Chroniques

Pascale Picard – All Things Pass

Pascale Picard. Derrière ce prénom à consonance française, se cache en réalité un petit bout de femme qui nous vient du Québec et qui n’en est pas à son premier effort puisque “All Things Pass” est déjà son troisième album.

Au programme, la Québécoise nous propose une véritable catharsis en musique ou “comment penser positif si votre moitié vous a quitté cet été sur les plages de sable fin alors que vos regards ne faisaient qu’un face au coucher de soleil caressant l’horizon” ? Le programme est varié pour aller de l’avant : ambiance estivale dans un style pop folk rafraichissant avec de superbes chœurs sur l’ouverture “Tomorrow’s Another Day”, atmosphère délibérément hip hop/jazzy sur “Paper Planes” ou encore une guitare électrique qui éclate en sanglots et se déchaine sur la tourmentée “Haunted States” font notamment partie des innombrables moments forts de la galette.

Mais là où la musique de Pascale Picard est puissante, c’est qu’elle profuse des images puissantes dans l’esprit de l’auditeur. On ressent une sorte de folie, entre nonchalance et hyperactivité (“A Dog In The House”), qui libère des énergies positives. Des titres discrets tels que “No War At All” prennent le temps de se déployer et l’on comprend que l’artiste a méticuleusement su articuler chacune de ses chansons entre elles. Les ambiances, ainsi équilibrées, insufflent de la cohérence et du relief à l’ensemble de l’album. En effet, Pascale Picard sait aussi délaisser sa folie pour nuancer son discours. La jeune femme n’oublie pas que l’on parle d’émotions et des émotions, elle sait en véhiculer au travers de quelques ballades qui savent toucher là où ça fait mal : “Sleepwalker” dont les arpèges acoustiques et le piano s’entremêlent à une voix plus douce que l’on imaginerait bien au prochain générique de “Twin Peaks” ou la magnifique clôture “Without You” où l’on sent cette sorte d’atmosphère post nuit blanche dans laquelle une voix aussi fébrile que téméraire affronte tant bien que mal l’aube de ses nouveaux jours. Une troisième ballade intitulée “Hey Tim” rappelle la chanteuse Soko, dont la technique vocale est parfois proche de Pascale Picard. Ce qui est assurément un bon point.

Compositions instrumentalement audacieuses, souplesse vocale indéniable et styles musicaux variés mais toujours cohérents font de ce “All Things Pass” un disque qui prend aux tripes et nous ramène à nos expériences passées. Simple en apparence, cette troisième offrande recèle de détails et possède un côté introspectif même si on aurait aimé encore plus de folie, sentant un potentiel créatif qui n’est peut-être pas toujours exploité à son maximum. La jeune femme a réussi à se guérir, elle et son auditeur par la même occasion. Si votre petit cœur n’était pas brisé, elle aura au moins su vous redonner de l’espoir quant à cette scène pop folk qui stagne et semble marcher à deux vitesses. D’ailleurs, si vous voulez la remercier, la Québécoise sillonnera la France avec une étape le 14 septembre prochain à La Maroquinerie de Paris.

Informations

Label : Dimone Records
Date de sortie : 28/08/2015
Site web : www.pascalepicard.com

Notre sélection

  • Without You
  • Tomorrow’s Another Day
  • Haunted States

Note RUL

4/5