Chroniques

The Strypes – Snapshot

The Strypes est un groupe de rock qui a décidé de remettre l’esprit mod au goût du jour. Bourlinguant dans les bars proches de leur ville natale de Cavan, en Irlande, ce jeune quatuor distille, en fervent amoureux du blues, ses influences allant de Dr. Feelgood à The Yarbirds en passant par les artistes du label Chess Records. Le premier EP “Young, Gifted & Blue” (2012) explose dans les charts et restera première vente iTunes (dans leur pays natale) pendant plus de six semaines. Les labels veulent leur part du gâteau, Sir Elton John lui-même désire leur produire un album, mais c’est vers Mercury Records que les kids vont se tourner. C’est ainsi que naquit “Snapshot” avec Chris Thomas à la production (The Beatles, Pink Floyd, The Sex Pistols). De toute façon, les Strypes n’ont même plus besoin de plaire aux chroniqueurs et journalistes puisqu’ils ont déjà l’aval de leurs pairs et comptent Jeff Beck, Paul Weller, Noel Gallagher, Dave Grohl, Roger Daltrey, et Miles Kane parmi leurs fans.

Après un larsen de vingt secondes, le voyage dans les années soixante s’amorcent à grands coups de guitares frénétiques et d’un harmonica déluré. “Mystery Man” ou la rencontre fortuite des Kinks et de Little Walter. Mais The Strypes ne reste pas collé au passé et le prouve en bombardant un blues garage explosive avec “Blue Collar Jane” et joue le grand écart entre les Stone Roses et Queen Of The Stone Age. La force du quatuor est là, le mélange de style, tout en s’accaparant complètement le genre avec une jeunesse fougueuse et impassible. “What The People Don’t See” ira secouer Jagger et Richards, “She’s So Fine” ravivera Big Walter Horton et redonnera sa jeunesse à Chuck Berry, tandis que “Angel Eyes” sera hanté par le plus bluesy des Jimi Hendrix. En fervant fan de Bo Diddley, “I Can Tell” et “You Can’t Judge A Book By The Cover” sonnent tels des hommages à ces vieux standard du blues, un rythme dansant qui sent la gomina et un jeu de six cordes si rapide qu’il lacère la pulpe des doigts. Entre divers hommages, un vieux blues et en groupe de pub irlandais qui se respecte, The Strypes lâche une reprise énervée de Nick Lowe, “Heart Of The City”. Plus récent, le single “What A Shame” révèle le tournant très british que risque de prendre les kids au fil du temps, des grands coups de guitares et une ligne de basse agitée à la manière d’Arctic Monkeys. Penchant de l’autre côté de l’Atlantique période 70’s, “Hometown Girls” balance des riffs acerbes barricadés de murs de guitares et une voix juvénile et transformiste. “Rollin’ & Tumblin'” est à cheval entre “Little Queenie” de Chuck Berry, “Route 66” de The Rolling Stones avec un tempo accéléré jusqu’à la rupture. La batterie presse le pas, l’harmonica hurle de plaisir et la guitare s’enivre d’une surenchère de gimmicks blues abrasifs.  

The Strypes joue sur l’instantané, le fougueux. La jeunesse, jumelée à la connaissance musicale et à la technique, font de ces jeunes irlandais une rock machine dont le seul but et de vous faire remuer jusqu’à la crise cardiaque. Chaque piste semble se déplacer à un million de kilomètre à l’heure, avec des arrangements et des structures tendues qui accentuent cette impression. Il n’est pas risqué d’affirmer que The Strypes est le nouveau combo à suivre. Avec une telle énergie contagieuse et ces paroles qui capturent les thèmes intemporels de la jeunesse, les ventes de guitares et d’harmonica ont de beaux jours devant eux. En toute logique, The Strypes assurera la première partie des Arctic Monkeys, les 7 et 8 novembre 2013 au Zenith De Paris. Une bonne occasion de voir ces jeunes fauves se déchainer.

Informations

Label : Universal Music / Mercury
Date de sortie : 09/09/2013
Site web : thestrypes.com

Notre sélection

  • She's So Fine
  • Angel Eyes
  • Rollin' & Tumblin'

Note RUL

4/5

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