Chroniques

Enter Shikari – A Flash Flood Of Colour

Déjà presque trois ans depuis l’excellent “Common Dreads”, et bien que les anglais d’Enter Shikari aient tenté de nous faire patienter avec la compilation “Tribalism” sortie en 2010, il était grand temps que le quatuor post hardcore nous apporte un peu de sang neuf. C’est désormais chose faite avec “A Flash Flood Of Colour”, troisième effort du groupe enregistré en Thaïlande sous le label Hopeless Records.

Enter Shikari, c’est avant tout un style assez indescriptible. Mélangeant l’électro/dubstep au punk et même au screamo, inutile de dire que le son du combo est tout à fait unique. Là où on pourrait croire que l’ensemble ne constitue qu’un beau bazar sonore, c’est en réalité face à un chaos organisé, et même parfaitement maitrisé que l’on se trouve. C’est là tout le génie des quatre garçons de St Albans. Mais au bout de trois albums dans cette veine, on est en droit de se demander si la recette fait toujours effet. Et bien oui, sans conteste. On pourrait regretter que la formation ne tente pas de nouvelles choses, mais en réalité on serait probablement déçus de la voir se détourner de ce style si personnel qui est le sien. C’est donc avec bonheur qu’on retrouve le son du quatuor sur l’intro “System…” complétée par “…Meltdown”, belle entrée en matière qui nous plonge dans une ambiance presque extraterrestre avec ses voix déformées et ses nappes électro distordues. On constate au passage que le frontman est toujours aussi à l’aise dans l’alternance du texte déclamé façon rap, des screams et du chant plus classique. Suit l’excellent “Sssnakepit”, premier single du disque, hymne à la fête qui incite à mettre de coté ses problèmes, et à vrai dire, on trouvera difficilement plus efficace pour se défouler après une journée stressante. Sur la ballade intimiste “Stalemate”, Rou Reynolds opte pour un chant posé, revenant sur des sujets d’actualité, notamment celui de la guerre en Afghanistan. Le titre, chargé d’une certaine émotion, sans toutefois tomber dans le larmoyant, sonne tout simplement juste. “Arguing With Thermometers”, peut être un des morceaux les plus énervés de la galette, aborde avec lucidité le sujet de la fonte des glaces, en lien avec la recherche du pétrole. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’Enter Shikari a l’art de faire passer ses messages. Même constat avec “Ghandi Mate, Ghandi”, véritable diamant brut de cet opus, clairement pas l’un des morceaux les plus accessibles pour qui découvrirait le groupe, mais vraie belle réussite de par sa structure complexe autant que de par son texte dénonçant les failles de la société capitaliste. “Hello Tyrannosaurus, Meet Tyrannicide”, qui met particulièrement en avant les guitares, frappe par son ambiance atmosphérique. “Constellations”, enfin, se propose d’insuffler un petit message d’espoir, évoquant la possibilité d’un avenir pas si noir. Avec sa montée en puissance instrumentale, c’est en soit un joli morceau de clôture que nous livre le quatuor, même s’il s’agit peut-être finalement du moins risqué et du plus naïf.

“A Flash Flood Of Colour” ne manquera donc pas de venir combler les plus hautes attentes des fans des britanniques, même s’il est certain qu’on aurait apprécié quelques titres supplémentaires (il n’y en a que onze), depuis le temps qu’on attendait ce nouvel opus. Probablement déjà l’un des meilleurs albums de cette année 2012.

Informations

Label : Hopeless Records
Date de sortie : 16/01/2012
Site web : www.entershikari.com

Notre sélection

  • Sssnakepit
  • Ghandi Mate, Ghandi
  • Hello Tyrannosaurus, Meet Tyrannicide

Note RUL

4/5