Chroniques

Death Cab For Cutie – Kintsugi

Cela faisait quatre ans que la bande de Ben Gibbard n’avait pas sorti un disque sous l’étiquette “Death Cab For Cutie”. Quelques années de vide qui ont permis au chanteur de la formation de se concentrer sur son projet solo avec “Former Lives” en 2011, mais également sur The Postal Service, pour les dix ans de l’album “Give Up”. Ceci-dit, comme on aime le crier en France à tue-tête : après la pluie vient le beau temps et le beau temps à Paris (bien qu’il ne soit en ce moment qu’omni-présent) rime avec “Kintsugi”, le titre du huitième essai des Américains. Une galette qui marque la fin de la collaboration du groupe avec Chris Walla, guitariste et producteur fondateur de Death Cab, à la volonté de ce dernier.

Autant vous rassurer tout de suite, malgré le départ de Walla du line up, la touche DCFC n’est pas partie pour autant. Surtout que le membre originel est resté planté en studio pour accompagner le désormais trio dans le bon déroulement de la nouvelle galette, aux côtés du producteur Rich Costey (Frank Turner, Jane’s Addiction). Un format onze pistes qui trouvera une place certaine dans le coeur des fans de rock indé mélancolique agrémenté de touches pop. “No Room In Frame”, la piste d’ouverture, en est le parfait exemple avec son refrain radiophonique et sa batterie accessible. L’ensemble “Kintsugi” dégage une justesse et une simplicité qui ne situent pas les musiciens dans une case technique élevée mais, au contraire, dans un milieu plus sensationnel, taillé pour le live. Un lieu où tout semble juste et envoûtant, où l’évidence laisse place à la surprise, où l’on passe sans peur de “The Ghosts Of Beverly Drive”, au final électrique, à la ballade acoustique “Hold No Guns” par l’intermédiaire de la voix de Ben Gibbard. Il est vrai que le chant simple et charismatique du leader est au centre de l’empire et rattache ces douces mélodies à l’esprit de la formation. Mais il n’empêche que Death Cab, avec cet essai dont le nom fait référence à une forme de réparation japonaise, s’affiche plus dans la retenue que dans le démonstratif et n’ose pas s’évader dans des riffs de guitare significatifs d’un rock classique. A l’inverse, les membres dispersent à petit dose quelques gimmicks, comme pour “Everything’s A Ceiling” ou “Good Help (Is So Hard To Find)”. Le côté dansant de ce morceau peut, d’ailleurs, justifier un manque de possibilité d’évasion, sans pour autant en ôter l’impression. Ainsi, sur la quasi totalité des pistes, le synthé, la guitare acoustique et le piano portent la responsabilité de combler le manque à gagner du départ de Walla et dirigent la trame, tout en laissant la magie opérer. Il est sûr qu’après bientôt vingt ans de carrière, les amis sont devenus maîtres dans l’art de manier leurs sons. Sauf, peut-être, avec la survitaminée et intrigante “El Dorado” ?

Très peu de fausses notes pour “Kintsugi” et Death Cab For Cutie qui s’évasent avec brio dans le monde de la ballade et du conte. A l’écoute des quelques vocalises de Gibbard, l’évidence est qu’il ne faut pas avoir une forte, haute et puissante voix pour réussir quelque chose d’admirable dans la musique. Maintenant, l’unique tâche qu’il reste à accomplir à l’équipe est de lier sans encombre ces nouvelles chansons à la pêche des anciennes. Et cela, nous le verrons très bientôt au Bataclan.

Informations

Label : Warner Music
Date de sortie : 30/03/2015
Site web : deathcabforcutie.com

Notre sélection

  • No Room In Frame
  • Little Wanderer
  • Good Help (Is So Hard To Find)

Note RUL

4.5/5

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