Chroniques

Foals – Holy Fire

“Holy Fire” est le troisième album studio du groupe Foals. Les deux précédents opus, “Total Life Forever” (2010) et “Antidotes” (2008) ont installé les petits jeunes d’Oxford, avec facilité, parmi les groupes les plus innovants et intrigants de brit rock de la dernière demi-décennie. Avec un coté groovy pour intello, et une énergie pop 80’s addictive, Foals veut transcender les frontières entre les genres et les générations, tout en gardant sa singularité et surtout, prouver sa grandeur. Une bonne excuse pour s’entourer de Flood et Alan Moulder, producteurs célèbres de très grande instabilité émotive, de Nick Cave, à Depeche Mode en passant par Nine Inch Nails. Depuis leurs débuts dans la punk funk des années 2000, englobés entre LCD Soundsystem et Talking Heads, les petits poulains sont-ils devenus des étalons ?

“Prélude” commence et Foals souffle sur les braises de son “Holy Fire”, avec un synthé aérien stoppé par un riff funky aux teintes metal. “Antidotes”, martelé de riffs rock, groovy et débraillés, accrocheurs et contemporains, le quintette reste dans cette lignée avec un “Inhaler” à l’énergie punk débridée. Le disque démarre réellement avec “My Number” qui allie à la perfection les qualités de “Antidotes” et de “Total Life Forever” : une batterie hypnotique et frénétique moulée dans une production 80’s bouillonnante et entrainante. L’atout indéniable de cet opus est la parfaite alliance, d’une voix et d’un synthé clairs et aériens, et d’une batterie rythmée aux percussions irrésistibles : “Everytime” en est le parfait exemple. “Late Night”, dans la même lignée, ose le crescendo spatiale de guitare claire et la magie d’un Yannis Philippakis intimiste. Foals reste imprégné du son math rock canalisant la nature frénétique et frustrée de cette jeunesse émotive. Dans ce contexte, “Out Of The Woods” chuinte avec profondeur, harmonisé par des cordes orientales et une batterie romantique. “Milk & Black Spiders” emprunte le clavier de Depeche Mode se construisant lentement à partir d’un lit d’harmoniques, piqué par des choeurs agités, qui eux-mêmes seront sublimés par une guitare efficace. Par lente accumulation, le combo livre calmement des barils de nitroglycérine, délicat et instable, il en sera de même pour “Bad Habit”. “Providence” reste de loin le morceau le plus addictif, rythmiquement pugilistique, calfeutré par des guitares lourdes baignées dans les flammes de l’enfer. “Moon” éteint le brasier dans une ambiance nocturne laiteuse à l’atmosphère fragile, à cheval entre Counting Crows et Morcheeba.

Foals livre ici son meilleur album. Savant mélange entre le funk nerveux de “Total Life Forever” et la romantique douceur de “Antidotes”, les britanniques prouvent leur talent. De plus, ils ont bien réussi à digérer et distiller leurs influences en y incorporant ce je ne sais-quoi de punk funk, marque de fabrique du groupe. Maîtres du suspense, presque toutes les chansons s’accompagnent d’un headbang qui induisent des moments d’extase pop aux sonorités new wave hypnotiques. Foals s’installe dans la durée avec irrévérence, s’accaparant un public aussi festif que mélancolique.

Informations

Label : Warner Music
Date de sortie : 11/02/2013
Site web : www.foals.co.uk

Notre sélection

  • Moon
  • Providence
  • Milk & Black Spiders

Note RUL

4/5

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