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AGAINST ME! @ La Flèche d’Or (03/05/15)

Presque un an après son concert remarqué à La Maroquinerie et quelques jours après sa performance au désormais culte festival Groezrock, la formation punk se retrouve une nouvelle fois dans la belle capitale française pour défendre les mélodies de “Transgender Dysphoria Blues”, album sorti en 2014. Et malgré nos doutes sur le bon déroulement de la soirée vu le temps, le dimanche soir et les gueules de bois post-festival belge, c’est avec une agréable surprise que nous nous mêlons à la chaleur humaine de l’ancienne Gare De Charonne, dans laquelle les idéaux et les pensées sont mis de côté pour quelques heures.

En opening ce dimanche soir, pas de groupe français, mais bien une entité issue de l’autre côté de la Manche. Et plus précisément de Bristol, là où CAVES a fait ses premiers pas. Trio punk légèrement barré avec à sa tête une demoiselle répondant au doux nom de Lou Hanman, les Anglais font instinctivement preuve de répartie, accompagnés par des titres forts et entraînants. Un véritable délice pour les fans du genre classique et de son aspect parfois brouillon et virevoltant : un batteur limité avec ses structures redondantes de batterie, un bassiste qui distord le son de son instrument tout en chantant accompagné par sa crinière et une guitariste-chanteuse s’amusant du mieux qu’elle puisse à varier solo et powerchords. Le tout, avec quelques cris ne laissant pas toujours paraître les paroles. Bref, du punk loin de toute excentricité, qui se digère fort bien une bière à la main.

 

 

Changement de plateau, changement de têtes d’amplis et léger accordage : voilà ce que nous offre au premier coup d’oeil ROGER HARVEY et ses compagnons. Puis, à l’heure où les lumières s’éteignent et l’attention est de rigueur, l’Américain commence ce qui sera plus tard une aventure pleine et passionnante. Sous sa jeune fougue et sa forte ressemblance à Laura Jane époque “Tom” se cache un jeune musicien à la voix claire, délivrant des chansons elles aussi propres et efficaces. A l’opposé des Britanniques, Roger Harvey ne représente non pas la force du genre punk, mais incarne son idée essentielle : celle de faire passer des messages à travers la musique. Et à l’écoute de “City Deer” en live, justement réalisé par le trio de camarades, l’envie de se laisser transporter est forte et le set paraît court. On s’habitue vite au côté mélodique et si complet de la formation. Une douceur entre deux tempêtes de distorsion qui fait son effet !

 

 

En attendant le nouveau roulement de scénographie, les cigarettes se consument dehors et le public se rassemble de plus en plus nombreux autour de l’estrade. La pluie et le froid ne seront donc, pas ce soir, facteurs de salle fantôme, ni facteurs d’audimat plus conséquent pour la télévision française. Enfin, peu avant 21h30, l’obscurité refait surface, synonyme de l’arrivée imminente du quatuor originaire de Floride. AGAINST ME! soutenu par Laura Jane Grace débarque en file indienne, sous les applaudissements. On se rappelle de la dernière fois où la chanteuse semblait vouloir se justifier de ses choix. C’est aujourd’hui sûre d’elle que la rockeuse ouvre le bal sur l’air du célèbre “I Was A Teenage Anarchist”. Hymne à la bêtise repris en choeur sans hésitation par les aficionados, le combo punk ne perd pas de son temps à se présenter et enchaîne mécaniquement son melting-pot de titres récents et anciens, durant lequel se lient les jeunes “True Trans Soul Rebel”, “FuckMyLife666” et “Transgender Dysphoria Blues” aux plus mythiques “Cliché Guevara”, “Dead Friend” et autres “Don’t Lose Touch”. Bien plus confiante mais surtout moins confidente sur son changement de sexe, la leadeuse et ses amis rigolent des folies de la fosse. Certaines personnes présentes s’amusent même à venir voler le micro sur “Pints Of Guinness Make You Strong” et à réclamer des câlins sur “Walking Is Still Honest”. Un côté bon enfant qui ne manquera pas de laisser place aux pogos lorsque raison il y a. D’un point de vue général, l’ambiance est telle qu’Atom Willard, le batteur, finira par changer en direct sa cymbale crash, victime de coups et blessures. Et même quand l’électrique laisse place à l’acoustique, le niveau ne redescend que très peu pour vite ramener l’âme punk au centre du débat. Puis, dans un dernier sprint final lancé par le sombre “Black Me Out”, une cover de The Remplacements fait son apparition, avant de finir en apothéose par “Sink Florida, Sink” et ses “oh oh”, sans conteste les plus forts.

 

 

Quel plaisir de pouvoir voir et sentir une personne bien dans son corps, sur scène, en train de faire ce qui lui plait le plus au monde : jouer de la musique. Laura Jane Grace est un exemple pour beaucoup et la tolérance des musiciens avec elle se doit d’être une source d’inspiration pour les générations à venir. En ce qui concerne la soirée, en somme, deux belles découvertes totalement différentes, qui plairont aux fans de gros son et de mélodies recherchées.

Setlist :

I Was A Teenage Anarchist
True Trans Soul Rebel 
12:03
Cliché Guevara
Pints Of Guinness Make You Strong
White People For Peace 
Walking Is Still Honest 
Those Anarcho Punks Are Mysterious…
Drinking With the Jocks 
FuckMyLife666 
Don’t Lose Touch 
Unconditional Love 
Dead Friend 
The Ocean 
T.S.R. (This Shit Rules) 
Transgender Dysphoria Blues 
How Low
Thrash Unreal 
Turn Those Clapping Hands Into Angry Balled Fists 
Black Me Out
—-
Androgynous
Sink, Florida, Sink