Chroniques

Shaka Ponk – The Black Pixel Ape

Début novembre, le groupe de rock déjanté revient avec son nouvel album : “The Black Pixel Ape (Drinking Cigarettes To Take A Break)”. Vous avez l’impression d’avoir déjà entendu cela il y a peu ? Normal, le précédent opus, “The White Pixel Ape (Smoking Isolate To Keep In Shape)“, est sorti il y a à peine six mois. Mais pourquoi sortir un autre disque si tôt ? Et alors, ils ont vraiment viré dark les Shaka ? Voici quelques éléments de réponse.

Ces deux efforts sont issus d’une période assez difficile pour la formation. En 2012, lors d’un concert, Frah qui a l’habitude de sauter dans la foule, s’est explosé le genou et le tibia. Suite à cet accident, la tournée a dû s’arrêter brutalement. Le groupe en fut très affecté. Ce dernier a eu un grand besoin de vider toute cette frustration. C’est alors que Shaka Ponk entra en studio pour composer et ainsi naquit “The Black Pixel Ape”. Puis, le combo s’est octroyé des vacances pour la première fois depuis huit ans. Les Monkeyz en sont revenus reposés, le mental regonflé à bloc. Les nouveaux morceaux sonnent alors différemment, plus lumineux. Ainsi naquit “The White Pixel Ape”. A la première écoute de ce nouvel essai, une impression de confusion voir de déjà entendu subsiste. Comme si le groupe avait été pressé de se libérer de ses démons. Certains titres manquent d’audace et d’originalité et se font vite oublier (“Happy Ape Rodeo”, “4Xget”). Par ailleurs, à force de vouloir toujours innover et délirer, Shaka se perd un peu dans certaines compositions. “Mocks The Party” constitue un melting pot de trop de sons, où une P!nk (“Let’s Get The Party Started)” sous acide, chanterait avec Eminem au son du pipeau sur des rythmes électro/rap/pop. Et puis Ils vont même jusqu’à pomper un de leur propre sample. “Time Has Come” ressemble étrangement à “My Name Is Stain”, du très bon “The Geeks And The Jerkin’ Socks” (2011). Cet album vaut tout de même la peine de s’y attarder, car les Shaka ont plus d’une surprise dans leur sac. La première, c’est le grand retour des guitares et d’un son plus rock. Rien de telle qu’un bon riff à la six cordes pour exprimer sa rage et frustration, non ? C’est même le retour des solos de CC, le talentueux guitariste du gang. Quelques titres sortent alors du lot. Pour bien commencer, la chanson d’ouverture “On The Ro’” évoquant l’expérience live et notamment de la mésaventure de Frah : “climbing up groupies and balconies Some may loose virginity, some may loose their knees”. Ce morceau a un délicieux petit goût de Guns N’ Roses période “Appetite For Destruction” (1987). Comme d’autres d’ailleurs (“Yell”, “Frah Dog”). Et le “just take me down until the paradise kill it […] The grass is green when the girl shakes pretty” entendu dans “The Way Out” ne serait-il pas une référence à “take me down to the paradise city where the grass is green and the girls are pretty” ? Et puis au milieu de tout ce son saturé, un ovni. “The Shell Maid Freak” nous emporte dans une petite ballade qui nous invite à siffloter sur un texte parlant de la perte de virginité (forcée ?) : “I’ve lost my skirt on the docks I’ve lost my precious on a shell on the rocks”. Autre petite surprise : les chansons jumelles. Un titre fait écho à “The White Pixel Ape” : “Lucky Boy”. Composition mélancolique, chantée par Sam, la réponse négative au “Lucky G1rl” chanté par Frah. De plus, une énigme s’est glissée dans l’ensemble : le morceau “Kitty Call”. 33 secondes d’un langage très étrange. Il faut l’écouter à l’envers pour obtenir le code qui permet de télécharger le morceau entier. Ils sont joueurs ces Monkeyz. Enfin, si on ne devait retenir qu’une piste, ce serait la dernière : “Morir Cantando” qui n’est autre que la version revisitée par Shaka Ponk du tube de Dalida, “Mourir Sur Scène”. C’est la pépite de cet album. Pas de doute, cette dernière étant incluse dans la setlist des concerts depuis quelques mois déjà.

Shaka Ponk nous offre un opus plus rock que son prédécesseur. On y retrouve tout ce qui a fait leur succès, des textes anglo espagnol, un chant mixte et varié, des refrains entêtants taillés pour le live, le tout bien rythmé et saupoudré de bon gros riffs de guitare. Mais ce “The Black Pixel Ape” est inégal et manque de cohérence. Certains morceaux semblent trop vite balancés afin de combler un vide dû à la tournée annulée. Finalement, en prenant le meilleur du black et du white, Shaka Ponk aurait pu offrir un disque idéal. Après tout, le “Grey” est à la mode, non ?

Informations

Label : Tôt Ou Tard
Date de sortie : 03/11/2014
Site web : www.shakaponk.com

Notre sélection

  • Morir Cantado
  • Frah Dog
  • The Way Out

Note RUL

3/5

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