Chroniques

Rival Sons – Head Down

Qui a dit que le rock n’roll était mort ? Qui a dit que les groupes actuels n’inventaient plus rien ? Coupable ! On l’a dit pendant un temps jusqu’à la découverte de ce groupe venu du pays des cowboys, de la Californie ensoleillée et riche de culture, d’un des berceaux du rock : les Rival Sons. Un quatuor explosif, qui fait sa tambouille dans les règles de l’art. En cinq ans d’existence, ils nous livrent des pépites intitulées “Before The Fire” (2009), “Pressure & Time” (2011) et il y a peu “Head Down”. Opus composé et enregistré, comme à leur habitude, en quelques dizaines de jours directement en studio à Nashville, Tennessee. Rentrons dans le vif du sujet.

“Head Down” s’ouvre sur “Keep On Swinging”, un prêche blues fuzzé et syncopé. Une écoute attentive permettra de découvrir pourquoi l’album s’intitule ainsi, en effet la clôture de chaque refrain sonne comme un mantra fédérateur : “keep your head down and keep on swinging.”. Ce qui frappe à la première écoute, c’est la dimension moderne apportée au classic rock une sorte de piqûre de rappel de “Pressure & Time” laissant curieux d’en découvrir la suite. Un feedback démoniaque nous emmène dans sa spirale descendante. On se met à bouger instantanément sur le riff ultra efficace de Scott (guitare), illustrant sur ce morceau l’adage “less is more”. Tous les éléments constructeurs du rock sont là dans leur simplicité tant dans l’écriture que dans la mélodie. Une dimension presque tribale donnée par Michael (batterie) et soutenue par Robin (basse). “Wild Animal” donne envie d’hurler comme un loup un soir de pleine lune. L’euphorie latente se prolonge avec “You Want To” piste bluesy dopée aux meilleures amphétamines qu’aurait pu connaître le swinging London de la fin des 60’s. L’héritage de la British Blues Explosion est notoire sur ce groupe de la cité des anges, cependant ils nous rappellent leurs racines avec le très groovy et dansant “Until the Sun Comes”, hymne au Cali lifestyle. L’origine du rock n’roll est le blues et la black music en général et il faut constamment garder cela en tête lorsque que l’on écoute les Rival Sons. “Run From Revelation”  en détient les éléments. Blues, soul, jazz (sur les lignes de basse), envolées vocales… Track ultra efficace pour les afficionados et séducteur pour les ceux qui découvrent les Rival Sons. Changement de climat avec “Jordan” après toute cette adrénaline mêlée à la testostérone. Une facette de l’étendue vocale de Jay que nous avions pu découvrir avec le single “Face Of Light” sorti il y a quelques mois. Ballade émouvante et pourtant très puissante. Le sens donné au texte permet à tout un chacun d’en donner sa signification intrinsèque. Véritable machine à voyager, “Head Down” nous fait faire un virage plus ternaire et psychédélique. “All the Way” , “The Heist” et “Three Fingers” font office de mini bombes au sein même de l’opus. Trois morceaux bien alignés, qui font remonter la transe calmée par “Jordan”. Avalanches de breaks, de riffs retenus, de ligne de basse super groovy et léchées, chœurs gospel parfois, touché jazzy par moment, et quelle puissance. Une petite pause instrumentale s’opère avec “Nava” qui porte bien son nom, car ce nom issu de l’ancienne langue persique signifie “mélodieux”. Les amoureux des titres qui tiennent en haleine pendant un bon moment et qui se jouent des formats radio vont être ravis. Préparez-vous pour “Manifest Destiny pt.1 & 2” un chapitre majoritairement instrumental découpé en deux parties. Grosse claque sonore. Ces compositions auraient pu très bien sortir de l’esprit tordu et torturé du Fantôme de l’Opéra ou de celui de Syd Barrett lors de ses périodes de fantasmagories psychédéliques (en particulier pour la pt.2). L’album arrive à sa fin sans que l’on ne s’y attende, une guitare acoustique aux notes presque cithare se fait entendre dans une lointaine reverb, s’avance doucement, jusqu’à être rejointe par la voix lyrique de Jay. Chanson d’amour pleine de sentiments et d’espoir. La section mélodique est overdubbé avec des bruits de la nature par moment soulignant la poésie de cette piste. Comme quoi une chanson efficace n’a pas besoin de beaucoup, une guitare, une voix, et un talent.

A part l’envie de remettre “Head Down” en boucle pour le reste de la journée,  Rival Sons a fait un travail remarquable de A à Z. C’est un disque surprenant, méritant de l’attention tant il y a de choses à découvrir et s’adressant à toutes générations. Une chose est sûre il faut aimer le rock n’roll, et avoir une oreille aguerrie. D’aucun diront qu’il sont déçus après “Pressure & Time”, il est vrai que le groupe a évolué depuis. En ce qui nous concerne, ils ont trouvé non pas leur son mais leurs sons. Longue vie au rock et longue vie aux Rival Sons.

Informations

Label : Earache records
Date de sortie : 17/09/2012
Site web : www.rivalsons.com

Notre sélection

  • Wild Animal
  • Jordan
  • Three Fingers

Note RUL

5/5