Chroniques

Thirty Seconds To Mars – Love Lust Faith + Dreams

Près de trois ans et demi après “This Is War”, le trio américain rock alternatif signe un retour en grande pompe avec “Love Lust Faith + Dreams”, un opus encore plus ambitieux que son prédécesseur. Alors que son célèbre leader Jared Leto présente ce nouvel effort comme annonciateur d’une toute nouvelle ère pour la formation, à quoi peut donc s’attendre concrètement l’Echelon ? C’est ce que nous allons tenter d’élucider.

Jared Leto vise haut, toujours plus haut. Littéralement. En témoigne la récente lubie de la tête pensante du trio, celle d’envoyer le premier single “Up In The Air” dans l’espace. Au delà du clin d’œil au nom du groupe, au titre même du morceau, avouons qu’on cherche encore l’utilité du geste, hormis le gros coup de pub qu’il représente pour Thirty Seconds To Mars. Voilà peut-être pourquoi nous n’avons pas été surpris à la première écoute de ce nouvel opus d’y déceler immédiatement une volonté de faire les choses en très grand, de produire une pièce pour laquelle le qualificatif “épique” semblerait trop faible. “Stratosphérique” conviendrait effectivement mieux. Cela se ressent dès l’introductif “Birth”, amorcé à coups de tambours et porté par un son de trompette aussi sombre qu’imposant, de quoi faire rapidement monter la pression autant que l’excitation. Mais cette quête du magistral s’ancre dans tous les aspects de l’album, depuis certains morceaux (“Conquistador”, “Pyres Of Varanasi”, “Do Or Die”), en passant par des paroles dans un esprit souvent très combatif (“This is a fight to the death, our holy war”), jusqu’à l’emploi massif des tambours et des cordes, atteignant un point culminant dans l’instrumental “Pyres Of Varanasi”, sorte d’échappée de Leto vers le registre de la B.O. de film à la Hans Zimmer, la touche électro en plus. Avec tout cela, le souci est que l’on se demande si le frontman n’en fait pas un peu trop, tombant dans la démesure en voulant atteindre des sommets. Car, il faut bien l’avouer, bien que l’ensemble soit relativement court (douze pistes pour moins de quarante-cinq minutes), le tout est finalement assez lourd à digérer. Pour autant, cela ne veut pas dire que “Love Lust Faith + Dreams” ne s’apprécie pas. Bien au contraire, le disque fourmille de bonnes idées, de trouvailles aussi inattendues qu’efficaces, qui témoignent que le leader n’a rien perdu de son génie d’écriture. L’effort bénéficie en plus d’une vraie richesse instrumentale, qui fait qu’après plusieurs écoutes, on découvre encore des choses auxquelles on n’avait pas prêté attention jusque-là. Du côté des paroles, on retrouve les thèmes favoris de l’artiste : quête de soi, foi, conflit, sexe… En revanche, point (ou très peu) de cris dans le chant, les nostalgiques d’un Jared plus criard s’en retourneront donc à l’ancien “A Beautiful Lie” (2005). Si l’on ne saurait parler d’un changement radical dans le son du groupe, il y a bel et bien une évolution de ce dernier vers l’électro, un tournant déjà bien entraperçu à la sortie du single “Up In The Air”, qui est un peu le “Closer To The Edge” de la galette. Si ce choix a pu en décevoir certains, il est important de remarquer que cette orientation porte néanmoins indéniablement la pâte du trio, et s’apprivoise au fil des écoutes. Par ailleurs, la production de l’album, toujours assurée par Steve Lillywhite, est excellente. Tellement raffinée que, paradoxalement, on peut en regretter l’aspect très calculé, ne laissant rien au hasard. En ressort nécessairement une certaine froideur, un petit côté impersonnel heureusement contré dans des morceaux tels que “City Of Angels” ou bien l’intimiste “End Of All Days”, sublime ballade au piano, pour peu que l’on ne soit pas rebuté par son message de foi. Omission faite de “Convergence”, sorte de transition portée par un xylophone, composée par Shannon Leto (batterie) et dont l’intérêt est franchement limité, il n’y a finalement pas grand-chose à jeter dans ce nouvel opus de Mars, qui brille notamment à travers des titres comme “Conquistador”, le troublant “Pyres Of Varanasi” ou bien encore “Northern Lights” qui s’inscrit dans la continuité de “Birth” par son ambiance lourde et mystique. Tout prend fin avec “Depuis Le Début”, bizarre mix entre acoustique, instrumental électro dramatique et mélodie du “Lac Des Cygnes” façon boîte à musique. De quoi étonner jusqu’au bout.

Comme à leur habitude, les hommes de Mars ont tout fait pour s’assurer que ce “Love Lust Faith + Dreams” laisse sa trace. Et l’on ne peut pas dire que ce ne soit pas réussi de ce point de vue au moins, tant l’album fait réagir par son ambition affirmée et sa volonté de toujours surprendre. Que l’on aime ou pas, force est d’admettre que la mission est accomplie.

Informations

Label : Universal Music / Mercury
Date de sortie : 20/05/2013
Site web : www.thirtysecondstomars.com

Notre sélection

  • Conquistador
  • Pyres Of Varanasi
  • Northern Lights

Note RUL

3.5/5

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