Shinedown – Amaryllis

Quatre ans après “The Sound Of Madness” qui avait rencontré un fort succès commercial, le quartette rock de Jacksonville remet le couvert avec le tout nouveau “Amaryllis”. Début janvier, le groupe avait annoncé la sortie de l’album en livrant déjà un premier single, “Bully”, qui n’avait pas manqué d’alimenter les craintes des fans de voir leur groupe favori poursuivre sur la lancée du précédent, au risque de tomber dans le rock mainstream façon Nickelback. Le verdict peut désormais tomber.

Si, comme le disait Brent Smith pendant l’enregistrement de “Amaryllis”, l’opus révèle ce qu’est vraiment Shinedown et la direction dans laquelle l’ensemble se dirige, disons le carrément, on s’inquiète de ce que le groupe nous réserve pour le futur. Car effectivement, les craintes suscitées par l’efficace mais néanmoins archi prévisible et convenu “Bully” sont confirmées : avec cet effort, le quatuor floridien vise bel et bien le jackpot commercial. D’accord, le groupe n’a jamais vraiment été du genre à évoluer dans l’ombre, parmi des petits cercles d’amateurs avertis, mais tout de même, on espérait, sans doute un peu naïvement, un retour à un son un peu plus authentique. Attention, ça ne signifie pas que tout est mauvais sur ce nouveau disque, et en vérité, ça démarre même assez bien avec le rugissant “Adrenaline”, qui donne un bon coup de fouet à l’auditeur avec ses riffs endiablés et sa rythmique puissante. Le son est lourd, la voix du frontman est toujours aussi impressionnante, bref, ça nous met en appétit. Vient ensuite le fameux “Bully”, qui reprend le thème surexploité du harcèlement à l’école, un hit à la recette savamment élaborée mais un peu trop évidente, combinant martèlement des paroles, refrain entêtant et chœurs d’enfants pour un final épique. Jusqu’ici encore, ça passe, mais les choses se corsent avec “Amaryllis” et surtout “Unity”, deuxième single de l’album, qui fait frémir par sa platitude et la naïveté de ses paroles. On est pas loin du message de paix universelle, et avec un refrain qui commence par “Put your hands in the air…”, on a juste du mal à ne pas sourire. Avec un titre comme “Enemies”, on s’attend à un peu plus de colère et de sincérité, mais là encore le résultat n’est qu’à moitié satisfaisant. Il y a du bon, avec un tempo rapide, des guitares toujours excellentes et un phrasé plus marqué, mais le son gagnerait à être plus brut, moins poli. De ce point de vue, on pourra se tourner vers “Nowhere Kids”, plus direct et spontané, avec en prime un coté industriel assez plaisant. “I’m Not Alright” ne se distingue que par son ambiance un peu curieuse et son instrumentation riche. En fait, c’est à cause de morceaux comme “Miracle” que la galette perd vraiment en qualité : s’il n’y avait pas la voix de Brent, on pourrait facilement croire qu’il a été écrit pour un boys band. Quant à “I’ll Follow You”, si on peut imaginer son potentiel émotion joué sur scène en piano-voix tel quel, il nous laisse relativement de marbre. “For My Sake” n’est pas désagréable à écouter, mais on a un peu l’impression d’avoir déjà entendu ça des centaines des fois, on sent que Shinedown ne prend pas de risque. “My Name (Wearing Me Out)” apporte justement un semblant de variété avec des sonorités indiennes, mais on aurait aimé les voir plus mises en avant par la formation, qui ne va pas au bout des choses et revient vite à ce qu’elle sait faire de mieux, son habituel son lourd et percutant. “Through The Ghost” apporte une conclusion intéressante, ponctuée de carillons, de violons et de grosses percussions, à cet album en demi-teinte.

Avec “Amaryllis”, admettons simplement que le quatuor américain a opté pour la facilité, empruntant la route toute tracée par son prédécesseur “The Sound Of Madness” (2008). Quelques titres ressortent, et les fans les plus tenaces trouveront certainement de quoi faire leur bonheur dans cette nouvelle galette, mais on aurait aimé que Shinedown nous surprenne un peu, et de ce coté là, c’est raté. Peut-être la prochaine fois !