Chroniques

Nothing But Thieves – Nothing But Thieves

Lancé en 2012, le quintette Nothing But Thieves est tout sauf un voleur de mélodies. Porté par la voix significative du chanteur Conor Mason et remarqué par le label RCA Records/Sony, le groupe s’est d’abord fait connaitre du public européen par le biais d’un premier EP “Graveyard Whistling” en 2014 et de nombreuses premières parties de formations talentueuses (Muse, Arcane Fire ou Gerard Way). Aujourd’hui, après avoir balancé avec attention durant les derniers mois quelques singles, la formation révèle enfin en intégralité son premier album éponyme, confirmant son style indie rock à la fois délicat et aiguisé.

Produit par Julian Emery (McFly, Lissie), “Nothing But Thieves” semble se révéler de plusieurs contrées musicales, formant un ensemble à la fois attendu et inattendu. Twin Atlantic, les débuts de Muse, Radiohead ou encore Jack White, les sonorités de ce disque concordent dans la direction d’un rock, certes épuré, mais néanmoins intense et curieux. En termes d’ambiances, les Anglais piochent aussi dans des milieux relativement opposés et éclectiques, entre morceaux efficaces dégainant des guitares distordues taillées pour le live (“Painkiller”, “Ban All The Music”, “Neon Brother” sur la version deluxe) et pistes fricotant avec un univers plus posé, accessible et pop, à l’instar de “Wake Up Call”, “Graveyard Whistling” ou “Honey Whiskey” (également sur la version avancée). Un ensemble qui, sans discontinuer, se mélange et se lie à l’aide de l’élément commun et indémodable de ces douze chansons (seize sur la version deluxe) : la voix tantôt intime, tantôt puissante de Mason qui fait sortir Nothing But Thieves du lot. Comparables aux lignes de chant de Matthew Bellamy, les mélodies vocales s’imposent comme porteur de la touche des Britanniques, sans tomber dans le supplice et l’auto-satisfaction.

Au delà de cette dimension rock à proprement parler, distinguables par les titres précédemment cités, d’autres morceaux et extraits sortent du lot de par une dimension plus honnête, pour ne pas dire “sous-produit”. Drôlement placé dans le tracklisting, “Lover, Please Stay” est sûrement la ballade hybride de ce disque qui laisse sans voix. Privé d’artifice, cette piste se contente d’un trio guitare-basse-voix à la fois charmeur et sans complexe, un point fort pour un premier opus qui, sans tomber dans la surenchère, se contente d’offrir une juste dose d’intégrité. Avec un élan de jeunesse et du bon matériau, qui plus est.

Pour un première fois, les Anglais de Nothing But Thieves peuvent être fiers : vu les différentes comparaisons possibles, le quintette s’impose comme une figure montante de la scène indie rock international, avec un travail consciencieux et juste. Attention cependant à ne pas tomber dans l’excès afin d’offrir au public la bonne dose de sensations et de sentiments, pour un voyage qui s’annonce déjà passionnant.

Informations

Label : RCA Records / Sony
Date de sortie : 16/10/2015
Site web : www.nbthieves.com

Notre sélection

  • Neon Brother
  • Wake Up Call
  • Itch

Note RUL

4/5

Ecouter l’album