Chroniques

Paramore – Paramore

Voilà enfin le quatrième album du désormais trio Paramore, dont le titre éponyme semble souligner la détermination de la formation d’affirmer son identité après le départ des frères Farro. Un nouvel opus attendu au tournant par les fans, beaucoup ayant été déroutés par la direction électro pop empruntée par le groupe sur les singles “Now” et “Still Into You”. Alors qu’en est-il finalement ? Une chose est sûre, cet album va effectivement en surprendre plus d’un.

Avant de pousser les choses plus loin, précisons que ce “Paramore” doit en fait être compris comme une pièce en quatre actes, ce que va nous faire comprendre la bande de Hayley Williams à travers trois courts interludes, étonnantes parenthèses acoustiques mettant en avant la voix de la chanteuse accompagnée (surprise !) d’un ukulélé. Si, à la première écoute, il faut bien avouer qu’on ne fait pas forcément attention aux démarcations ainsi posées par le power-trio, il deviendra néanmoins rapidement évident que l’ordre des titres du disque a bien là son importance et témoigne d’une vraie progression. La première partie s’ouvre sur un “Fast In My Car” aux sonorités métalliques et à la basse ronronnante qui collent très bien au thème du morceau, une promesse assez alléchante de ce que la galette nous réserve, notamment en matière d’ambiances. Avec le moderne “Now” et surtout le significatif “Grow Up”, la formation nous fait passer un message, d’ailleurs clairement exposé dans “Interlude: Moving On” : elle est prête à mettre le passé derrière elle, à passer à autre chose, un virage qui s’exprime notamment à travers un son effectivement plus électronique, industriel, et plus globalement une réalisation plus poussée que ce à quoi le groupe nous avait habitué. Le deuxième acte, sans doute le plus intéressant, semble être celui de la réinvention, puisque les trois complices se livrent avec un plaisir évident à tout un lot d’expérimentations, se permettant d’élargir considérablement leurs horizons en termes de style et d’atmosphère. Ainsi, avec un “Ain’t It Fun” aux vibrations très électro jazzy, sur lequel des chœurs gospel viennent se mêler harmonieusement à la voix de Hayley, on se dit qu’effectivement on est bien loin du Paramore de “Riot!” (2007). Et comment ne pas réagir en écoutant “Part II”, réinterprétation complète de “Let The Flames Begin” et clin d’œil aux fans, ou bien la semi-ballade “Last Hope”, subtilement dotée d’accents country à travers sa guitare acoustique ? La messe est dite, le groupe semble vraiment prêt à explorer toutes les directions, et l’archi tonique et girly “Still Into You” semble finalement être une des pistes les plus “classiques” de cet opus, en contraste direct avec un “Anklebiters” nerveux, avec guitares distordues et un son sale, presque corrosif au programme. “Interlude: Holiday” invite visiblement l’auditeur à se poser alors un peu et à profiter du moment, ce qu’on lui donne l’occasion de faire avec l’agréable ballade “Hate To See Your Heart Break”, qui permet à Hayley d’explorer un registre vocal un peu plus grave, et “(One Of Those) Crazy Girls”, tout en dualité avec un début très doux au son du ukulélé, rapidement rejoint par un parterre d’instruments et d’effets qui relancent la machine afin d’aborder la dernière partie de l’album, explicitée par “Interlude: I’m Not Angry Anymore”. Ici, le trio semble vouloir nous dire qu’il est prêt à assumer ce qu’il est devenu, confortable avec sa nouvelle identité, ce qui ressort tout particulièrement de “Future”, dernier morceau de la galette avec près de huit minutes au compteur, qui nous offre une plongée fascinante dans l’intimité du combo en studio, sonnant comme une performance prise sur le vif, s’amplifiant à mesure que ses guitares s’alourdissent, et dont l’issue parait incertaine.

C’est là un album étonnant mais convaincant que nous livre Paramore, bénéficiant d’une solide production et d’idées intéressantes. Toutefois, il faudra bien admettre qu’à la longue, les différents interludes auront tendance à lasser plus qu’autre chose, cassant le rythme de l’opus quitte à nous laisser en chemin sur le bord de la route. Pas sûr non plus que sa longueur se justifie complètement, certains morceaux comme “Daydreaming” ou “Proof” s’avérant sympathiques mais pas exactement essentiels.

Informations

Label : Warner Music
Date de sortie : 08/04/2013
Site web : www.paramore.net

Notre sélection

  • Fast In My Car
  • Part II
  • Anklebiters

Note RUL

3.5/5

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