Chroniques

All That Remains – The Order Of Things

All That Remains revient avec une nouvelle réalisation intitulée “The Order Of Things” distribué sous le label Razor & Tie. Après quatre albums réalisés sous la coupe de Adam D. (Killswitch Engage), le groupe se livre à Josh Wilbur (Lamb Of God, Gojira) pour apporter un peu d’air frais à sa production, mais peut-être un peu trop ? A vous d’en juger.

S’il est possible de constater dès les premières notes que nous sommes loin de travaux tels que “The Fall Of Ideals” (2006) et de leurs débuts, “The Order Of Things” est dans la parfaite lignée de “A War You Cannot Win” (2012). Les garçons ont laissé tomber les growls, à part dans quelques pistes telles que “No Knock”, “Tru-Kvlt-Metal”, ou encore “Pernicious”, pour un hardcore mélodique plus vraiment hardcore, parfois à la limite du mièvre. Le guitariste Mike Martin, interviewé en janvier dernier par “Cryptic Rock” avait justifié ce choix en disant qu’ils avaient “toujours voulu essayer différentes sortes de metal, que ce soient des ballades, des chansons plus rapides, ou encore du death metal. [Qu’ils avaient] été capables de faire tous ces types de chansons. [Qu’ils l’avaient] toujours fait quelque soient les répercutions, parce que les gens formuleront toujours des reproches dans tous les cas”. De plus, cette décision peut se comprendre par le thème même de l’opus. En effet, celui-ci est beaucoup plus positif dans ses paroles que leurs anciennes productions. Le constat a été fait par le groupe que “la survie requiert la réaction”. Mais avant tout que “de nombreux facteurs échappent à notre contrôle”. Le thème de cet album est donc la réponse, les réactions à avoir face à ces forces extérieurs, pour survivre malgré tout, à l’instar des propos de Mike au sujet des critiques que l’on peut formuler sur leurs paris musicaux. Le vocaliste ajoute à ce propos que nous avons à nous adapter au monde autour de nous, afin d’adapter notre perspective sur les choses, car “nous ne pouvons pas vraiment contrôler ce qui se passe dans nos vies, mais seulement nos réactions. [Lui-même a] acquis une grande quantité de paix en acceptant cette vérité”. Il s’agit donc de contrôler ses émotions face au départ de quelqu’un (“This Probably Won’t End Well”), de choisir soi-même sa propre voie sans se laisser contrôler (“Tru-Kvlt-Metal”). Cette dernière met d’ailleurs en lumière le problème majeur de cet effort qui n’est ni la direction musicale du groupe, ni même le message qu’ils font passer, mais bel et bien la façon dont cela est fait : ils parlent de non-conformisme sur des rythmes convenus et attendus. Le disque est construit de façon à être efficace avant tout, par des bridge répétitifs, des refrains faciles, et les chansons ne se démarquent pas réellement. Prises individuellement, elles sont toutes accrocheuses et certaines restent en tête toute la journée, mais le tout pris comme un ensemble reste cependant fade, et capte difficilement l’attention sur la durée. A force de se battre contre l’extérieur, le combo a oublié de surprendre pour gagner le combat. Ils ont défendu plutôt que combattu, et c’est dommage lorsque l’on sait ce dont ils sont capables.

“The Order Of Things” nous laisse un peu sur notre faim, sur un goût amer et nostalgiques des débuts. All That Remains est capable de beaucoup mieux, et choisit cependant la formule facile, qui conviendra peut-être aux oreilles de passage, mais sûrement pas aux plus grands fans du groupe, qui nous a habitué à mieux. Si Philip Labonte est connu pour être fan de Justin Timberlake, Taylor Swift, Carly Rae Jepsen, et autres musiques commerciales, il semble malheureusement avoir oublié ses racines de Cannibal Corpse, ou Pantera qui, loin de convenir davantage à sa vocation musicale, semblent porter une authenticité que la formation a semble-t-elle perdu en même temps que la particule “hardcore” de son genre musical. Mais comme l’a confié Mike, cet opus n’est pas forcément représentatif des futurs gros projets de ATR, il est un tout de ce qu’ils ont voulu faire à ce moment. A voir si, une fois les forces extérieures combattues, la vitalité intérieure sera de retour.

Informations

Label : Razor & Tie
Date de sortie : 23/02/2015
Site web : www.allthatremainsonline.com

Notre sélection

  • This Probably Won’t End Well
  • No Knock
  • For You

Note RUL

3/5

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