You Plus Me – rose ave.

Lorsque nous pensons à P!nk, la première image qui nous vient à l’esprit, c’est celle d’une petite blonde punk déjantée. Pourtant, dans cette nouvelle formation qu’est You+Me, il n’est absolument pas question de ça. Sa rencontre avec Dallas Green, précédemment dans le groupe canadien hardcore Alexisonfire, a donné de nouvelles couleurs à la chanteuse. Cette rencontre improbable entre deux univers a fait naître un mélange country folk, intitulé “rose ave.”, paru le 13 octobre dernier. Une sortie qu’il n’était possible d’attendre ni de l’une, ni de l’autre.

Dans cet album, enregistré en huit jours seulement, et aux airs parfois de démo, le duo tient son pari fou, et le fait avec brio. Si leur passé musical n’était pas connu, il serait possible de croire à une nouvelle formation, dont la destinée musicale s’est toujours dessinée dans cette perspective. Les voix sont harmonieuses et se marient avec élégance, comme dans “Unbeliever” ou encore “You And Me”. Lorsque la voix d’Alecia Moore prend le dessus, celle de Green constitue comme le voile qui met en lumière, et donne de la consistance à la piste. Cette réalisation semble être l’enregistrement d’une complicité, de deux amis de longue date, qui entrent en studio afin de graver cette partie de leur vie. Ils semblent réellement vivre cette complémentarité musicale depuis des années, et cela s’imagine en particulier lors de l’écoute de “Love Gone Wrong”, par exemple : un échange, ou plutôt un dialogue, une réponse de l’un à l’autre, qui nous ferait presque imaginer les deux musiciens sur scène. La reprise de “No Ordinary Love”, quant à elle, conclut l’opus dans un moment de magie. Moore et Green métamorphosent la chanson, lui donnent une autre teinte, une nouvelle chaleur, et démontrent les potentialités de cette nouvelle formation.

Mais malgré le professionnalisme des deux artistes, et l’aspect irréprochable des compositions, du fait qu’ils aient réussi dans un genre qui ne leur correspondait pas, cet essai ne marquera sans doute pas beaucoup les esprits. La poésie, la délicatesse, les couleurs estivales de “rose ave.” lui confèrent un aspect plus délicieux, mais la dégustation dépassera difficilement les trente-six petites minutes d’écoute. Chaque chanson est appréciable, mais aucune ne transmet de passion communicable, au point de la garder en tête toute la journée. Ce n’est pas un disque qui semble avoir quelque chose à prouver, à accrocher, puisque d’une certaine manière, malgré ce renversement soudain, les compères ont déjà leur place dans le milieu, et savent comment les choses fonctionnent.