Chroniques

Shining – International Blackjazz Society

Les Norvégiens de Shining nous offrent avec “International Blackjazz Society” un opus on-ne-peut-plus surprenant, pour ceux qui ne sont pas accoutumés à leurs travaux, et ignorent donc l’existence de “Blackjazz” (2010) ou encore “One One One” (2013), mêlant jazz et metal.

Le groupe a commencé en tant que formation de jazz, avant de se lancer dans le metal plus récemment. Sur cet effort, les riffs et la batterie, soutenus par un chant égosillé, à vif, sont accompagnés de saxophone, tantôt délicat, tantôt violent et déstructuré. Le résultat flirte avec un son garage, industriel, cru, mais étonnamment cohérent malgré une première apparence assez déroutante et expérimentale. Les rythmes se bousculent, les sons se chevauchent, se surprennent, se fuient, se heurtent, et rien n’est en soi prévisible sur cet album. “House Of Warship” en est le parfait exemple, parmi d’autres puisque ce dernier s’ouvre sur une ligne de saxophone totalement déstructurée, après une fin instrumentale assez spéciale sur “Thousand Eyes”. Pour autant, ce chaos primaire semble cacher une cohérence interne, puisque les pistes ne jurent pas les unes par rapport aux autres, bien au contraire. “House Of Warship” et “House Of Control”, par exemple, se suivent comme si elles n’étaient qu’une seule et même composition.

En réalité, Shining a quelque chose de brillant, et de dément à la fois. Alors même qu’il semble faire n’importe quoi, le résultat est prenant, hypnotisant, et il est difficile de s’en défaire sur l’instant, tant le travail est fascinant. La violence des pistes est incroyablement bien canalisée dans la performance technique des musiciens, qui savent simuler le chaos là où il y a de l’ordre, avec brio. A certains moments, l’on ne sait plus où donner de la tête, comme pris dans le tourbillon des riffs et cris, et pourtant il reste toujours un élément qui nous tient sur terre, un peu comme la toupie de “Inception”. Shining a des allures de délire, de divagation, et pourtant avec un son pareil, cela ne fait aucun doute qu’ils ont les pieds bien plus ancrés dans l’authenticité que beaucoup d’autres groupes : il s’agit de ne pas se conformer, et de faire triompher l’innovation et le talent, plutôt que de plaire à tout prix. Que l’on aime ou pas, les Norvégiens nous en mettent plein les oreilles, et démontrent une nouvelle fois que la musique ne connaît aucunes limites, mais que des potentialités.

Finalement, Shining ne ressemble pas à rien. Mais plutôt à rien d’autre. Cet effort est un énième essai de Shining pour ceux qui connaissent déjà son style, mais il est un excellent coup de pied dans les habitudes musicales de ceux qui le découvrent, et un parfait remontant pour quiconque écoute cet effort. Shining est brillant, et son nom lui va si bien.

Informations

Label : Spinefarm Records
Date de sortie : 23/10/2015
Site web : www.shining.no

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Note RUL

3.5/5

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