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MOTOCULTOR FESTIVAL 2015 – Jour 2 (15/08/15)

Après une première journée avec du bon son, de belles surprises et des confirmations, ce second jour s’éveille aux lueurs des premiers rayons de soleil qui viennent éclipser les dernières gouttes de la veille. La nuit fut fraiche et le réveil que plus difficile. Les problèmes logistiques de la veille notamment avec des files d’attente interminables et un manque de victuailles en fin de journée, sont déjà oubliés et c’est avec le plus grand optimisme que nous débutons cette journée en terre bretonne.

ARCANIA (Dave Mustage) – Le combo originaire d’Angers n’est pas totalement un inconnu pour les assidus du Motocultor. En effet, c’est lui qui avait remplacé Six Feet Under au pied levé (ils avaient été prévenus le jour même) l’année dernière. La prestation avait d’ailleurs été assez remarquée. Malheureusement, étant données les circonstances, son nom n’avait pas pu figurer à l’affiche. Voilà qui est maintenant chose faite ! On notera le T-shirt Exodus porté par Guillaume, le bassiste, très probablement en souvenir de la tournée qu’ils viennent de faire en leur compagnie en mai/juin de cette année. Du thrash bien lourd et bien speed, tout à fait sympathique, voilà ce que nous prendrons dans la tête pendant quarante minutes. Et c’est exactement ce qu’il fallait pour se mettre en jambes et en oreilles en ce début de deuxième journée. Ils se permettront même le luxe de jouer avec le public en le sollicitant à grand coups de batterie. C’est donc à nouveau un très beau succès pour Arcania en ce samedi malgré l’heure “matinale”.

 

 

ABYSSE (Massey Ferguscène) – Des compositions principalement musicales, du prog atmosphérique, mélodique et planant pas forcément facile d’accès au premier abord. S’adressant plutôt aux passionnés du genre, Abysse sonde les profondeurs de la noirceur. A deux doigts de décrocher, nos oreilles seront rattrapées d’extrême de justesse par tout d’abord un, puis plusieurs titres beaucoup plus pêchus qui, oscillant entre mélodique et brutalité, nous feront basculer vers le côté puissant de la force. Et ce, pour notre plus grand bonheur. Une vraie découverte que cette formation de Cholet qui nous aura balancé un set en forme de douche écossaise avec des morceaux parfois coulants et d’autres fois forts et percutants. Une prestation fort intéressante, toute en contrastes. D’ailleurs, l’auditoire ne s’y trompera pas, grossissant fortement les rangs au fur et à mesure du set comme attiré par les riffs accrocheurs s’échappant de la Massey Ferguscène.

 

 

BLISS OF FLESH (Dave Mustage) – Comme à leur habitude, les musiciens sont en place dos à la foule pour commencer le set. Necurat, chant, arrivera avec un rictus énervé vissé sur les lèvres, prêt à nous déverser sa rage un pied posé sur un des pics du micro. Ce sont ainsi quarante minutes de black/death (principalement axé du dernier album “Beati Pauperes Spiritu” sorti en 2013) qui vont se déverser sur la foule venue en nombre. Cette dernière appréciera de bout en bout le traitement maléfique qui lui sera réservé. Le set se terminera sur “Pariah”. Nous aurons même droit à un beau craché de flammes de la part de Necurat avant qu’il ne bénisse la foule.

 

 

DRAKWALD (Massey Ferguscène) – Un folk metal sympathique, mais assez classique. L’ambiance peinera un peu à s’installer, sauf lorsqu’il s’agit de bière (“When Beer’s Flowing”). Un enième wall of death sera organisé sur “Giant With The Axe” (quel groupe n’aura pas eu le sien durant ce festival soit dit en passant). Seulement voilà, malgré un gigantesque drapeau breton ostensiblement vissé à la cornemuse des Tourangeaux, rien n’y fera : la bonne ambiance des premiers rangs peine à se répandre. Nous aurons droit à “Night Of All Redemptions”, un morceau inédit du prochain opus qui sera enregistré en novembre 2015 et devrait sortir début 2016.

 

 

ANGELUS APATRIDA (Supositor Stage) – Habitués du Motocultor puisqu’ils étaient déjà là en 2011 et 2013, Angelus Apatrida doit une nouvelle fois prouver sa suprématie en live. Car s’ils ont sortis plusieurs albums leur permettant de devenir un des piliers du mouvement revival thrash, c’est surtout en live que la musique prend toute sa dimension. Bien que leurs furieuses prestations restent assez similaires les unes des autres, les Espagnols ne déçoivent jamais. Ils ont de l’énergie à revendre et une fois de plus on est obligé de constater que l’ambiance est ENORME. La formation retourne littéralement la fosse, où pogos et circle pits sont de mises. Ayant sorti “Hidden Evolution” cette année, plusieurs titres de la setlist en sont extraits et passent très bien l’épreuve de la scène (“Immortal”, “End Man”) au milieu des plus anciens (“Blast Off”, “Give ’Em War”). Et que dire du final explosif “You Are Next” enchainé directement avec la reprise de Pantera, “Domination”, sur laquelle le combo invite ses camarades de Crisix, avec notamment Juli Bazooka en duo ! C’est du grand n’importe quoi, sur scène comme dans le pit qui puise dans ses dernières ressources. C’est net précis, et c’est torché en quarante-cinq minutes. Oui Angelus Apatrida est la fierté du metal espagnol et tient à le rester !

 

 

TANKARD (Supositor Stage) – Un concert de Tankard et bien, c’est un concert de Tankard ! On ne peut pas dire que les Allemands sont les rois de la surprise, mais en live il n’y en a pas deux comme eux pour vous pousser à la consommation (Korpiklaani à côté, c’est du jus de raisin). Mais s’il y a une chose pour laquelle le groupe force le respect c’est sa présence aujourd’hui parmi nous. Là où certains ont joué les divas (Delain qui a annulé sa prestation, car pas suffisamment bien placé sur l’affiche ou bien Kyle Gass Band qui préfère jouer en Allemagne à la même date), Tankard est là devant nous malgré le supposé AVC du batteur Olaf qui a eu lieu quatre jours auparavant. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire les Teutons ont rapidement trouvé un intérimaire, en la personne de Gerd Lücking (Holy Moses), pour assurer leur présence. Considéré par certains comme faisant partie du “The Big Teutonic 4”, le combo de thrash metal aux influences punk fondé en 1982 envoie le bois en bonne et due forme en commençant par “Zombie Attack”. Aucun artifice, aucun blabla inutile, rien que du thrash metal houblonné ! La setlist a été concoctée aux petits oignons puisque toutes les hymnes se succèdent : “The Morning After”, “Chemical Invasion”, les plus récents “A Girl Called Cerveza”, “R.I.B. (Rest In Beer)” et “Rapid Fire (A Tyrant’s Elegy)” pour aboutir sur l’évident final “(Empty) Tankard)”. De quoi passer un excellent moment en leur compagnie… comme d’habitude !

 

 

SODOM (Dave Mustage) – Dans un registre pas si éloigné que Tankard mais moins déganté, et après sa brillante prestation au Hellfest, nous avons plaisir à revoir pour la seconde fois de cet été Sodom. Les ténors du thrash allemand maitrisent à la perfection leur sujet avec un show millimétré qui met l’accent sur leurs meilleurs titres : “The Vice Of Killing”, “Agent Orange”, “Outbreak Of Evil”, “Sodomy & Lust” ou encore l’habituelle transition entre la reprise de “Surfin’ Bird” et “The Saw Is The Law”. Cependant, le son brouillon ne rend pas justice aux morceaux. La basse est quasi nulle, le tout n’est pas équilibré, une bonne bouillie inaudible. Nous décidons donc de modifier notre position et nous placer près de la table de mixage. C’est là que nous pouvons apprécier au mieux les compositions interprétées aujourd’hui, même si le son n’est pas parfait. Avec une énergie très punk, le groupe nous prend sous son aile. Commence alors pour nous du headbanging féroce (notamment sur “Blasphemer”) qui nous laissera des séquelles pendant plusieurs jours. Globalement, le set sera peu ou prou le même que celui du Hellfest, à savoir une succession de titres accrocheurs et dévastateurs avec un final dantesque sur “Ausgebombt”. Même si ce concert ne fut pas à la hauteur des fois précédentes, on s’est encore une fois de plus bien amusé. Une fois n’est pas coutume, Sodom a assuré comme des bêtes, avec toujours le même plaisir et la même communication.

 

 

BÖMBERS (Massey Ferguscène) – “Nous sommes Bömbers et nous jouons aussi du rock n’roll !”, nous voilà prévenus. Le trio, au sein duquel on retrouve à la basse et au chant Abbath (Immortal) grimé en Lemmy, reprend du Motörhead comme à ses débuts dans les 80’. L’évident “Bomber” ouvre le show, nous voilà partis pour une heure de reprises ultra-speedées, avec une voix ressemblant à s’y méprendre à l’originale. Ne tombant pas dans la facilité de jouer que des titres connus (“No Class”, “Shoot You In The Back”, “Iron Fist”, “Stay Clean”) ou ultra connus (“Killed By Death”, “Overkill”, “Orgasmatron”), les Norvégiens ont le mérite de nous faire redécouvrir des morceaux moins communs comme “I’m So Bad (Baby I Don’t Care)”, “Back At The Funny Farm”, “Metropolis” ou encore “Stone Dead Forever”. Abbath, qui semble tenir une bonne couche de Jack Daniel’s, déconne en permanence entres les morceaux. Le show se veut décontracté et fun, mais incroyablement fidèle et carré. Le pit quant à lui est ultra violent et les slams s’enchainent avec la même verve que les morceaux. Un final en apothéose sur “Over The Top” enchainé sur l’incontournable et légendaire “Ace Of Spades” et nous voilà comblés. Les heures suivantes il ne sera pas rare d’entendre : “Bömbers c’est du Mötorhead en mieux !”. Un petit troll en bonne et due forme, car on ne pourra jamais dire qu’un groupe tribute est mieux que l’original vu qu’il n’a pas le mérite d’avoir composé ses propres morceaux, mais force est de constater qu’au vue de la prestation décevante de Motörhead au Hellfest, Bömbers est dans la force de l’âge. Prenons le plutôt comme un bel hommage au groupe de Lemmy, qui espérons-le ne nous quittera pas de sitôt.

CARCASS (Dave Mustage) – S’il y avait une prestation qu’on attendait au tournant ce samedi c’était bien celle des légendaires Carcass, revenus sur le devant de la scène avec le rouleau-compresseur “Surgical Steel”. Reconnus pour proposer des sets chirurgicaux de death/grind mélodique, les Britanniques ont ce soir un son surpuissant. Cependant, hormis le chanteur Jeff Walker qui ne cesse de dialoguer avec le public, on les sent plus concentrés que concernés. Les autres musiciens préfèrent laisser parler leurs instruments. Batterie clinique, guitares techniques, les Anglais ne font pourtant pas de quartier ! Comme toutes les dernières prestations, la bande laisse une place privilégiée à son dernier essai en date, “Surgical Steel”, avec dans l’ordre effectué “Unfit For Human Consumption”, “The Granulating Dark Satanic Mills”, “Cadaver Pouch Conveyor System” et “Captive Bolt Pistol”, mais n’oublie pas l’album fondateur du death mélodique “Heartwork” puisque trois titres sur onze lui sont consacrés (“Buried Dreams”, “This Mortal Coil” et le progressif et maléfique “Heartwork” en guise de conclusion). Mais le reste de leur courte discographie (oui six albums en trente années de carrière c’est peu !) n’est pas en reste. Et c’est d’ailleurs avec les titres plus anciens qu’on se fait charcuter avec plaisir (“Incarnated Solvent Abuse”, le culte “Exhume To Consume” ou encore “Corporal Jigsore Quandary”). Même le discuté “Swansong”, survolé ce soir avec le morceau “Keep On Rotting In The Free World”, aura sa place. Seul leur premier effort “Reek Of Putrefaction” n’est pas représenté, et pour cause, le set écourté de cinq minutes passera à la trappe le seul extrait de ce disque. L’exécution est exemplaire, et un chaos monumental s’installera durant cinquante minutes dans la fosse. En demeure une prestation un peu en deçà que ce qu’on avait pu voir aux Hellfest 2008 et 2010, notamment à cause qu’une scène plus épurée (les vidéos gores qui passaient en fond de scène lors de la prestation de 2010 nous semblent tout bonnement indissociable du groupe), une setlist moins dévastatrice et une prestation en roue libre. Toujours aussi remarquable mais peut mieux faire !

 

 

DEATH TO ALL (Dave Mustage) – Ce qui ne devait être qu’une tournée hommage semble s’être finalement transformée en reformation avec un nouveau chanteur. Voilà l’impression que l’on a lorsqu’on se rue sur le devant de la scène, jonchée de bâtons d’encens, de la formation tribute à Death qui compte dans ses rangs d’anciens membres du combo du regretté chanteur Chuck Schuldiner : Bobby Koelble à la guitare, Steve DiGiorgio à la basse et Gene Hoglan à la batterie. Des membres de Testament, Dark Angel, Sadus, Cynic rassemblés sur scène, peut-on rêver mieux ? Et bien peut-être pas ! Car que l’on soit fan ou pas de la discographie des Floridiens, il est plaisant d’observer des artistes aussi talentueux exécuter des morceaux cultes avec une telle aisance. Les musiciens sont impressionnants de virtuosité et de classe. Même le jeune chanteur/guitariste Max Phelps (Cynic) imite parfaitement la voix de Chuck. Death To All revisite les testaments angulaires de Death, de ses débuts “Zombie Ritual”, “Baptized In Blood”, “Leprosy/Left To Die”, “Pull The Plug” à la fin “The Philosopher”, “Overactive Imagination”, “Symbolic”, “Crystal Mountain” ou encore le plus récent “Bite The Pain”. Puissance sonore, rapidité du tempo, voix maitrisée et agressive, solis de guitare d’une grande dextérité, tous les ingrédients sont réunis pour se prendre une claque monumentale. Ce soir, DTA accomplit avec brio la tâche qui lui incombait en proposant un concert honnête avec une humilité bienvenue.

 

 

BRUJERIA (Supositor Stage) – Annoncés en remplacement de Six Feet Under qui aura une fois de plus fait faux bon au festival breton, Brujeria investi la supositor stage. Tels des bandits Mexicains, bandanas (judicieusement troués au niveau de la bouche pour les 2 chanteurs) sur le nez, ils débarquent pour délivrer ce qui sera le dernier concert de la journée sur cette scène. Fort du souvenir mémorable de leur set au Hellfest 2007 qui avait littéralement retourné le public, nous étions impatients de retrouver le combo masqué, aux rangs duquel on retrouve rien de moins que Shane Embury, plus connu comme bassiste de Napalm Death (en charge de la guitare dans Brujeria) ou Jeff Walker également bassiste mais dans Carcass (et donc sur la Dave Mustage quelques minutes plus tôt). Malheureusement, cette fois, la sauce mexicano/américano/anglaise ne prendra pas. La faute à un son plutôt brouillon ? Le chant peu convainquant ? Pititis, la chanteuse/danseuse outrageusement chirurgiquée et surexitée arrivée sur “Pititis Te Invoco” et qui aurait mieux fait de s’éclipser une fois l’invocation terminée, tant elle n’a fait qu’en rajouter au chaos déjà existant ? Peut-être un peu tout cela en fait. Et malgré les morceaux qui s’enchaineront : “Hechando Chingasos”, “Vayan Sin Miedo”, ou la plus si nouvelle “Angel De La Frontera”, rien n’y fera. Pas même la traditionnelle “Marijuana” sur l’air de la “Macarena” servie en guise de bouquet final. Grosse déception. Il est franchement impossible de dire autrement.

 

 

GOD SEED (Dave Mustage) – Annoncé comme le dernier concert du groupe, par l’organisation, l’heure est grave. Il conviendra donc de savourer cette prestation avec toute la concentration qu’il se doit, les oreilles et les yeux grands ouverts. C’est donc depuis les tous premiers rangs, que nous profiterons de ce qui est annoncé comme la dernière apparition des Norvégiens. A vrai dire, cette annonce n’est finalement qu’une demi-surprise. En effet on se souviendra que déjà en 2009, Gaahl souhaitant se retirer de la scène metal avait quitté le groupe avant de revenir en 2012. Pourtant, alors que King Ov Hell (basse) a rejoint Abbath (ex-Immortal) depuis avril dernier, un nouvel album de God Seed était en projet. Ou tout du moins la partie batterie, en ce qui concerne les textes, c’est probablement une autre histoire. Toujours est-il que, le moins que l’on puisse dire est que l’annonce est bien discrète : Aucun communiqué officiel n’a été fait à ce jour. Ainsi donc, après avoir assisté au premier concert de God Seed au Hellfest en 2009, il semblerait que nous ayons assisté cette fois au tout dernier. La boucle est donc bouclée et une page se tourne. Saura-t-on un jour ce qu’il s’est vraiment passé ? Rien n’est moins sur. Et même si nous ne serions pas plus que cela surpris de voir Gaahl renaitre tel le phénix, au travers d’une autre forme d’expression artistique, pour l’heure, nous voilà devant un fait : Gaahl reste black metoool jusqu’au bout, il partira sans un mot !

 

 

Après trois nuits sur le camping, la fatigue se fait bien ressentir. Ce soir nous ne trainerons pas trop, la nuit s’annonce déjà bien trop courte pour nous ressourcer en vue de la dernière journée. C’est l’estomac plein, contrairement à pas mal de nos amis qui n’ont pas pu obtenir plus d’une barquette de frites en fin de soirée, que nous nous endormons en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

Jour 1Jour 2Jour 3