedy (chant/guitare) : Bien, merci.

Votre nouvel album sort le mois prochain, comment vous sentez-vous ?

Mark : Je suis très impatient qu’il sorte, très heureux des premiers retours également, vivement que les fans puissent l’écouter !

Le fait d’avoir eu un petit break, en raison des différents autres projets : Creed, Slash, l’album solo de Tremonti; a-t-il aidé le groupe a gardé un certain degré d’impatience et le désir de faire un super album ? Qui fut prévu avant cette pause justement.

Myles : Oui, nous travaillions tellement dur que nous voulions simplement continuer l’aventure, sans repos, en étant dans les dispositions idoines pour cela afin qu’on puisse faire cela avec l’intention d’explorer de nouveaux horizons musicalement mais aussi de continuer notre évolution, c’est très excitant mais également stressant, nous verrons tout cela dans quelques semaines.

“Fortress” est votre quatrième album, premièrement pouvez-vous nous en dire plus sur message derrière ce titre ?

Myles : Quel pourrait être le message ?

Mark : Tout d’abord, nous avons choisi le titre en scrutant les différents titres donnés aux morceaux puis nous avons choisi notre préféré. Ensuite, en observant la pochette de l’album, tu t’attends à voir un château mais en réalité c’est une vétuste barque, vulnérable et abandonnée car le terme “fortress”, à défaut d’être quelque chose de stable avec des fortifications, est à l’opposé, c’est-à-dire toute ces choses qui ne sont pas éternelles et qui meurent également; il y a vraiment de l’espoir donc.

Myles : (regardant Mark et riant à propos de sa conclusion)

 


Quelles approches avez-vous eu pour ce nouvel opus ? En quels points ce quatrième album est-il une évolution pour Alter Bridge ?

Myles : Du risque, nous prenons des risques. Nous avons choisi de ne pas suivre certaines méthodes de facilité puis, à un certain point, nous avons fait cela par le passé or celui-ci nous a vraiment permis plus de liberté et nous n’étions pas effrayé à l’idée d’avoir des titres de plus de quatre ou cinq minutes; nous les avons laissé vers ce à quoi elles devaient tendre afin de raconter leurs histoires. Donc je pense que c’était la principale différence entre cet album et les trois autres ; simplement se libérer.

Mark : Oui, nous avons essayé de montrer plus de maturité dans nos sentiments artistiques et de ne pas être prévisible, d’entrer en challenge à soi-même, d’y apporter l’expérience qui s’est accumulé entre les albums.

AB III” était beaucoup plus sombre que les deux premiers albums et celui-ci l’est également mais avec d’autres éléments, orientés d’une autre façon. Que vous a-t-il poussé dans cette atmosphère ?

Myles : Je pense qu’on écrit, voilà tout. Nous puisons dans ce qui vient ici et là et les fans semblent apprécier cette sombre facette, cette phase plus intense de la musique. A la base, nous sommes plus percutants, beaucoup d’hymnes optimistes et nous essayons toujours de garder une certaine partie de cela sur l’album, “All Ends Well” va probablement convenir à cela. Le temps passe et voilà où nous en sommes maintenant, pour de quelconque raisons; ce n’est pas parce que nous sommes nous-mêmes de sombre personnage, mécontents de tout; nous devenons frustrés, suffit d’observer le monde dans lequel nous vivons, avec tellement de choses qui te foutent en rogne, donc t’écris sur ces sujets, mais de manière générale, nous sommes du bon côté, en tant qu’être humain.

Il y a toujours deux phases avec les albums d’Alter Bridge : la partie qui te rentre en pleine face et les moments plus posés également. Certains groupes vont poursuivre sur la première partie, avec lourdeur et vitesse, or ce n’est pas votre cas. Pouvez-vous expliquer ce désir d’avoir ces deux composantes ?

Mark : Tout est question de dynamique mais également de t’emporter dans une aventure lorsque tu écoutes l’album. Je pense que si tu n’as que des morceaux heavy, elles sonneront moins heavy car les titres seront moins spéciaux car tu ne peux les comparer entre elles, il n’y a pas de haut et de bas, seulement des hauts. Nous aimons imprimer de différentes dynamiques en studio mais également sur scène parce que cela est plus expressif pour nous.

Dans quelle mesure s’investissent Brian et Scott durant la phase d’écriture ? Sachant que la plupart de la musique est le fruit de votre travail à tous les deux.

Myles : A vrai dire ils sont également à l’origine des idées. Si Mark ou moi amenons une idée, nous en discutons avec eux bien évidemment, s’ils aiment tant mieux, sinon alors on passe à la suite. Scott a beaucoup d’idées et il est très précieux pour nous, Brian également mais d’une autre façon. Les lignes de Brian sont vraiment uniques, il a une approche bien à lui, on ne pourrait rien faire sans eux.

 


Quelle était l’atmosphère régnante avec Brian et Scott, avant que Myles ne vienne au studio ?

Mark : On s’est posé avec guitares acoustiques, jouant nos différentes idées qu’on avait pondues séparément. Donc je lui jouais une idée, il me jouait une idée et on essayait de les accorder ensemble, comme un puzzle, au cours des semaines, puis lorsque nous étions au complet, on s’est occupé des riffs et des arrangements avec Elvis, les travaillant à mort histoire de voir où ces chansons nous mènent; puis d’essayer de nouvelles choses, jamais faites encore avant de se séparer pour mettre sur papier nos parties respectives.

Myles, on a entendu il y a quelques années que tu travaillais sur un album solo, qu’en est-il ? La rumeur était-elle vraie ?

Myles : En effet, c’est le cas. Lorsqu’ils étaient occupés avec la reformation de Creed, je me suis enfermé et isolé de tout, en 2009, pour bosser sur cet album solo et, les instruments sont enregistrés et tout est plutôt prêt, les lyrics sont écrites, ce n’est plus qu’une question de temps, une ou deux, d’aller au studio et de capter le chant. Puis ensuite, je ne sais pas ce que je ferais, je ne sais pas comment, tu vois, avec les différents groupes, Slash et Alter Bridge, je suis plutôt occupé jusque-là mais j’aimerais le sortir en effet.

Mark, avec ton album solo “All I Was”, tu as également pris le poste de chanteur, qu’est-ce qui t’as suscité l’envie de chanter et de ne pas faire appel à un chanteur ?

Mark : Car je suis compositeur depuis que je suis gosse et les mélodies vocales sont ma partie préférée, juste après les guitares. Tu sais, quand tu chantes en tant que compositeur, au départ tu n’es pas si à l’aise que ça mais au fil des années tu développes tes capacités, j’ai suivi un long chemin et j’ai juste eu envie de chanter sur ces titres, comme je les voulais et c’est un nouveau challenge, j’ai beaucoup apprécié.

 


Et ça te fait quoi d’avoir un Van Halen dans le groupe ?

Mark : Ouais, il est génial, si talentueux; un super batteur, un super guitariste et bassiste; un mec charmant et un apport intéressant au groupe.

Mark, tu chantes également sur “Waters Rising” aux côtés de Myles. Comment est venue cette idée ? Qui l’a eu ? Pourquoi ne t’avons pas entendu sur les précédents albums ?

Mark : J’ai chanté quelques couplets sur “Words Darker Than Their Wings”, c’était en quelque sorte mon initiation au chant lead. Depuis que j’ai fait mon album solo, Myles et Elvis parlaient de trucs et Myles n’arrêtait pas de repousser “Waters Rising” au bas de la liste à faire puis “pourquoi on prendrait pas Mark pour chanter sur celle-ci ?” puis je m’y suis collé.

Quid du résultat ?

Mark : Yeah, j’adore; c’est fun de chanter.

Myles : Parfois… et quand ta voix le permets. (rires)

Avoir “Fortress” en conclusion est-il une façon de dire “Et bien, toutes les chansons précédentes forment la forteresse” ?

Myles : Non je pense que c’était juste plus logique de conclure avec ce titre. La majorité des chansons, pas toutes, mais un bon nombre touchent à des sujets qui aident à détruire la forteresse et le terme “forteresse” vient vraiment de l’idée que quelque ce soit la chose, le gouvernement, le mariage ou peu importe, qui pense être solide à vie, tout ceci est en fait très fragile.

Mark : Le Père Noël.

Myles : Le Père Noël, le Lapin de Pâques. (rires) Donc oui, beaucoup de titres touchent aux thèmes permettant d’y mettre fin.

L’album fut une fois de plus produit par “Elvis”. Qu’a-t-il apporté à ce nouvel opus ?

Mark : C’est le chef, celui qui réussit à nous mener vers cet énorme son. C’est durant la phase de pré-production où il rayonne, c’est là où il devient un membre à part entière du groupe; puis nous nous efforçons de faire au max avec tous les arrangements, les transitions, gardant cette énergie et cette spontanéité.

Serait-il envisageable de vous voir travailler avec un autre producteur, d’essayer de nouvelles choses ?

Mark : Nous l’avons déjà fait par le passé.

Myles : C’était juste l’élément parfait pour notre groupe. Nous l’avons senti avec “Blackbird” (2007), il se passe que ce mec a compris le groupe et l’encourage dans les directions dans lesquelles il veut aller.

 


Si vous deviez choisir les trois titres décrivant le mieux l’album, lesquels et pourquoi ?

Mark : “Cry Of Achilles”.

Myles : “Cry Of Achilles” oui.

Mark : Il résume plutôt bien la direction artistique de l’album dès le départ. “Fortress”, et ensuite ?

Myles : “Fortress” oui.

Mark : Puis une pour les dynamiques…

Myles : Je ne sais pas trop… “Calm The Fire” peut-être ? Juste parce que d’autres ne sont pas si épiques. Il y a “All Ends Well”, le côté heavy de “Bleed It Dry”, donc je dirais “Bleed It Dry” !

Mark : Yeah, celles-ci seraient mon top 3. Elles ne représentent pas vraiment l’album, il y a différentes couleurs dans cet album.

A quoi peuvent s’attendre les fans ?

Myles : L’album le plus aventureux d’Alter Bridge, musicalement parlant, et le plus intense également; c’est ainsi que je le décrirais.

Mark : Tout à fait.

Lorsque nous avons écouté au single puis à l’album, la réaction fut “ok, il y a le single puis le reste”. Le single n’est pas si représentatif de l’album.

Mark : Le single n’est qu’une couleur de la palette que présente l’album. Il y avait quatre morceaux pour le single : “Peace Is Broken”, “Cry A River” et peut-être “Farther Than The Sun”; ce sont les titres les plus cash en termes de hard rock énergique. Je pense que dès l’écoute de “Cry Of Achilles”, ils vont réaliser “oh ok, l’album va se dérouler de cette manière”.

 


Avez-vous déjà une idée concernant la setlist que vous allez jouer lors de la prochaine tournée ?

Mark : Non ! Et nous devions en discuter ici.

Myles : Aucune idée, il va falloir trouver une solution.

Mark : Nous allons tous rédiger nos setlists puis on va se les envoyer.

Myles : Exact.

Mark : Combien de titres ? Vingt ?

Myles : Oh je ne sais pas, c’est une bonne question, je n’y ai pas encore réfléchi.

Allez-vous réitérer ceci ?

 


Mark : Sympa !

Myles : Probablement non, sans doute pas sur cette partie de la tournée.

Bon, nous ne sommes pas très à l’aise avec cette question mais on vous la pose quand même : vos deux premiers album furent de très bons succès aux US. Lorsque Myles a commencé à collaborer avec Slash; depuis cela a-t-il ouvert un nouveau rayonnement promotionnel pour Alter Bridge ? De nouveaux fans viennent apprécier votre musique, viennent à vos concerts également. Beaucoup ont connu Alter Bridge parce qu’il a chanté avec Slash.

Myles : Oui je pense que cela amène un certain degré d’attention supplémentaire, je suppose qu’ils n’étaient pas là au début mais je pense qu’étant sur les routes, constamment, ou Mark avec Tremonti et Creed. Bosser dans l’industrie musicale c’est d’être comme un requin, lorsque le requin arrête de nager, il meurt, et c’est ainsi qu’il faut voir les choses, à toujours faire et continuer ce que tu entreprends.

Mark : Lorsqu’un requin arrête de nager, il meurt ?

Myles : Ouais. (rires) Je me trompe peut-être. (rires) Je pense que nos différents projets ont aidé Alter Bridge.

Car vous avez joué à La Maroquinerie puis ensuite au Zenith, qui est bien plus grand.

Myles : Yeah c’était vraiment énorme.

Mark : La prochaine fois, on jouera dans la cour du Louvre. (rires)

Quels sont les groupes auxquels vous écoutez ces derniers temps ?

Myles : Oh mec, beaucoup. Le nouvel album de Karnivool.

Mark : Un bon groupe.

Myles : Intéressant. 

Mark : La nouvelle scène progressive est très intéressante pour nous qui avons grandi avec le metal traditionnel. Le dernier concert auquel j’ai assisté, c’était Animals As Leaders et Periphery; ce sont de jeunes groupes très talentueux.

Myles : Ces jeunes branleurs ! (rires)

Mark : Les enfants et leur forte musique.

Myles : (rires)

Avez-vous écouté au nouvel album de Dream Theater ?

Myles : Ouais ! Il est super, ces mecs sont des monstres, c’est fou.

Leur prochaine est “Une soirée avec” avec un set de trois heures. Pouvons-nous imaginer Alter Bridge proposer “Une soirée avec Alter Bridge”?

Mark : A propos des trois heures je ne sais pas… peut-être deux ? Peut-être trois s’il y a des groupes qui jouent entre chaque break; Scott Phillips et son spectacle de comédie.

 


Un message pour votre énorme fanbase française ?

Mark : Parler d’Alter Bridge autour de vous pour qu’on puisse jouer plus d’un concert en France. Nous voulons nous étendre et jouer plusieurs shows, ici en France, et nous adorons ça !

Myles : Ouais !

Avant la dernière question, Myles, qu’as-tu à répondre aux nombreuses demoiselles qui veulent se marier avec toi ? (rires)

Mark : Wow, Myles est un sex symbole français !

Myles: Et bien, je suis déjà et très heureux d’être marié mais cela me flatte beaucoup.

Mark : Fais en profiter ! (rires)

Myles : (rires)

Mark : Prêt à sauter sur l’occasion ! (rires)

Finalement, nous sommes “RockUrLife”, donc qu’est ce qui rocks vos life ?

Mark : Le rock n’roll, la création de musique, mes enfants, ma famille, mes amis; il faut positiver mec !

Myles : Wow, c’était positif ça ! (rires) Qu’est ce qui rock ma life ? Le rock, tout type de musique allant du heavy metal au blues jazz, ouais, j’adore la musique, c’est mon oxygène.

 


Crédit photos : Fanny Schneider

Site web : alterbridge.com